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Laurent Wauquiez, révélation de l'année 2011.

Publié le 29 décembre 2011 par Juan
Laurent Wauquiez, révélation de l'année 2011. 2011, c'est un peu son année. Laurent Wauquiez s'est imposé parmi les premiers de la classe sarkozyenne. C'est un jeune gars qui compte. Le jeune ministre, et ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy, a trouvé sa place sur la scène sarkofrançaise.
Il était conscient qu'il risquait la marginalisation politique prématurée. Il voulut se replacer au coeur, si ce n'est au centre, du dispositif sarkozyen pour 2012.
Le tout pour mieux préparer 2017.
Singer son maître ?
Laurent Wauquiez a choisi d'imiter Nicolas Sarkozy. Il est certes moins doué, ou il ne joue pas dans la même cour. Jugez plutôt. Il parle comme lui. Pourtant richement diplômé, Laurent Wauquiez se force à quelques expressions « populaires » ou autres fautes de Français « faites exprès ».
Il singe aussi certains tics d'argumentation. Ainsi, il y a quelques jours, il s'est engouffré dans la mode protectionniste du moment, (en réclamant « Un protectionnisme moderne, (...) un protectionnisme européen, qui accepte le bras de fer avec nos principaux rivaux ») reprenant à son compte les positions d'Arnaud Montebourg, avant de déclarer que « la démondialisation à la Montebourg, c'est un concept de bobos fondé sur l'idée que tous les pays vont s'unir et qui fait l'impasse sur la circulation des travailleurs ».
Allez comprendre...
Sa circonscription, en Haute-Loire, il l'a obtenu sur un plateau. Il était suppléant d'un plus centriste que lui, Jacques Barrot, ex-CDS depuis décédé. Elle est moins prestigieuse que Neuilly-sur-Seine, mais fait davantage « terroir ». A l'UMP, il fait des jaloux. Il agace même Jean-François Copé qui le concurrence sur le terrain de la « modernitude ».
Depuis l'élection de François Hollande comme candidat socialiste à la présidentielle, Laurent Wauquiez est l'un des portes-flingues de Nicolas Sarkozy tout désignés pour tacler le candidat.
Conflit d'intérêt ?
Le 13 décembre dernier, il reprenait l'un des arguments favoris de Marine Le Pen, impliquer François Hollande dans les scandales en cours qui affectent trois fédérations du parti socialiste: «On a trois fédés du PS - Pas-de-Calais, Nord, Bouches-du-Rhône - qui ont au mieux des pratiques crapoteuses».
Des pratiques « crapoteuses » ?
En juillet 2010, l'affaire Woerth bat son plein. Laurent Wauquiez est secrétaire d'Etat à l'Emploi. Il rencontre des hommes d'affaires, banquiers et responsables de Hedge Funds, à Londres. Il les sollicite pour qu'ils donnent quelques fonds à son micro-parti personnel, baptisé Nouvel Oxygène (sic!). La démarche est indécente.
« Le 28 juin, le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, se rend à Londres pour une réunion sur le thème de l'emploi à La City. L'occasion aussi d'y évoquer le financement de son micro-parti politique, Nouvel Oxygène, lors d'un dîner avec des banquiers et des gérants français de fonds spéculatifs. »
Source: le JDD du 16 juillet 2010
D'après la Commission Nationale des Comptes de Campagne, le micro-parti de Laurent Wauquiez a récolté 14 dons de personnes physiques en 2009, de 2400 euros en moyenne, pour 34.452 euros au total. L'année précédente, il avait reçu quelques 52.000 euros. Rien de bien grave, juste une trentaine de SMIC mensuels pour alimenter un curieux parti en marge de l'UMP à laquelle Laurent Wauquiez est évidemment adhérent de plein exercice. Interrogé quelques jours plus tard, il s'est défendu: « Franchement, ce n'était pas des grosses sommes, c'est moins que ce qu'on peut avoir en d'autres occasions ».
« D'autres occasions » ? Lesquelles ?
Social ?
En mai 2011, Laurent Wauquiez fait enfin parler de lui. Nicolas Sarkozy lui a retiré la rédaction du projet de l'UMP pour 2012. Le jeune homme veut sans doute faire parler de lui. Il dénonce donc « l'assistanat », ce « cancer de la société » qui permet à des pauvres de cumuler les minima sociaux aux détriments de ces autres pauvres qui travaillent et cotisent. Cette salve antisociale est paradoxale de la part d'un jeune homme qui a profité d'une décennie d'études supérieures financées par la collectivité. Dans le détail, Wauquiez réclamait trois choses: (1) du travail obligatoire pour les bénéficiaires du RSA (il suggère 5 heures, Sarkozy retiendra une expérimentation sur 7 heures par semaine); (2) un plafonnement à 800 euros par mois des minima sociaux; (3) réserver le bénéfice de l'assurance sociale aux étrangers ayant cotisé au moins cinq ans en France mais avancer à trois mois (contre 6 mois actuellement) la période de résidence en France pour qu'un travailleur étranger soit assujetti à l'impôt.
En juillet 2011, Laurent Wauquiez est remercié. Et il remercie: « C’est pour moi un immense honneur que le Président de la République m’ait demandé de succéder à Valérie PÉCRESSE. Et c’est avec beaucoup d’émotion que je prends la tête du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Je sais tout ce que je lui dois dans mon parcours personnel : j’ai eu le bonheur de rencontrer des enseignants et des chercheurs d’une qualité exceptionnelle, de ceux qui marquent une vie et qui décident d’un engagement. »
En novembre, il confie qu'il n'est pas très responsabilisant d'indemniser les malade pendant leurs arrêts. Le gouvernement venait d'annoncer qu'il ajoutait une quatrième journée de carence de rémunération en cas de maladie, mesure à laquelle il renonça. « Si jamais, quand vous tombez malade, cela n'a aucun impact sur votre indemnité et votre salaire, ce n'est pas très responsabilisant. Du coup, on a un peu l'impression que la sécurité sociale est quelque chose sur lequel on peut tirer sans qu'il y ait un impact ».
Pour les classes moyennes ?
A l'automne 2011, le jeune Wauquiez sortait un livre sur les classes moyennes. C'est son dada. Ces dernières seraient les premières victimes d'un Etat providence qui ne se consacre qu'aux pauvres. Tout est bon pour marteler son argument. Wauquiez préfère les anecdotes aux statistiques, les exemples théoriques à la réalité de masse. En octobre, il s'en est pris aux HLM, qu'il voudrait voir réserver à ceux qui travaillent. Interrogé, il n'explique pas comment il compte loger ceux qui ne travaillent. Pour mémoire, près de 60% des HLM sont occupés par des gens en activité.
Laurent Wauquiez cherche à instrumentaliser au mieux la peur du déclassement. Il cherche régulièrement son inspiration chez Guillaume Peltier, un ancien (mais encore jeune) du Front National. Son indignation est à sens unique. On l'a peu entendu sur la hausse de TVA, les nouvelles franchises médicales, ou les faibles contributions demandées aux foyers les plus aisées (taxe temporaire en 2012, relèvement marginal de leur cotisation pour les retraites, etc). 
Ministre absent
On entend rarement Laurent Wauquiez sur l'action de son propre ministère.  En 2007, il fut porte-parole du gouvernement, sans autre porte-feuille précisément affecté. Au printemps 2008, il devient secrétaire d'Etat à l'Emploi.
Il assiste silencieux à l'envolée du chômage. La fusion de l'ANPE et des ASSEDIC est réalisée au pire moment, en décembre. Le nouveau pôle emploi recevra moins de 2.000 renforts temporaires (alors que le chômage s'envole d'un million de personnes !).
Wauquiez tait également l'échec de la sous-traitance privée du reclassement de certains chômeurs. Il travaille sous la tutelle de Raymond Soubie, conseiller social de Sarkozy jusqu'en septembre 2010.
Début 2010, on s'inquiète du sort des centaines de milliers de demandeurs d'emploi de longue durée qui seront éjectés de l'indemnisation chômage à la fin de l'année. Deux ans auparavant, la mise en œuvre de la défiscalisation partielle des heures supplémentaires par le gouvernement avait déstabilisé l’emploi intérimaire et en CDD, bien avant la récession économique de l’été 2008, le krach boursier puis le resserrement du crédit de l'automne 2008. Laurent Wauquiez est encore secrétaire d'Etat à l'emploi. On pensait qu'il incarnait la droite dite sociale, on allait  déchanter. Il fait patienter. Pas question de lâcher un nouvel accompagnement social. Il suggère de «répartir» différemment l’assurance chômage car, selon lui, ce problème est avant tout une « question de gestion de l'assurance dans la crise ». En juin 2010, Sarkozy lâche 460 euros mensuels par personne, « sous conditions ».
Devenu ministre des Affaires européennes en 2010, il disparaît carrément du radar médiatique. Les crises se succèdent, la Grèce puis l'Irlande frôlent la faillite. Mais le sujet est préempté par Nicolas Sarkozy lui-même. Wauquiez n'existe plus.
Mi-2011, il récupère le porte-feuille de l'Enseignement Supérieur. Là encore, on l'entend peu détailler son action. C'est un ministre à temps partiel, du mardi au jeudi soir. Il a ravi la mairie du Puy-en-Velais à la gauche en 2008. Il écrit un livre. Il travaille au programme de l'UMP pour 2012.
A la rentrée 2011, il annonce enfin que la promesse présidentielle d'octroyer un 10ème mois de Bourse aux étudiants faite deux ans auparavant serait enfin réalisée ! Début novembre, il ne voit aucun problème avec la circulaire Guéant du mois de mai qui facilite l'expulsion d'étudiants étrangers.
Laurent Wauquiez, comme ses collègues ministres, aurait pu au moins faire le service après-vente de l'action sarkozyenne en matière d'enseignement supérieur. Nous étions curieux de savoir ce qu'il pensait des promesses de financement non tenues (4 milliards d'euros au lieu de 9 promis sur 5 ans), du retard de l'opération Campus, ou du maintien des statuts des personnels universitaires devenus autonomes. Mieux, en cette période de rigueur budgétaire, comment le ministre pense-t-il aider des universités autonomes à gérer la baisse de leurs dotations publiques ? En novembre dernier, les facs de Pau et Bretagne-Sud, Nantes et Bordeaux 3, et Limoges ont alerté leur personnel sur leurs déficits budgétaires. Le ministre a préféré enfumer la presse avec des chiffres aléatoires.
Ami sarkozyste, choisis mieux ta relève.

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