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La construction identitaire d’un espace urbain

Publié le 27 février 2008 par Frednetick

Je le reconnais, le thème est relativement éloigné de ma prose habituelle, et pourtant.

Les opérations de requalification urbaine sont décidées par des élus, mises en oeuvre par des fonctionnaires territoriaux qui parfois jouent aussi le rôle d’impulseur, et modifient parfois profondément le sentiment d’appartenance des citoyens à leur espace public. Cette problématique, actuelle, est au coeur de la réflexion politique de proximité, car donner un sens à l’espace public c’est aussi inscrire ses habitants dans un environnement particulier.

Une espèce de Simcity communal en quelque sorte.

Se précipiter sur la suite (mais sans quitter cette page !)

A l’occasion des nécessaires opérations de rehabilitation urbaine, la démarche des élus communaux n’est pas seulement celle de la prolongation de la durée de vie d’un patrimoine. Elle intègre aussi un aspect identitaire fort, de plus en plus prégnant, surtout dans les communes rur-baines.

“Toute société localisée s’efforce d’ancrer son rapport spatial dans la longue durée, réelle ou mythifiée », et, pour ce faire, elle « mobilise des éléments forts variés qu’elle érige en valeurs patrimoniales” G.Di Méo

 Si cette inscription est parfois naturelle, elle est parfois instrumentalisée. La réhabilitation urbaine participe de ce mouvement, nouveau, novateur en modifiant de façon sensible la méthode traditionnelle d’accaparement personnel de son espcae public.

Traditionnellement, trois phases participaient à la “patrimonialisation” d’un espace.

  1. Une sélection d’évènement ou d’objet
  2. Une transformation de l’usage
  3. Une “sacralisation” qui finit d’achever la reconnaissance “institutionnelle” d’un lieu.

Un processus désormais courcircuité puisque la mise en oeuvre d’une requalification permet d’accélerer le planning en injectant directement dans un lieu ce supplément d’âme , un complément symbolique à la simple opération matérielle.

Faire village urbain est ainsi devenu une préoccupation des municipalités de taille moyenne, écho politique à la pression demande citoyenne pour un équilibre ville/campagne, service/tranquilité. Discutez sur un marché avec le quidam et vous entendrez cette ritournelle, cette chanson traditionnelle “c’était mieux avant, quand ça ressemblait plus à un village”. Discutable sur le fond, cette tendance est pourtant, à quelques jours du premier tour des municipales, une tendance de fond dans les villes moyennes.

Mêler modernité, service, esprit et histoire, tel est le défi de nombreux candidats. Le malheur étant que cette réflexion est rarement poussée à son terme, que la volonté de modifier l’environnement urbain n’est qu’à de très rares occasions l’opportunité de mettre une dose de prospective dans l’action municipale. Noyé dans le bain quotidien, le développement futur d’une ville est rarement l’objet d’un brainstorming.

L’Artefactualisation - selon les termes de Samuel Perigois - de l’espace public, c’est à dire l’accélération d’un processus de sédimentation naturelle d’un patrimoine local, peut, devrait?, être un facteur de réappropriation de la part des habitants.

Pour respecter son environnement, il faut avant tout s’y sentir chez soi. La ville de Paris avait bien compris cette nécessité en basant sa campagne de pub sur la propreté sur le gimick “Feriez vous ça chez vous?”.

L’espace public, sur lequel les politiques locales ont une réelle influence, est un préalable incontournable lorsque l’on aspire à modifier le comportement des gens. Apaiser l’environnement par une “cristallisation” historique, patrimoniale, c’est le premier pas vers un partage apaisé de cet espace quand bien même cette instrumentalisation serait purement artificielle.

De façon assez étonnante, cette perspective semble désormais s’effacer devant les tentations très Grenellesque des éco-quartiers. L’âme d’un quartier tient tout autant à son aspect qu’à l’histoire que l’on veut perpétuer…Vous pourrez objecter que cela revient à mettre en scène l’espace public, et vous n’auriez pas tord. Mais après tout, que seraient les acteurs sans un bon metteur en scène?

Je m’en vais reconstruire une place de village moi tiens…

Cacher cette brillante littérature


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