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Les mots de la politique (19) : le « trou d’air » de François Hollande

Publié le 10 novembre 2011 par Variae

Ces jours-ci, le siège du Figaro, mais aussi des autres grands titres de la presse française, ressemble un peu aux laboratoires de Météofrance. Des foules d’éditorialistes, commentateurs, politologues et experts sondagiers s’affairent autour d’altimètres, d’anémomètres, accéléromètres et autres capteurs de pression pour prendre, la mine soucieuse, le pouls de François Hollande. Les résultats du CRAC (Centre de Recherche en Aéropolitologie Citoyenne) du Figaro sont clairs : le candidat socialiste traverse un « trou d’air ». Dans les autres laboratoires, les méthodes et les outils varient, mais le verdict demeure. Le professeur Barbier soupèse un candidat « léger », à la cote « en  baisse ». Quant au docteur Sananès, il diagnostique dans les Echos, fataliste, un « primaire blues » inquiétant.

 

Les mots de la politique (19) : le « trou d’air » de François Hollande

Inutile de se voiler la face, la situation est périlleuse : au second tour de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy est crédité de 43 % des voix, contre un piteux 57 % pour François Hollande. Un profond trou d’air – le mot du Figaro a été parfaitement choisi. Mais si, comme on peut le craindre, cette descente aux Enfers, ce renouveau flamboyant de la droite, se poursuivent pour l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste, quels termes faudra-t-il employer pour les décrire ? Par soutien envers les journalistes du Figaro et l’ensemble de leur profession, Variae a réfléchi à une charte rédactionnelle pour accompagner  les potentielles prochaines étapes du chemin de croix hollandiste, et faciliter l’écriture d’articles aussi pertinents que percutants. Ne nous remerciez pas.

Décembre 2011 : Sarkozy 43,5% – Hollande 56,5%

Titre en une : « Le doute »

Sous-titre : « Hollande peut-il encore gagner ? »

Illustration : un portrait pleine page de François Hollande, pâle sur fond noir, le front barré d’une ride soucieuse

Contenu : l’évocation d’une conférence de presse où le candidat est arrivé en retard de 15 minutes, et d’un document de campagne où s’était glissée une erreur. En off, des « proches du candidat » font part de leur « impatience ». Michel Aphatie explose sur Canal+, excédé : « C’est donc ça, la gauche ? ». Gaël Sliman est « formel » : la dynamique est « moins forte qu’hier, sans être plus faible ».

Janvier 2012 : Sarkozy 44% – Hollande 56%

Titre en une : « A gauche, l’inquiétude »

Sous-titre : « Comment ils en sont arrivés là »

Illustration : une photographie de François Hollande en réunion de travail avec ses proches, penchés sur des notes pleines de chiffres et de diagrammes

Contenu : le récit détaillé d’une « journée noire » où François Hollande a dû improviser « dans la précipitation » un discours lors d’un banquet républicain, ses notes s’étant égarées. « Il n’a même pas eu le temps de finir son moelleux au chocolat », confie, « atterré », un militant. Des proches « s’alarment » : « il ne mange pas équilibré, il regrossit ». Dans un débat télévisé, Nicolas Demorand somme François Hollande « de réfléchir au sens de sa candidature ». Pascal Perrineau « l’assure » : les « fondamentaux » du vote Hollande sont « pluriels ».

Mars 2012 : Sarkozy 44,5% – Hollande 55,5%

Titre en une : « La chute »

Sous-titre : « Solférino prend l’eau »

Illustration : François Hollande photographié en contre-plongée en train de sortir de Solférino le soir, le visage rouge sous la lumière crue d’une caméra, avec une certaine cohue derrière lui.

Contenu : De « terribles dissensions », désormais intenables, « déchirent » l’équipe du candidat, une des porte-parole ayant fait remarquer que le responsable en charge de la mobilisation avait un plus beau fauteuil qu’elle dans son bureau. Interrogés, des « responsables de campagnes présidentielles précédentes du PS » sont « affirmatifs », sous couvert d’anonymat : ce sont les signes « évidents » d’un collectif « au bord de la rupture ». Jean Quatremer constate sur son blog : « Les socialistes paient aujourd’hui le prix de ne pas m’avoir écouté sur DSK ». Roland Cayrol est « sans ambigüité » : la « cristallisation » de l’opinion est « nuancée » pour Hollande.

Mai 2012 : Sarkozy 45% – Hollande 55%

Titre en une : « PS : le drame »

Sous-titre : « Le destin brisé d’un corrézien »

Illustration : François Hollande pris au téléobjectif à travers une fenêtre, tout seul, dans son bureau, l’air pensif

Contenu : Des interviews de camarades d’école de François Hollande, qui ne le « reconnaissent plus », accompagnées d’un entretien « exclusif » avec son ancien coiffeur, « renvoyé sans raison » : « François Hollande adore couper les cheveux en quatre ». Christophe Barbier médite : « ce sondage est la preuve irréfutable du divorce, jamais dépassé, entre la France, profondément libérale, et l’archéo-gauche ». Jérôme Sainte-Marie le « certifie » : « on ne peut pas juger, à cette heure, du résultat de l’élection ».

Romain Pigenel

Les autres mots de la politique, qui ne manquent pas non plus d’air, sont ici.


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