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Les riches entre la réalité et la caricature

Publié le 17 décembre 2011 par Copeau @Contrepoints

Dans leur ouvrage intitulé All the Money in the World, Vintage, 2008, les journalistes Peter W. Bernstein et Annalyn Swan décryptent le monde des riches américains à partir du classement Forbes 400. Un travail remarquable dont les résultats nous offrent la réalité d’un monde respecté aux Etats-Unis et méprisé en France.

Un article de Bogdan Calinescu.

Les riches entre la réalité et la caricature
Mais qui sont les riches américains ? Si vous voulez le savoir, lisez cet ouvrage écrit par deux journalistes qui ont travaillé pour Newsweek, The New York Times ou Fortune. Au-delà des caricatures et des clichés, les riches sont des travailleurs acharnés. Plus de 80 % des millionnaires américains d’aujourd’hui le sont devenus grâce à leur travail et moins de 14 % ont fait fortune dans la finance. Ceux qui font partie du monde des sportifs ou du spectacle ne représentent que …2 %. Faut-il ajouter aussi que les Américains qui gagnent plus d’1 million de dollars par an donnent (aux associations caritatives) en moyenne 150 Mds de dollars chaque année ? Les riches ne sont pas du tout ceux que l’on croit…

D’abord, il est vrai qu’ils sont beaucoup plus riches qu’il y a 30 ans. En 1982 (date à laquelle Malcolm Forbes a réalisé la première liste), dans les 400 plus riches américains, il n’y avait que 13 milliardaires et leur fortune représentait 2.8 % du PIB. A la fin des années 2000, la fortune des 400 représentait 12.2 % du PIB. Cette liste des 400 est l’exemple même de la réussite américaine. Très peu d’anciennes familles d’aristocrates et d’héritages, la plupart des richesses étant constitués grâce au travail, aux idées et à l’esprit d’initiative. En 1982, dans la liste il y avait 12 grandes familles représentant 21.4 % du total qui héritaient leur fortune d’une génération à l’autre. Parmi elles, Du Ponts, Ford, Rockefeller… Fin des années 2000, ces familles n’étaient que 1.7 % : les Du Ponts avaient disparu et il ne restait qu’un Rockefeller..

Quelques chiffres qui en disent beaucoup sur les sources de richesse : dans la première liste Forbes, le pétrole était à l’origine des 22.8 % des richesses et l’industrie manufacturière, 15.3 % tandis que les technologies ne représentaient que 3 %. A la fin des années 2000, le pétrole et l’industrie sont tombés à 8.5 % alors que les technologies totalisent 12 % des nouvelles sources de richesse. Durant les 25 dernières années, 97 nouveaux immigrants ont intégré le club des 400 ce qui démontre les possibilités de réussite en Amérique. Sur les 25 dernières années, au moins 10 % de ceux présents dans la liste sont des self-made men, sans diplôme supérieur. Parmi les plus célèbres : Bill Gates, Sheldon Adelson (propriétaire de casinos), Larry Ellison (fondateur d’Oracle)  et le co-fondateur de Microsoft, Paul Allen.

En 1982, sur 400, environ 212 étaient à l’origine de leur fortune. 25 ans plus tard, plus de 300 l’étaient.

Ces 30 dernières années, les dons philanthropiques ont triplé aux Etats-Unis. Même si beaucoup d’Américains font des dons, les riches sont ceux qui créent des fondations et arrosent de nombreuses associations avec de centaines de millions de dollars. On connaît très bien la fondation Bill Gates avec un budget de plus de 13 Mds de dollars (9.8 Mds d’euros) dont la mission est la santé publique dans le monde, en particulier en Afrique. William Conway Jr, fondateur de la société d’investissement Carlyle Group donne 1 Md de dollars à des projets d’infrastructures, Howard Schultz, DG de Starbucks, avec un patrimoine qui dépasse les 750 millions de dollars, a créé une fondation consacrée à la formation des chômeurs. Pour ne citer que des fortunes récentes. Faut-il encore rappeler l’existence des fondations Ford ou Rockefeller ?

Voici un livre qui, à ma connaissance, n’a pas d’équivalent en France où pullulent les ouvrages qui démolissent tous ceux qui s’enrichissent. Le jour où l’on parlera en bien des riches c’est que la France aura bien changé.

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