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Petit essai de démonologie politique

Publié le 09 décembre 2011 par Legraoully @LeGraoullyOff
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Petit essai de démonologie politique

« Voilà bien des insultes pour un Dieu qui n’existe pas!

Ne vous y trompez pas! Elles vont à ceux qui nous l’imposent comme s’il existait »

Marcel Havrenne.

En ce moment, les curés de toutes les chapelles me gavent avec encore plus de persistance qu’un certain chanteur dont j’ai promis de ne plus me moquer. Serait-ce l’effet du mois de décembre où la laïcité se gave de dinde aux marrons le 25 décembre parce que les chrétiens détestaient tellement la science qu’en récupérant les vieilles traditions païennes ils se trouvèrent totalement infoutus de calculer correctement la date du solstice d’hiver? Serait-ce l’effet de la future tempête dévastatrice que nous annoncent nos météorologues attitrés dans les articles du jour? Serait-ce l’incompréhension suite à cette histoire de Saint Nicolas où le boucher qui a tronçonné les enfants qui s’en allaient glaner aux champs n’est jamais invité dans les célébrations alors que c’est quand même grâce à lui que Nico et le Père Fouettard font les malins sur la place d’Armes avec M. Scuderi? Ou serait-ce le courroux provoqué par les feux d’artifices consécutifs à cette petite sauterie qui effraient les oiseaux et les chauve-souris qui crêchent dans la cathédrale et qui se battent les flancs du saint patron des écoliers?

Que nenni, mes ami(e)s, toutes ces avanies ne sont que péripéties futiles, sauf pour les volatiles et mammifères ailés, ça m’énerve vraiment; quoique cette affaire prouve que St Nicolas est plus fort que Batman, ce qui n’intéresse que les amateurs de catch chrétien et les amis des animaux qui ne sont que quantité négligeable par rapport aux gaveurs d’enfants. Bref, les hooligans du FC Jésus se sont mis en tête de perturber les représentations de Golgota Picnic, en manifestant devant le théâtre du Rond Point et en menaçant acteurs, équipe technique et spectateurs. Que les membres de Civitas et les punaises de sacristie de Saint Nicolas du Chardonnet (le même que l’autre, mais avec une moustache carrée et une mèche pas du tout rebelle) rejouent à Torquemada avec une ouverture d’esprit proche de celle de la poule qui découvre une nouvelle variété de maïs, même Christine Boutin s’en offusque et l’on ne s’en étonnera pas. Eussent les manifestants été musulmans ou instituteurs, autrement dit moins que curé selon Saint Nicolas (toujours le même, mais qui crèche à l’Elysée et qui applique le voeu de pauvreté à ses administrés) que les forces de l’ordre se seraient empréssé de disperser ces semeurs de trouble avec leurs fusils à pompe flambant neufs, et si on sort du nucléaire, avec quoi on va alimenter les tasers, bref on aimerait bien que ces feignasses de cathos, au lieu d’attendre que Jésus revienne parmi les siens, se prennent un billet sans retour pour l’Eden et nous lâchent l’âme et la grappe. Des recherches en arabe littéral ont d’ailleurs conduit des traducteurs à penser que les 70 vierges promises au kamikazes djihadistes ne seraient en fait que du raisin frais, comme Jésus était un poisson grec (Ischios pour les héllènophobes), c’est dire à quel point ils nous saoûlent avec leur morale de privation, de vengeance et de haine du corps.

Certes, ils nous emmerdent avec ou sans le latin, mais comme le dit une affiche du théâtre du Rond Point avec une politesse que je trouve un peu molassonne, « on vous laisse croire, laissez nous penser ». Si Dieu m’avait fait parisien et moins paresseux, j’aurais volontiers rassemblé un groupe de mécréants lubriques, festifs,  et dotés de « l’éternelle vivacité plutôt que de la vie éternelle » comme dit Nietzsche pour porter la contradiction à ces coincés du culte devant leur temple de malheur, en les accusant de heurter mes convictions athées.

Mais comment peut-on décemment supporter au XXIè siècle des arriérés pareils hors de Vendée, comment peut-on se permettre de faire la morale aux Libyens, Tunisiens et Egyptiens qui eux aussi veulent revenir au Moyen-Age obscurantiste avec son amour courtois tout fait de soumission et de sacrifice, comment enseigner Faust,  et l’Apocalypse selon Saint Jean ( le plus beau texte de la Bible et un des meilleurs de toute la littérature du point du vue du verbe) après que de tels imbéciles qui appellent toutes leurs filles Marie-quelque chose et leurs fils Jean-Machin en soutenant une futile érection à l’écoute de la Marseillaise ou à la vue d’un drapeau de trois couleurs moins primaires qu’eux? L’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie, la déformation des cultes païens qui portaient une vision historique universelle, la chasse aux sorcières, le soutien aux monarchies et aux pires régimes du XXè siècle nihiliste comme jamais, ça ne leur suffisait pas. Les cathos (et les autres cultes, qu’il s’agisse de l’islam, des supporters de l’OM et du PSG, des capitalistes qui diagnostiquent la fin de l’Histoire, des complotistes, et même des nihilistes qui sont bien heureux que rien ne change ou qu’on revienne cinq siècles en arrière pour continuer à déverser leur fiel) ont bien compris que nous sommes au tournant d’un monde qui ne leur est pas défavorable. Comme Schopenhauer et Nietzsche l’avaient compris, les cultes monothéistes sont des religions d’esclaves qui se fondent sur un sentiment réactionnaire et revanchard, qui prend particulièrement bien dans la misère annoncée et la paranoia qui fait office d’agent électoral quand l’écureuil de la Caisse d’Epargne est obligé d’accepter des rôles de chat blanc pour une marque de garagistes. A nous, athées qui ne croyons ni en Dieu ni en la présidence de la République de quel bord politique qu’elle soit, de trouver un chemin entre la peur qui amène l’extrême-droite au pouvoir un peu partout en Europe, et le réenchantement d’un rêve quelconque qui se paie de mots pour ne pas affronter (ou ne pas connaître) la réalité.

Dans un prochain épisode, nous endurerons les souffrances du jeune Werther en pensant à ce que le chanson à l’eau de rose a fait du romantisme de Musset, de Chopin, de Goethe et de Novalis.

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