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La marquise sortit à cinq heures …

Publié le 28 février 2008 par Frontere

La marquise sortit à cinq heures …Dans le cadre du cours de Master 2 de monsieur le professeur Dominique Triaire, Le roman de la fin du XVIIIe siècle, dispensé au premier semestre universitaire, je faisais le 9 novembre un exposé sur la nouvelle d’Heinrich Von Kleist, La Marquise d’O …, œuvre qui a fait l’objet d’une adaptation au cinéma en 1976.

Dont acte. 

Kleist (1777-1811) est surtout connu et reconnu en France depuis l’adaptation par Jean Vilar pour le festival d’Avignon de la pièce Le Prince de Hombourg en 1951, Gérard Philippe incarnait le prince : l’Histoire a retenu que ce fut un triomphe.

Kleist appartient à la génération du romantisme allemand : Goethe, Novalis, Hoffmann, qui apparaît à la fin du XVIIIe siècle en réaction contre le classicisme français.

Il est un être fragile, indécis, quelque peu perturbé. Par exemple, lui qui est un ancien officier par atavisme familial : sa famille a donné vingt maréchaux et généraux à la Prusse, s’est engagé en 1792, mais a démissionné au bout de sept ans de services, il est alors lieutenant. Paradoxalement, il veut s’engager en 1803 dans les armées napoléoniennes, mais soupçonné d’espionnage, il est emprisonné ; il écrit dès qu’il est libéré des textes d’inspiration nationaliste. Comprenne qui pourra.

Toute sa vie sera marquée par une dialectique désir d’intégration (dans la société, dans la littérature, dans le mariage)/état de déréliction (sentiment d’abandon et de solitude complète).

Il a surtout subi ce que la critique appelera « une crise Kantienne », de la lecture du grand philosophe il retire l’idée que tout savoir est vain. Seules l’innocence et la fidélité féminines représentent un espoir de salut pour retrouver l’harmonie universelle. Mais comme le Werther de Goethe qui a tant marqué sa génération, il choisira le suicide.

La source de l’œuvre La Marquise d’O … est à rechercher chez Montaigne, Essais, II,2, Sur l’ivrognerie.

A M … (Modène), la marquise d’O … (notons l’onomastique, les noms propres ne sont pas écrits en entier comme souvent chez Stendhal) est la fille du gouverneur de la citadelle. Veuve depuis trois ans (le délai de viduité est expiré), mère de deux enfants, elle est revenue à la mort de son mari vivre près de ses parents.

L’histoire qui nous est contée sous forme de discours indirect libre se déroule en 1799 lorsque l’armée de Souvarof, général russe, occupe l’Italie du nord, la Haute-Italie. La guerre éclate, les troupes russes (des asiates, russes d’Extrême-Orient) attaquent la citadelle, la bombardent puis la prennent d’assaut.

La marquise qui a voulu fuir pour se réfugier sous des voûtes souterraines se retrouve nez à nez avec une bande de tirailleurs qui essaient de la violer :

« Tiraillée de côté et d’autre par cette meute qui se la disputait de haute lutte, c’est en vain que la marquise appelait à l’aide ses femmes tremblantes qui s’enfuyaient par la porte. On la traîna dans la cour intérieure du château, et, là, elle allait s’effondrer sous les brutalités les plus odieuses lorsque parut, attiré par les cris de détresse de la dame, un officier russe qui, par de furieux coups, dispersa ces chiens lubriques acharnés à leur proie. Il apparut à la marquise tel un ange du ciel. »

Notons le champ lexical emprunté à la thématique de la chasse : “meute”, “de haute lutte”, “chiens lubriques”, “proie”.

L’officier apparaît comme un parfait gentleman, il offre son bras à la jeune femme et lui parle en français avec courtoisie ; après l’avoir tirée des griffes de ses hommes, il appelle un médecin, car elle s’est évanouie, et il repart au combat.

Dès qu’elle retrouve connaissance la marquise demande à son père, le gouverneur, de prévenir son sauveteur, le comte F …, lieutenant-colonel du corps de chasseurs : elle veut le remercier.

A suivre


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