Magazine Culture

Joël Bastard, Casaluna

Par Angèle Paoli

« Poésie d'un jour
(Pour faire défiler les poésies jour après jour,
cliquer sur les flèches de navigation)

Se tenir là. Sur cette rive. Pieds nus dans le silence des éboulis. Le long du lit mobile. La pente se tenant elle aussi sur la rivière. Se dres-sant dans le bleu excédé. Se retenant dans la chute  à  sa  propre disparition. Elle finira par se  laver de sa verticalité légendaire. Dans le mélange des chemins. Le retournement des fon-dations confidentielles. Les portes désolées. Elle finira dans le ventre éviscéré des truites noires. Dans l’accourse de cette langue glacée.



Joël Bastard, Casaluna, poème, Éditions Gallimard, Collection blanche, 2007, p. 18.



CASALUNA

  La rivière Casaluna prend naissance dans le flanc ouest du San Petrone en Corse et se jette vingt-sept kilomètres plus loin dans le Golo pour y rejoindre la mer.

  « J’ai longtemps cru que cette rivière était la mienne. J’aurais pu m’arrêter d’écrire là » (Joël Bastard).

  Pendant les deux mois qu’il a passé au Mali, au bord du fleuve, le poète Joël Bastard n’a cessé de penser à la Corse, à l’eau de la rivière et à l’eau du lavoir. Des images anciennes refluent, durablement inscrites dans la mémoire. Et qui jaillissent dans le poème comme des instantanés, à la manière des Chjami è rispondi de l’enfance. Seul le rythme change, qui est celui de l’alexandrin. La rivière, fil rouge qui conduit le poète, le guide, pendant deux années, dans une écriture chronologique et physiologique :

  « J’évolue avec ce que je suis en train d’écrire, j’avance, je marche avec mon écriture », déclare modestement Joël Bastard.

  A Ségou, les bibliothèques n’existent pas. Le poète écrit en marchant, page blanche et encre noire très concentrée. Il faut que le mot soit épais. Le livre s’écrit dans le flux de la lumière. Et la marche induit des manières différentes de penser et d’écrire. Poème creusé par l’absence, Casaluna est le « tombeau de la mère ». Mais au-delà de la part autobiographique, par son langage, Casaluna rejoint l’universel.


[Notes prises le 14 décembre 2007, à la Bibliothèque Patrimoniale de Bastia, où Joël Bastard était venu présenter Casaluna. Invité par Jean-François Agostini, Joël Bastard avait retracé pour nous, en présence de Jacques Fusina, l’histoire de Casaluna. Une lecture dédiée à sa mère, Madeleine Emmanuelli, à la Castagniccia, au village de Corsoli, à la Corse. Et à Casaluna, la rivière de son enfance. A.P.]


Retour au répertoire de février 2008
Retour à l' index des auteurs

» Retour Incipit de Terres de femmes

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Angèle Paoli 39970 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines