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Loger les salariés en Île-de-France : un impératif économique et social pour le Grand Paris

Publié le 21 novembre 2011 par Jblully

Grand Paris et logement © Ignatius Wooster - FotoliaL’Île-de-France est la région française la plus riche, sans doute la plus dynamique, un concurrent de premier plan dans la compétition des grandes métropoles mondiales et, à ce titre, un atout collectif, porte d’entrée pour l’ensemble de l’économie nationale. Pourtant, nous souffrons d’une spécificité négative, trop ressentie par ses habitants, mais mal perçue au niveau des statistiques globales et des décideurs nationaux : les difficultés croissantes de logement pour la majorité des salariés.

Il ne s’agit pas, ici, des prix spectaculaires dans les quartiers historiques et lieux d’exception, phénomène commun aux capitales prestigieuses, mais d’un problème de masse, « fruit » inévitable d’un retard accumulé dans la construction depuis deux décennies. Un simple chiffre le résume, le ratio construction par habitant trois fois inférieur, par exemple, à celui du Languedoc-Roussillon.

Ce qui est rare est cher… Rien d’étonnant, alors, qu’à un bout de la chaîne la demande et la rétention s’accentuent, tandis qu’à l’autre les prix s’envolent. Résultat, de tous les secteurs, de tous les types d’entreprises, remonte ce constat : le logement des collaborateurs est un problème de plus en plus préoccupant. Les salariés sont obligés d’habiter toujours plus loin (en temps de trajet) avec des conséquences évidentes sur leur fatigue, leur stress, leur ponctualité. La productivité, le climat de travail en sont affectés. Et, indirectement, les coûts des transports, des infrastructures et du temps perdu s’accroissent au détriment de l’efficacité globale.

Parallèlement, ces salariés consacrent souvent à ce logement insatisfaisant une part de revenu bien supérieure à ce qu’ils devraient assumer ailleurs, ce qui ne pourrait être justifiable que pour la minorité de fonctions spécifiques et à haute valeur ajoutée concentrées dans la capitale. Ainsi un couple tout à fait standard de deux salariés franciliens aux revenus médians ne peut accéder ni au logement social (il a un revenu trop élevé), ni au secteur privé concurrentiel, trop cher. L’offre au coût effectif de 8 à 13 € le m2, qui est la norme en province, est spectaculairement et dramatiquement réduite.

Si une telle situation perdurait ou, pire, s’aggravait dans la prochaine décennie, les entreprises franciliennes pourraient faire face non seulement à l’inconfort de vie de leurs collaborateurs, mais aussi à la fuite de certaines compétences. Elles pourraient ne pas pouvoir attirer les nouvelles classes d’âges, les talents toujours plus mobiles et capables de comparer aussi bien les salaires que les conditions de vie de leurs « jobs » dans les diverses métropoles. Quant aux entreprises étrangères étudiant une implantation, si elles se convainquaient de l’impossibilité de loger décemment leur encadrement ou de la nécessité de surpayer leur personnel pour le conserver, elles iraient ailleurs.

Il y a donc une urgence sociale et économique sur le dossier du logement en Île-de-France. C’est pourquoi, j’invite nos lecteurs à consulter et commenter le rapport que la CCIP vient de publier sur la question, qui propose des outils pour que l’objectif de construction de la loi Grand Paris, soit 70 000 logements construits annuellement, se concrétise vraiment.


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