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« D’autres vies que la mienne » d’Emmanuel Carrère

Par Sheumas

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« Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d’extrême pauvreté, de justice et surtout d’amour. Tout y est vrai ». Comme il l’indique dans sa préface, l’auteur a voulu réfléchir sur « le difficile métier de vivre » en confrontant plusieurs destins humains. Et il le fait avec beaucoup d’empathie et une plume sans concession, attentive aux moindres palpitations de la vie qui s’en va. Catastrophes, cancers, usures diverses.

   Tout commence mal. Une obscure angoisse pèse sur les premières pages. Pourtant, le narrateur est en vacances avec sa compagne et le fils de cette dernière sur un rivage paradisiaque... Mais c’est à quelques instants du tsunami qui va ravager la région du Sri Lanka. Est-ce un hasard, les personnages sont ennuyeux, désagréables à force d’indifférence et d’égoïsme. Ils ne savent pas ce qui se prépare. Impression d’égarement des destins, des rencontres sans conséquences, des relations humaines. Et puis soudain, l’engouffrement du drame.

   Le Destin frappe. Sème la mort. Le désastre à partir de la plage. Inonde les rues, les piscines, les hôtels. Les gens courent affolés de toutes parts, les personnages disparaissent dans le chaos... Disparaissent puis émergent à nouveau, tout doucement, presque honteusement.

   La mort irréversible s’est cristallisée. Autour d’eux, d’autres destins affleurent et montent à la surface : la petite Juliette, 8 ans, fille d’un couple rencontré à l’hôtel... Et puis, en cascade, la nouvelle de la mort de Juliette, la sœur d’Hélène, arrachée à la vie par le cancer. Le contact du narrateur avec un collègue de travail de Juliette, atteint lui-même d’un cancer et à qui on a coupé une jambe. Encore adolescent, il raconte lui aussi le désarroi à l’annonce de la maladie, l’impression brutale d’être confronté à la pire de ses hantises : celle du rat qui ronge son visage. Mais un rat invisible, opérant dans l’organisme.

   Un livre dur, sans sensiblerie, mené comme une enquête dans les banlieues chaudes de la condition humaine.


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