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L’indépendance du centre a un sens profond

Publié le 23 décembre 2011 par Soseki

Le clivage Gauche-Droite est de plus en plus inadapté pour appréhender la complexité de notre époque. Leur opposition systématique sur de nombreux sujets relève plus de l’ordre de la posture que de l’ordre de la conviction. Et  cela est d’autant plus apparent que les politiques qu’ils mènent en réalité sont autant convergentes que leurs discours sont divergents. Ce triple décalage entre les discours, les actes et les réalités complexes de notre époque explique largement leur impuissance chronique à trouver des solutions aux principaux problèmes auxquels nos concitoyens sont confrontés.

La difficulté de François Hollande à fixer une ligne politique claire, et les retournements de vestes incessants de Nicolas Sarkozy ne sont pas dus qu’aux travers de leurs personnalités respectives, mais ils expriment quelque chose de beaucoup plus profond : les crises de 2008 et de 2011 ont sapé les fondements intellectuels de la Droite et de la Gauche.

La crise de 2008 a profondément déstabilisé la Droite car ce sont les solutions qu’elle a préconisées (société de propriétaires par le crédit facile, fonds de pensions pour la retraite par capitalisation, dérégulation, …) pendant  les trois décennies des années 80, 90 et 2000 qui, en étant mises en application un peu partout dans le monde, ont provoqué cette crise. C’est l’absence de régulation du système financier pour laisser  « la main invisible du marché » la faire « naturellement », ainsi que le dogme de la liberté de circulation des capitaux appliqué jusqu’à l’absurde qui sont à l’origine de cette crise. La Droite, en adoptant la doxa néolibérale sous l’influence d’économistes comme Milton Friedman et Friedrich Hayek, ou de politiques comme Margaret Thatcher et Ronald Reagan, a au fond sacrifié les intérêts de ses clientèles traditionnels (les entrepreneurs, les agriculteurs, les commerçants, …) pour satisfaire les appétits des actionnaires et des rentiers.

Quant à la crise de 2011, elle déstabilisera durablement la Gauche car c’est le modèle d’Etat providence qu’elle a mis en place qui n’a plus d’avenir. La redistribution des richesses et le traitement des problèmes sociaux ne pourra plus se faire principalement par ses moyens d’action traditionnels que sont la distribution d’allocations ou celle de subventions. Il faudra inventer un nouveau type d’Etat capable de protéger mieux en dépensant moins.

Biensûr la réalité politique est moins manichéenne puisque la Droite a largement participé aux gaspillages de l’Etat providence, même si c’est la Gauche qui  est la plus ébranlée par sa remise en cause. Tout comme la Gauche a largement participé à la capitulation devant la finance folle, même si ce sont les dogmes néolibéraux de droite qui sont là remis en cause. Cependant, quelques soient les responsabilités des uns ou des autres, ces remises en cause sur des sujets aussi essentiels font que c’est l’ensemble de notre modèle de société qui est à refonder.

Pour faire face à ce défi, le Centre ne peut donc plus être la modération sociale de la Droite ou la modération budgétaire de la Gauche, le ni-ni ou l’entre-deux. Il ne peut plus reposer sur un positionnement par rapport à ces deux piliers historiques de notre démocratie d’opinion que sont la Droite et la Gauche, car ceux-ci sont profondément et durablement affaiblis par les évolutions historiques! Il doit désormais avoir l’ambition de devenir un nouveau pilier à part entière de notre démocratie, en suscitant un nouveau grand courant d’opinion qui va la régénérer par des réponses nouvelles à la crise multiforme que nous vivons, et, plus généralement, par la proposition d’un nouveau modèle de société, humaniste, cohérent, et réaliste.

Ce sont donc cette mission d’intérêt général, et l’esprit pionnier nécessaire pour la réaliser, qui justifient profondément l’indépendance du Centre. Au sens noble de la politique, c’est aussi le refus du néolibéralisme qui explique fondamentalement la prise d’indépendance du Centre par rapport à la Droite, comme c’est le refus du laisser-aller dans l’endettement provoqué par un Etat providence toujours plus dépensier qui explique la volonté du Centre de garder son indépendance par rapport à la Gauche classique.

La seule certitude que l’on peut avoir dans notre époque incertaine est que l’ampleur des changements qui s’imposent à notre société constituent une telle révolution dans nos habitudes qu’ils ne pourront passer que par une révolution politique, et certainement pas par une nouvelle alternance stérile entre la Droite et la Gauche. La question est donc sur la nature de cette révolution politique. Sera-t-elle une révolution destructrice et violente qui prendra pour bouc émissaire soit les immigrés, soit les privilégiés ? Sera-t-elle au contraire une révolution constructive et pacifique où l’on réalisera l’union nationale dans le but de « se retrousser les manches collectivement » pour reconstruire notre industrie, pour redonner la priorité à l’éducation, pour réaliser une transformation massive et réaliste de nos modes de consommation et de production, pour réformer notre fiscalité dans le sens de plus de justice sociale et de simplicité, pour gérer autrement notre secteur public, pour réguler réellement et efficacement la finance, … ?

C’est pour moi la mission du Centre indépendant de réaliser cette révolution constructive et pacifique. C’est le rôle du MoDem d’en être le fer de lance convaincu, imaginatif et décomplexé. Voilà pourquoi la victoire de François Bayrou en 2012 est nécessaire, et la réussite ensuite du gouvernement de la Majorité du Courage est indispensable pour donner un avenir de paix et de prospérité à notre pays.


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