Et si je n'avais qu'un souhait ?

Il me semble que depuis quelques temps, la photo ait pris le pas sur l'écriture. C'est curieux, peut-être dommage... C'est ainsi.
Hier, en ressortant mes vieux films, j'ai redécouvert des images oubliées. Des surprises. Parfois bonnes, souvent mauvaises.
Les mauvaises photos, on ne les montre pas. En terme de nombre, elles dépassent pourtant largement celles qu'on décide de montrer.
- Pascal, tu préfères celle-ci ou celle-là ?
- Je sais pas.
Choix difficile.
- Je préfère celle-là.
- Pourquoi ?
- Je sais pas.
Hésitation...
Parfois, pas de doute possible. Tout y est réuni : une composition, un regard, une ambiance. La photo rêvée...

C'est quoi son nom déjà ?
Je ne sais pas. Je ne sais plus.
Il y a ces portraits qui traînent depuis des années dans nos placards, ces rencontres intimes qu'on met de côté, ces négatifs qui n'ont pas été révélés...
Tout portrait est une intime rencontre : le don de l'autre, de son regard, de ses émotions. Une retenue, peu à peu, qui s'effiloche. Puis l'abandon.
Que donne le photographe en retour ?
Rien, hormis son regard voyeur, manipulateur, qui promet le chimérique, la sublimation de l'être qui se tient devant son objectif.
Gros mensonge. Pure arnaque.
Le sublime ne vient pas du photographe, mais du sujet, confiant, qui se dévoile.
Merci. Merci à celles et ceux qui m'ont donné d'eux.
Je prends. Je continue de prendre, sans rien donner en retour, sinon la vaine promesse.
Merci. Merci d'être si beaux et de m'émouvoir à chaque seconde de mon existence.
Et si je n'avais qu'un souhait ?
"Portraiter", éternellement.