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Chaosmose : une lecture collective

Publié le 02 novembre 2011 par Mainsdoeuvres

Lecture
La revue Chimères, fondée par Gilles Deleuze et Félix Guattari, La Maison Populaire de Montreuil et Mains d'Œuvres (Saint-Ouen) proposent une lecture publique et collective de Chaosmose, un livre écrit par Félix Guattari en 1992. Deuxième séance mardi 8 novembre à Mains d'Œuvres : L'hétérogénèse machinique (chap. 2, pp. 53-84) en présence de Pascale Criton (compositrice), Isabelle Stengers (philosophe), Anne Sauvagnargues (philosophe) Ponctuation artistique : Damien Schultz/Flore Garcia-Marrou
Chaosmose : une lecture collective

Cette « lecture partagée » se déroulera au cours de la saison 2011-2012, au rythme d'un rendez-vous par mois, d'octobre 2011 à mars 2012. Il s'agit, dans un esprit de rencontre et de transversalité, de mener cette lecture ensemble et de mettre en commun nos points de vue et nos expériences. Qu'est-ce que Chaosmose met en question, qu'est-ce que cela mobilise intellectuellement et pratiquement dans nos vies et nos différents domaines ?
Le paradigme esthétique proposé par Guattari traverse tout autant le social (le soin, l'écologie de l'esprit), l'artistique (autonomisation des signes, production de sens), que le politique (réseaux, subjectivations, manières d'être ensemble). Il s'agirait donc de mettre en résonance ces trois temps de la vie, de voir comment ils s'interpénètrent et produisent de nouvelles réalités, de nouveaux territoires existentiels selon l'expression de Guattari. Nous voudrions dans ce processus faire une large place aux pratiques de terrain et provoquer des temps de rencontres transversales.
Chaque séance se fera autour de la lecture d'une trentaine de pages et sera introduite par deux invités venant de domaines différents : clinique, artistique, sociale et politique. Ces "points de vue'" seront suivi d'un débat ouvert avec le public et ponctués d'interventions d'artistes.
Les échanges de chaque séance seront mis en ligne sur nos sites. A l'issue de cette lecture, un numéro de la revue Chimères rendra compte des thématiques et débats qui auront scandé ces rencontres.
Isabelle Stengers, chimiste devenue philosophe, professeure à l'Université Libre de Bruxelles, s'est fait connaître par La nouvelle alliance, livre écrit avec Ilya Prigogine (1978) et traitant du temps et de l'irréversibilité, à partir à la fois des sciences physiques et des sciences humaines. Elle a travaillé sur "l'Invention des sciences modernes", mais aussi sur leur envers, et sur le régime de la croyance dans les sciences et dans les thérapies. Avec ses étudiantes et étudiants elle développe réflexion et expérimentation sur l'écologie des pratiques dans différents domaines : insertion des femmes dans l'université, catastrophes naturelles, "sorcellerie capitaliste". Elle travaille à valoriser les positions intellectuelles minoritaires. Membre du comité de lecture de Multitudes elle a publié :

• L'invention des sciences modernes, Paris, La Découverte, 1993 (réédition Flammarion, « Champs » n°308) • Sciences et pouvoirs. Faut-il en avoir peur ? Bruxelles, Labor, 1997 (réédition La Découverte).
• Cosmopolitiques, Paris, La Découverte /Les Empêcheurs de penser en rond, en 7 volumes : La guerre des sciences ; L'invention de la mécanique ; Thermodynamique : la réalité physique en crise ; Mécanique quantique : la fin du rêve ; Au nom de la flèche de temps : le défi de Prigogine ; La vie et l'artifice : visages de l'émergence ; Pour en finir avec la tolérance.
• La guerre des sciences aura-t-elle lieu ? , Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2001.
• L'Hypnose entre magie et silence, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2002.
• Penser avec Whitehead, Paris, Le Seuil, « L'ordre philosophique », 2002.
• La Vierge et le neutrino. Quel avenir pour les sciences ?, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2006.
• Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient, Paris, La Découverte, 2008.
Anne Sauvagnargues
Spécialiste de philosophie contemporaine, en particulier de Deleuze et Guattari, Anne Sauvagnargues est professeure à l'Université Paris-Ouest Nanterre La Défense. Elle dirige avec Fabienne Brugère la collection "Lignes d'art", aux PUF. Membre du comité de rédaction des revues Chimères et Multitudes, elle a publié notamment :

• Deleuze et l'art, Paris, PUF, 2005 ;
• Deleuze. L'Empirisme transcendantal, Paris, PUF, 2010.
• « Les symptômes sont des oiseaux qui cognent du bec contre la fenêtre », Chimères n°72, 2010.
• « Guattari : Un cavalier schizoanalytique sur le plateau du jeu d'échecs politique », in Multitude n° 34, 2008.
• « Devenir-animal », Comme des bêtes, Catalogue de l'exposition Comme des bêtes, Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, 28 mars-22 juin 2008, Milan, Editions 5 Continents, 2008.
• « De la variation mineure à la variation continue », in Bruno Gelas et Hervé Micolet (dirs), Deleuze et les écrivains. Littérature et philosophie, Nantes, éditions Cécile Defaut, 2007.
• « L'image. Deleuze, Bergson et le cinéma », in L'image, Alexander Schnell (dir.), Paris, Vrin, coll. « Thema », 2007.
• « Deleuze. De l'animal à l'art », in Marrati, Sauvagnargues, Zourabichvili, La philosophie de Deleuze, Paris, PUF, 2004
• Art et philosophie, Anne Sauvagnargues (dir.), ENS Éditions, 1998.
A propos du paradigme esthétique
« La singularité, la finitude est quelque chose qui est au cœur de notre existence. Le problème se pose d'aller saisir la singularité de l'autre sans rentrer dans un rapport d'identification, de sujétion, et d'être là ami d'un processus possible, — un processus qui ne se réfère pas à des universaux de la subjectivité comme les complexes freudiens ou les mathèmes de l'inconscient lacanien, mais qui forge sa propore cartographie, sa propre métamodélisation, et qui permet à l'individu, suivant les situations, de reconstituer des territoires existentiels là où il était dans l'angoisse, dans la déréliction, de reforger des rapports au monde, une possibilité de vivre.
C'est une activité qui se veut non-modélisante, et qui est beaucoup plus sous l'égide d'un paradigme esthétique que d'un paradigme scientifique. Il s'agit à chaque fois, dans une cure, de forger une œuvre singulière. Les artistes sont, surtout depuis les grandes ruptures conceptuelles introduites par Marcel Duchamp, John Cage et d'autres, ceux qui travaillent sans filet, sans base, ils n'ont plus de normes transcendantes et travaillent l'énonciation même du rapport esthétique. Ils forment le noyau le plus courageux dans ce rapport de créativité, mais ils ne sont pas seuls : les enfants à l'âge de l'éveil au monde, les psychotiques, les amoureux, les gens qui sont atteints par le sida, les gens qui sont en train de mourir, etc., sont dans un rapport chaosmique au monde. Les artistes forgent des instruments, fraient des circuits pour pouvoir affronter cette dimension "Qu'est-ce que je fais là ? Qu'est-ce que c'est que cette planète ? À quoi je peux me raccrocher ?". À rien de transcendant : tu peux te raccrocher au processus immanent de créativité.
Le paradigme esthétique, en dehors de la production d'œuvres esthétiques, est quelque chose qui travaille aussi bien la science que la pédagogie, l'urbanisme, la médecine ou la psychiatrie, parce que c'est cette méthodologie même, cette méthodologie existentielle, cette micropolitique existentielle qui est élaborée, travaillée, creusée par cette perspective esthétique. »
Felix Guattari

À venir : 3 ème séance : mardi 13 décembre : Métamodélisation schizoanalytique (chap. 3, pp. 85-108) Francesco Berardi (philosophe), Paul Brétécher / Anik Kouba (psychanalystes) Ponctuation artistique : Thierry Madiot, Françoise Rivalland

Diffusion sonore en partenariat avec www.diptyqueaudio.com


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