Magazine Culture

Poezibao a reçu n° 196, dimanche 18 décembre 2011

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.  
Devant l’afflux de livres, Poezibao n’est plus en mesure de présenter chaque livre reçu de façon détaillée. Tous les livres reçus seront donc cités mais une partie seulement d’entre eux fait l’objet d’une présentation plus complète, accessible en cliquant sur « lire la suite de… » - pour les autres livres, Poezibao s’efforce de trouver des informations en ligne et donne les liens correspondants. 
  
○Antoine Emaz, Sauf, Tarabuste 
○Augusto de Campos, Poètemoins, anthologie, Les Presses du réel 
○Rémi Froger, Regarde ça, P.O.L.  
○Claude Salomon, Caténaires et postludes, Alidades 
○Jacques Jouet, Bailly en trompe-l’œil, Invenit 
○Franco Buffoni, Depuis que la mort va, Alidades 
○Carolyn Carlson, Dialogue avec Rothko, Invenit 
 
À propos de ces sept livres, lire une présentation détaillée en cliquant sur « lire la suite » 
 
  et aussi 
○Revue Apollinaire, n° 10, 20€ 
○François Heusbourg, Oragie, Mémoire vivante, 2011, 16€ 
○Adeline Olivier, Pan de muraille, Alidades/Echafaudage, 5€, en savoir plus 
○Fabien Prignot, La plus belle des créatures, la femme, Praelego, en savoir plus 

○Antoine Emaz, Sauf, Tarabuste, 2011, 330 p., 13€ 
 
Ce volume reprend, en les remaniant parfois, des poèmes extraits des ouvrages suivants : Poème en miettes, plaquette parue aux Éditions Tarabuste en 1986, Deux poèmes (idem, 1987), Poèmes communs (Echoptique, 1989), En deçà, extraits du recueil paru aux Éditions Fourbis en 1990, Poème-Carcasse (Tarabuste, 1991), L’élan, l’impact (Petits classiques du grand pirate, avec des dessins de Pierre Emptaz, 1991), Poème, trois jours, l’été (PAP, avec des dessins de Sophie Bouvier, 1992), C’est, extraits du recueil paru aux éditions Deyrolle en 1992, Peu importe (Le Dé bleu, 1993), Poème, corde (Tarabuste, 1994), De près, de plus loin (livre d’artiste avec Jean-Marc Scanreigh, 1996), Sans faire d’histoire (idem, 1998), Soir (livre d’artiste avec Joël Leick, 1998), Soir (livre d’artiste avec Anne Slacik, 1999), Soirs (Tarabuste, 1999), Un de ces jours (livre d’artiste avec J.-M. Scanreigh, 1999), D’une Haie de fusains hauts (livre d’artiste avec Maire Alloy, Le Silence qui roule, 2000), Ras (Tarabuste, 2001. Le présent volume complète donc, sans la recouper, l’anthologie Caisse Claire (1990-1997) établie par François-Marie Deyrolle et publiée dans la collection Points-Poésie en 2007.  
 
 
○Augusto de Campos, Poètemoins, anthologie, édité et traduit du portugais (brésilien) par Jacques Donguy. Préface de Jacques Donguy, édition bilingue (français / portugais), Les Presses du réel, 2011, publié avec A.D.L.M, 208 pages, 25€, sur le site de l’éditeur 
L'anthologie du fondateur de la Poésie Concrète au Brésil, auteur d'une œuvre radicale aussi influente dans le champ littéraire qu'artistique. 
L'anthologie bilingue Poètemoins d'Augusto de Campos regroupe un choix de poèmes à partir de ses trois recueils Viva Vaia (Viva Vivant), Despoesia (Dépoésie) et Nao Poemas (Non Poèmes), des mythiques Poetamenos de 1953 à ses dernières créations.  
L'ouvrage commence (couverture) par un hommage à Mallarmé, l'hologramme Poema Bomba, à partir d'une phrase citée par Sartre : « Il n'y a pas d'autre bombe qu'un poème » et se termine par une phrase de Mallarmé mise en page typographiquement à la manière concrétiste : « Des contemporains ne savent pas lire », en réponse à un reproche d'obscurité qu'on lui faisait. Cette traduction des principaux poèmes d'Augusto de Campos, le poète de São Paulo à l'origine en 1953, avec le poète suisse Eugen Gomringer, du mouvement international de la Poésie Concrète, a été réalisée à partir notamment des derniers recueils parus au Brésil, dont Não, Non.  
Les derniers poèmes (notamment présentés dans le cadre de la 11e Biennale de Lyon) sont en fait des fichiers informatiques conçus comme des œuvres. La question posée est celle de la modernité en écriture. Augusto de Campos nous renvoie à cette modernité initiée en France par le Coup de Dés de Mallarmé ou les Idéogrammes lyriques d'Apollinaire. Un poème pose la question de la post avant-garde : Pós-tudo, Post-tout. Avec le mot « MUDO », à la fois « je change » et « muet ». L'usage de l'ordinateur comme médium ouvre de nouvelles possibilités à cette avant-garde. Ce qui n'empêche pas le livre, comme en témoigne cet objet, impossible à réaliser sans l'ordinateur. 
 
 
○Rémi Froger, Regarde ça, P.O.L. 2011, 112 pages, 13€, sur le site de l’éditeur (premières pages à lire en ligne)  
 
Des actions, des scènes, des personnages bouleversés, décarcassés, rotatifs : une carte de géographie, un homme qui mange une pomme, une course poursuite, un mur qui passe à l'ombre, un talus de décharge, des coups de feu, une femme devant une porte, un mur, des déjections animales, un homme qui grille, un enregistrement de radar, une voiture et des camions, etc. Des jonctions, du mortier. De début, il ne peut pas y en avoir, ni de fin. Mais des départs qui se succèdent, sans savoir. Une façon de s'oublier ou de lier le tout. Je me laisse là. Je scribe.
Le scribe ne dit rien d'autre que ce qui est écrit. Les phrases se font du monde, devant. Le scribe les essaie. Elles font la route. Il les suit. Sans éviter les incidents, les défaillances ou les changements de vitesse. Souvent, il s'égare. Il agrège ce qui se présente. Il fait tourner ça, lui autour et tout autour.
Le scribe écrit de la poésie réaliste. 
 
 
○Claude Salomon, Caténaires et postludes, Alidades, 2011, 40 pages, 5,00€. Sur le site de l’éditeur 
 
« Caténaires, de catena la chaîne, désignent les dispositifs de suspension des câbles qui jalonnent un parcours électrifié de chemin de fer. Par association d'idées, ils relient ici à des absents perdus de vue, par conséquent injoignables, qui n'en marquèrent pas moins quelques moments de qui je fus. Postludes sont pour leur part des digressions sur le thème de qui je suis, où la véracité de quelques faits et gestes ne protège pas des déterminations fictives du mythe poétique, à commencer par la référence à la première personne." C.S. 
Né en 1939, Claude Salomon vient assez tardivement à l'écriture poétique. Ses textes ont paru dans de nombreuses revues. Plasticien et enseignant en arts plastiques, son intérêt pour l'écriture le conduit à publier des essais et des notes critiques, tout autant qu'à se tourner vers la traduction de poésie. Il a publié chez Alidades une traduction des Méditations divines de John Donne, et une traduction des Élégies de Properce aux éditions de la Différence. 
 
 
Jacques Jouet, Boilly en trompe-l’œil, collection Ekphrasis, Invenit, 2011, 10€ 
 
Une lecture de Jacques Jouet d’après l’œuvre de Louis-Léopold Boilly. 
Mais qui trompe qui, de l’oulipien Jacques Jouet ou du peintre aux cinq mille portraits, Louis-Léopold Boilly (1761-1845), dans cette lecture illusionniste du Trompe-l’œil aux pièces de monnaies sur le plateau d’un guéridon (1808-1814, Palais des beaux-arts, Lille) ? Car entre cet artiste « qui ne range pas ses affaires » et se représente en les éparpillant, et le poète dont la liberté ne s’exprime que sous la contrainte, il s’agit bien d’un « pacte poétique », une ruse toute en perspectives dans laquelle le lecteur s’égare sans aucune illusion et se laisse conter, pour son plus grand plaisir, « l’art dans l’œuvre d’art ». 
Exposition "Louis Boilly (1761-1845)", Palais des beaux-arts, Lille, 4 novembre 2011 - 6 février 2012. 
 
 
○Franco Buffoni, Depuis que la mort va, Di quando la morte va, traduiot de l’italien par Philippe di Meo, édition bilingue, Alidades, 2011, 52 pages, 6€ 
 
Né à Gallarate, près du Lac Majeur, en 1948, Franco Buffoni a enseigné les littératures comparées à l’université (Bergamo, Cassino, Milan-IULM, Parme et Turin). Poète et traducteur, il a publié de nombreux recueils poétiques, en particulier I tre desideri, Quaranta a quindici, Suora carmelitana e altri racconti in versi et l’anthologie Adidas (édit. française : Adidas, Poésies choisies 1975-1990) et, en 2000, dans la prestigieuse collection ‘Lo Specchio’ des éditions Mondadori, Il Profilo del rosa. Franco Buffoni dirige à Milan, aux éditions Marcos y Marcos, la revue de théorie et pratique de la traduction littéraire ‘Testo a fronte’. En 1999, sous le titre Songs of spring, est parue une large sélection de ses traductions d’œuvres poétiques de langue anglaise. Ses poèmes sont publiés dans les plus importantes anthologies de la poésie italienne contemporaine.
Citons, pour ce qui concerne la France, Dans la maison rouverte, 1998, Cognac, Le Temps qu’il fait, traduction de Monique Baccelli et Bernard Simeone. Le livre anticipe deux sections de : Il profilo del Rosa. Auparavant, avait paru, en 1994, le recueil Adidas chez Créaphis, qui incluait des fragments du livre homonyme, et en 1995 un autre choix de poèmes fut publié par Le Temps qu’il fait dans l’anthologie Lingua, la jeune poésie italienne, de B. Simeone. 
 
 
○Carolyn Carlson, Dialogue avec Rothko, traduction de l’américain par Jean-Pierre Siméon,  édition bilingue, collection Ekphrasis, Invenit, 2011, 12€. En vente en exclusivité depuis le 23 novembre 2011 à la librairie du Centre Pompidou qui accueille l’exposition Danser sa vie (23 novembre 2011 – 4 avril 2012), et dans les librairies du Palais des beaux-arts de Lille, du LaM (Villeneuve d’Ascq) et de La Piscine (Roubaix), et à partir du 18 janvier 2012 dans toutes les librairies. Site de l’éditeur 
 
Une lecture de Carolyn Carlson d’après l’œuvre de Mark Rothko, « Black, Red over Black on Red » 
« Ce serait bien qu’on puisse construire partout dans le pays des lieux, des sortes de petites chapelles, dans lesquelles un voyageur ou un promeneur puisse méditer longuement sur un unique tableau accroché dans une petite salle » (Mark Rothko) : nul autre artiste ne rejoint aussi naturellement l’ambition de la collection Ekphrasis. En regard de cette fusion sensorielle entre l’œuvre et celui qui la reçoit, la chorégraphe, danseuse et poéteCarolyn Carlson s’impose naturellement, elle qui préfère au terme « chorégraphie » celui de poésie visuelle.  


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