Magazine Cinéma

Retour sur une curiosité québecoise (Calice !)

Par Borokoff

A propos de Curling de Denis Côté 3.5 out of 5 stars

Curling de Denis Côté - Borokoff / blog de critique cinéma

Au fin fond du Québec, Jean-François vit en autarcie avec Julyvonne, sa fille de douze ans. Cette dernière a l’interdiction de sortir le soir, passe ses journées seule à la maison tandis que son père travaille dans un bowling. Un jour, Julyvonne tombe sur des cadavres dans la forêt…

Curling est un film troublant. Troublant et bizarre. Il règne dans ce film une atmosphère à la fois pesante et inquiétante qui laisserait augurer d’un crime, d’une catastrophe imminente si l’immobilisme dans lequel étaient englués ce père et sa fille ne donnait lieu à des scènes parfois comiques (la seule distraction de Julyvonne est d’écouter chaque soir une chanson tandis que son père la regarde sans réaction, assis sur le canapé) et qui désamorcent constamment le drame ou la peur de l’inceste.

Cet accent comique est renforcé par le personnage du patron du bowling à l’accent québécois inénarrable. Le rythme est lent, les plans, la plupart du temps, sont fixes et durent assez longtemps, laissant venir l’action sans que l’on ne puise jamais anticiper ce qui va se passer.

On pense tantôt à Psychose d’Hitchcock, tantôt à Fargo des frères Coen. Mais Curling n’est ni un polar, ni un film comique. C’est davantage une chronique tragique de la solitude à travers deux paumés repliés sur eux et malheureux comme les pierres.

Dans ce no man’s land enneigé, le père n’a rien d’une victime. C’est lui-même qui a provoqué la dépression dans laquelle il se trouve, lui qui se méfie de tout et de tout le monde et interdit à sa fille tout contact humain.

Dans leur isolement de plus en plus tragique et dangereux, ce père et sa fille croisent des signes inquiétants, annonciateurs ou que l’on croit précurseurs du drame à venir : un enfant à moitié mort sur le bord de la route, une nouvelle serveuse au style gothique au bowling, des cadavres dans la forêt qui fascinent Julyvonne, etc…

Et le film oscille constamment entre tragédie humaine et polar, drame intime et chronique sans choisir son bord, pour le plus grand plaisir du spectateur qui ne sait sur quel pied danser.

Dommage que la fin soit un peu convenue avec le départ du Père, que le film tombe dans un sentimentalisme qui gâche toute la dureté de ce personnage extrêmement introverti et secret. Car le mutisme de Jean-François était une des forces du film. Et l’un de ses plus grands mystères…

www.youtube.com/watch?v=ekfpoptv9bc

Film canadien de Denis Côté avec Emmanuel Bilodeau, Philomène Bilodeau, Roc Lafortune (01 h 32).

Scénario : 3 out of 5 stars

Mise en scène : 3.5 out of 5 stars

Acteurs : 3.5 out of 5 stars

Dialogues : 3 out of 5 stars


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Borokoff 641 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines