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Festival Les Inrocks - Owlle, Concrete Knives, La Femme & WU LYF - Paris, La Cigale - 2 novembre 2011

Publié le 04 novembre 2011 par Toto
Retour sur le pied de guerre en ce mercredi soir pour le début des hostilités du festival des Inrocks 2011. Comme à son habitude, la programmation est assez éclectique mais fait la part belle pour cette soirée à la musique de chez nous. Dès 19h, arrive la grande bringue un peu flippante d'Owlle - le nom ne se prononce pas bien, trop de consonnes - qui ondule timidement derrière son synthé. Elle sera rapidement accompagnée d'un collègue batteur. La plupart des sons joués sont déjà pré-enregistrés. La voix n'est pas désagréable, mais les chansons sont plutôt banales, dans la lignée de ce qui se pratique déjà pas mal outre-Manche, en tête desquelles on retrouve les filles de Bat For Lashes ou Florence and The Machine. Owlle nous chante des "ouhouh" et des "ahahaha" à tour de bras comme pour masquer un sérieux manque de mélodies marquantes. Bref, on s'ennuie un peu, quand même.Festival Les Inrocks - Owlle, Concrete Knives, La Femme & WU LYF - Paris, La Cigale - 2 novembre 2011On enchaîne ensuite avec Concrete Knives, des Caennais - la précédente était parisienne - et l'esprit est d'un coup nettement plus festif - à rapprocher de leurs voisins normands des Bewitched Hands, vus et entendus dans le cadre du même festival l'année précédente. Le groupe déploie une énergie scénique assez redoutable et sait faire partager son enthousiasme. La chanteuse savamment habillée et coiffée à la mode sixties jure un peu avec le reste du groupe dont les fringues ne semblent pas être la préoccupation principale. Elle, affublée d'un élégant pantalon qui lui fait une jolie taille de guêpe, virevoltera telle une abeille tout le temps du set, n'hésitant pas même à se jeter dans les bras du public. Si une fois encore, les chansons ne sont au final pas toujours transcendantes, Concrete Knives est au moins parvenu à faire bouger l'assistance. Grâce à eux, la soirée a réellement commencé...
Entre les deux concerts, une jeune femme vient s'asseoir par terre à côté de moi. - et oui, c'est que ça fatigue de rester plusieurs heures debout. Elle se prend la tête dans les mains, mais bifurque rapidement les yeux vers son téléphone portable. Puis un de ses copains (son petit ami?) tente de la consoler : "Arrête de te vénère pour de la merde, Eva! Arrête de te vénère pour de la merde, Eva!..." A la manière d'une vieille rengaine, il répète cette même phrase au moins une dizaine de fois. Le gars a une choucroute savamment décoiffée sur la tête, sans doute par l'action de quelques précautionneux passages de mains dans les cheveux, des petites baskets, le jean slim de rigueur, un blouson de cuir un poil trop court juste comme il faut et un tee-shirt largement échancré laissant apercevoir un torse déjà bien poilu. Malheureusement pour lui, la dénommée Eva, pas vraiment convaincue par son argumentation (et sa dégaine?) finit par partir au bout de quelques minutes de monologue. Le gars, à peine vexé, rejoint alors ses potes, reconnaissables au fait qu'ils sont attifés comme lui mais de façon juste un peu moins marquée. Preuve qu'il semble être le leader de la bande. En tout cas, il trouvera la juste conclusion à l'affaire : "Eva, elle se vénère vraiment pour de la merde!"Mais laissons Eva à son énervement, car c'est au retour des Biarrots de La Femme de débarquer, tous affublés d'une perruque blanche façon village des damnés. Cette fois-ci, même si les influences sont évidentes et à aller chercher du côté de la new-wave made in France, celle de Jacno et de Taxi Girl, la musique du groupe dégage quelque chose qui va au-delà du simple copier/coller d'une recette existante. La Femme a une vraie personnalité, en témoigne leur tube "Sur La Planche" dont le thème est bien raccord avec leur région. Le son est parfois un peu criard, mais l'ambiance ne baisse pas pour autant d'un iota. La soirée est encore montée d'un cran.
Puis arrive la "surprise" de la soirée, Rover, improbable croisement entre Antony Hegarty et Jeff Buckley, pour le physique et aussi pour la musique. Il arrive seul avec sa guitare et se met juste devant le rideau derrière lequel on imagine les "stars" mancuniennes de la soirée se préparer. Il y a évidemment du potentiel derrière ce physique et cette voix atypiques. Comme pour les deux précédents groupes, on attendra avec impatience la sortie d'un premier véritable LP pour se faire une idée plus précise. Mais l'année 2012 pourrait s'annoncer radieuse pour la musique française... 
Enfin, les petits branleurs de WU LYF font leur apparition et fidèles à ce que je pouvais en attendre, leur musique semble faite expressément pour la scène. Leur rock est épique, flamboyant, braillard - on plaint les cordes vocales du chanteur -, sale. Ils n'ont pas besoin d'en rajouter, leur son remplit immédiatement l'espace. Le sol de la Cigale se met immédiatement à tanguer. Une heure durant, nous serons ainsi ballotés au gré des pérégrinations du groupe de Manchester et de son leader, Ellery Roberts - beau gosse et conscient de l'être - quelque fois assez pathétique dans ses pseudos messages politiques et philosophiques : "Life's a bitch and then you die". Il y aura bien quelques temps moins forts comme la dispensable reprise de "Wicked Game" de Chris Isaak, presque à l'exact opposé de leur univers. Mais tout se terminera dans un grand élan de fraternité, avec ce qui est pour moi, la meilleure chanson du groupe, le réjouissant "We Bros"...
C'est donc avec le sourire que les gens quittent petit à petit la salle. Le groupe La Femme fait des pieds et des mains pour vendre ses tee-shirts. Je regagne tranquillement mes pénates, plutôt content de ma soirée. Et dire qu'Eva a raté ça...

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