New York Story 28

Trois fenêtres…

C'était donc ma première journée à New York. J'avais passé la nuit dans une guesthouse, au nord de Central Park, au coin de Lexington avenue, sur la 112ème rue… Ce matin-là, je décidais de redescendre cette Avenue jusqu'à son “terminus”. Je me demandais comment finissaient les rues à Manhattan, puisqu'elles sont si longues. Leur seul obstacle ne pouvait être que l'un des fleuves… Je pensais donc arriver tout en bas, là où les ferries s'en vont vers Staten Island… Mais non, Lexington avenue est interrompue par un petit jardin, le Gramercy park. Première petite leçon newyorkaise : un jardin peut couper la route à une avenue, aussi belle et grande soit-elle.

En chemin, tout en descendant consciencieusement vers downtown, j'ai fait un détour de quelques centaines de mètres - de haut - en montant sur la terrasse de l'Empire State Building. Contrairement aux promesses de la brochure, la vue la plus saisissante a été celle aperçue au 82ème étage, étrange zone en travaux. Un espace ouvert de tout côté, la zone de transfert vers un deuxième ascenceur, le 86ème étage, n'étant accessible qu'après être passée sous les fourches caudino-photographiques du lieu…  Indocile, j'ai rasé les murs et fait le tour des fenêtres. Devant chacune, j'ai bien regardé vers là où je voulais poursuivre et j'imaginais encore Lexington avenue, rejoindre comme une troisième rivière, l'Hudson et l'East river.

La veille, dans le taxi qui me projetait sur son pare-brise la ville dans un road movie dont j'étais l'héroïne, je me demandais quand commençait le voyage… Aujourd”hui, je me dis qu'il n'y a pas de début, ni de fin : il y a un voyage, qui se poursuit encore aujourd'hui lorsque j'écris ces lignes, comme un début toujours recommencé, recomposé, revécu.