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Kossi Efoui : L'ombre des choses à venir

Par Gangoueus @lareus
Kossi Efoui : L'ombre des choses à venir
Dans le cadre de la dernière rencontre Afriqua Paris avant une mise en veille de cette initiative culturelle, nous avons reçu cette semaine le dramaturge et romancier Kossi Efoui. Quel réel plaisir de terminer avec un homme de lettres qui incarne autant le théâtre que le roman. Réel plaisir car, en effet, pendant plus de trois ans, les rencontres Afriqua Paris au restaurant l'Albarino Passy se sont évertuées à promouvoir les arts du Récit venant des Afriques.   
Ceux qui n'ont pas eu le plaisir d'écouter Kossi Efoui parler de son travail d'écrivain ne peuvent pas comprendre l'intérêt d'une telle rencontre autour d'un auteur rare au propos interpellant. Vous trouverez un compte rendu complet de cette rencontre sur le site La Plume Francophone
Pour l'occasion, j'ai lu  son roman paru en 2011 : L'ombre des choses à venir
Ce roman commence sur une désertion. Un jeune homme se cache, terré. Dès le départ, le contexte de ce qu'il fuit est planté. On ressent le système répressif qui s'abat sur le narrateur. 
Ce dernier se détache du présent pour une introspection qui le conduit dans  l'enfance. Une enfance sous ce que Kossi Efoui appelle l'Annexion, marquée par la déportation des parents du narrateur vers un camp de rééducation dénommé la Plantation. On voit déjà l'importance des mots forts qui caractérisent  le régime dans lequel le narrateur à grandi. L'Annexion faisant penser à l'épisode coloniale ou encore la Plantation qui évoque l'esclavage. Pourtant, l'univers ainsi décrit dépasse le cadre de ces mots rattachés à des époques précises de l'Histoire pour se prolonger dans un temps plus récent, proche des dictatures tropicales qui pourraient perçues comme des prolongements de l'Annexion initiale jamais rompue ainsi que ces camps de concentration, goulags ou plantations... L'auteur s'emploie d'ailleurs, comme c'était déjà le cas dans Solo d'un revenant, à ne pas ancrer son regard sur un lieu, un espace et à un temps donné. Seule la situation, ici la désertion et tout ce qui conduit vers un tel acte, trouve un sens dans ce texte.
Une désertion qui renvoie à plusieurs cas de figure. Celle de l'armée, quand elle incarne un combat injuste du point de vue de l'individu face à un système avec un naturel redoutable une politique d'assujettissement de peuples voisins irréductibles. Le pouvoir de suggestion est important puisqu'en lisant cet aspect de ce roman, je me suis détaché du narrateur pour penser au Vietnam et aux mouvements pacifistes américains de l'époque, à la solitude, la liberté ou la vérité d'un boxeur refusant d'aller combattre pour une guerre qu'il trouve injuste. Je pense que c'est la force des romans de Kossi Efoui de pouvoir conduire le lecteur dans une réflexion intéressante, pas forcément aisée d'ailleurs. Une désertion qui renvoie aussi à l'émigration.
Comme ce fut déjà le cas avec Solo du revenant, j'ai eu du mal à rentrer dans ce roman. Je pense que cela est  le fait de l'écriture du romancier togolais, son style qui sans être lourd n'est pas forcément entraînant. Pourtant, j'aimerai dire c'est un auteur qu'il faut prendre le temps de lire. C'est visiblement la démarche de cet auteur qui ne l'oublions pas est un dramaturge, qui je pense, quand il écrit, entend sa parole clamée par le lecteur.
Bonne découverte !
Kossi Efoui, L'ombre des choses à venir
Edition du Seuil, 160 pages, première parution en 2011
Voir également la chronique de la rencontre Afriqua Paris avec Kossi Efoui.
Kossi Efoui s'est exprimé sur ce roman dans l'émission A voix nue et sur Cultures Sud.
Notez la Grande Librairie du 12 mai 2011 avec sa participation.
Lire les chroniques de Jeune Afrique

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