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Comment Sarkozy réduit les moyens des quartiers défavorisés

Publié le 09 décembre 2011 par Juan
Comment Sarkozy réduit les moyens des quartiers défavorisés Un récent ouvrage provoque déjà quelque bruit: dans Les Oubliés de la démocratie, le sociologue François Miquet-Marty traite de cette France populaire, oubliée, déclassée. Il n'évoque pas une « fracture sociale », ce slogan opportuniste d'un Jacques Chirac finalement immobile. Il décrit un décrochage de masse. La France précaire est protéiforme et n'y croit plus. Dans un reportage pour le Monde publié mardi dernier, le journaliste Benoît Hopkin rapportait la montée parallèle d'une révolte pour l'instant silencieuse. « Tout le monde se fout de notre sort » s'y exclamait un retraité.
Le débat politico-médiatique s'attarde sur le droit de vote des étrangers ou le Triple A, ou des faits divers certes dramatiques mais rarissimes. De temps à autre, à la faveur d'une augmentation des tarifs du gaz, d'une nouvelle hausse de TVA décidée par le Président des Riches, ou d'un déremboursement de la Sécu votée par ses godillots, on entre-aperçoit une aggravation de la précarité.
On nous lâche parfois quelques chiffres, qui ne se recoupent jamais: 3,8 millions de précaires énergétiques, 6 millions de Français sans mutuelle de santé, 5 millions d'exclus bancaires, ou ces centaines de milliers de jeunes pauvres. En Sarkofrance, la précarité est saucissonnée pour être banalisée. Au final, cette crise-là des Français inaudibles, comme les appelle le blogueur Philippe Bilger, est mal ou peu traitée.
Nicolas Sarkozy, président d'une France malade, avait beaucoup promis, voici 5 ans. Il n'a rien tenu. Bien au contraire. Il joue aujourd'hui au président protecteur d'un pays secoué par une nouvelle crise financière paneuropéenne.


Président protecteur ?
On savait que le Monarque avait plombé les comptes publics plus que la crise ne l'excuse. Pour le plus grand nombre, les mauvaises nouvelles tombent en cascade. L'austérité version Sarkozy a ceci d'injuste qu'elle est large et définitive pour tous, ...  sauf pour quelques milliers de plus fortunés.
Ainsi, la rigueur a frappé l'aide aux quartiers défavorisés.
Il y a trois semaines, les députés François Goulard (UMP) et François Pupponi (socialiste), remettaient leur évaluation des aides aux quartiers défavorisés. Ils livraient une triste illustration, parmi d'autres, d'une fameuse promesse non tenue de Nicolas Sarkozy.
En 2007, le candidat Sarkozy promettait la lune : « Services publics, transports en commun, commerces de proximité seront réinstallés dans les quartiers. . (...) Si je suis élu je mettrai en œuvre un grand plan Marshall de la formation pour tous les jeunes de nos quartiers, pour qu’aucun ne soit laissé de côté, pour que chacun puisse tenter sa chance, pour que chacun ait un emploi. » Quelques mois plus tard, il chargeait Fadela Amara d'un secrétariat sur le sujet. L'ancienne présidente de Ni Putes Ni Soumises, classée à gauche, joua son rôle d'alibi politique. Elle fut « rangée » trois ans plus tard dans un placard doré à l'inspection des affaires sociales.
Quatre ans plus tard, le bilan est rude.
Bien sûr, les deux députés avaient quelques motifs de satisfaction: en fin de mandat, à l'approche d'élections présidentielle puis législative, Nicolas Sarkozy avait mis les bouchées doubles sur quelques mesures de façade, avec la nomination d'un ministre de plein exercice (alors ses budgets étaient gelés) puis l'organisation d'un comité interministériel à la Ville en février (après deux ans d'interruption !). Les auteurs notèrent, non sans ironie, que ce « changement institutionnel » ne correspondait pas « à une évolution majeure des "contenus" ».
Pour le reste, la réduction des moyens fut patente:
1. Les crédits nationaux alloués aux actions locales ont été réduits par le gouvernement Sarkozy : « les crédits d’intervention du budget de l’État, qui financent notamment les actions locales menées dans le cadre des contrats urbains de cohésion sociale (Cucs), ont baissé en 2010 puis en 2011 et semblent se stabiliser dans les prévisions pour 2012. » Ainsi, les 466 millions d'euros de la politique de ville en 2009 ont été réduits à 416 millions l'année suivante, puis 396 millions en 2011, pour se stabiliser à 403 millions l'an prochain.
2. S'agissant de la rénovation urbaine, son financement au-delà de 2012 n'est toujours pas pérennisé.
3. Enfin, les dépenses fiscales et sociales (i.e. les exonérations fiscales ou sociales pour favoriser l'activité dans les quartiers défavorisés ont été également réduites : 734 millions d'euros en 2009; 651 millions en 2010; et ... 618 millions prévus cette année. Pour 2012, seuls 121 millions d'euros d'exonérations de charges sociales dans les Zones Franches Urbaines  et Zones de Rénovation Urbaine sont pour l'instant garantis.
4. Seule bonne nouvelle, les rapporteurs ont noté une légère augmentation des dotations de péréquation existantes: +250 millions entre 2009 et 2012. L'illusion est parfaite. Le Président des Riches a masqué la baisse générale des crédits par des réallocations internes.
En février dernier, le CIV décidait de 41 mesures. Pour plus tard. Après l'élection présidentielle.
Les « inaudibles » attendront.
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