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La promesse de l'aube – Romain Gary

Par Theoma

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« Ce que je veux dire, c'est qu'elle avait des yeux où il faisait si bon vivre

que je n'ai jamais su où aller depuis. »

En lisant Romain Gary, une pensée me vient soudain : ah ! C'est donc cela écrire. La maîtrise narrative est parfaite. Parfois, la perfection bloque toute émotion. Rien ne transperce. On est loin de ce cas de figure avec La promesse de l'aube

La promesse de l'aube. J'ancre le titre dans mon esprit. Tout est suggéré, rien n'est dit. Romain Gary expose à la lumière ses failles et met en scène une fresque romanesque de sa vie. Il assemble morceaux par morceaux. Des anecdotes puissantes aux leçons tirées des tragédies. Le tout est un patchwork immense et solaire. Une onde de choc.

L'humour est ravageur, la plume implacable. Déterminé, résolu mais aussi résigné, Romain Gary signe ici une référence sur l'écriture à la mère, à l'enfance. Un classique. Un grand livre.

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Gallimard, 489 pages, 2009

Sublime...

« Y aura jamais une autre femme pour t'aimer comme elle, dans la vie. C'était sûr. Mais je ne le savais pas. Ce fut seulement aux abords de la quarantaine que je commençais à comprendre. Il n'est pas bon d'être aimé si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l'amour maternel, la vie vous fait une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre coup et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous les côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Partout où vous allez, vous portez en vous le poison de la comparaison et vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu.

Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. »

« L'humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la suprématie de l'homme sur ce qui lui arrive.  »

« Si ma mère avait eu un amant, je n’aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. »


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