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Les philosophes Anglo-Saxons du XVIIIe siècle 2: William Godwin sa vie, son œuvre 1

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam

William Godwin, sa vie, son œuvre: Sa vie.

William Godwin

La vie de William Godwin ne fut pas un exemple de franche gaieté.
Une enfance et une adolescence terne, une jeunesse rigide voici donc une partie du parcours d’un esprit brillant anglais. Confronté à ce genre d’existence, un homme peut à priori reproduire le même modèle.
Il peut le rejeter pour ne pas faire vivre la même expérience à autrui. Par exemple, ne pas donner àson enfant la même éducation austère.
Mais il peut également après réflexion et analyse en tirer un bénéfice personnel.
On peut également imaginer chez Godwin esprit brillant, une savante alchimie entre toutes ces réactions.
En ce sens, la biographie de William Godwin est hautement intéressante.
Une enfance et une adolescence volées.
William Godwin est né le 3 mars 1756 à Wisbech qui est un canton de Cambridgeshire.
Son grand-père et son grand-père étaient des pasteurs calvinistes.
Les calvinistes sont connus pour leur vie austère, leurs mœurs rigides et leurs rapports durs avec autrui.
Le père en plus, est un fervent adepte de l’usage de la raison en toutes circonstances.
C’est donc tout naturellement que le jeune Godwin reçut une éducation sévère.  À ce propos, on rapporte l’épisode suivant. Un dimanche, il reçut une sévère réprimande de son père pour s’être amusé avec un chat. Il n’avait que 5 ans. « Un dimanche, je me promenais dans le jardin, le chat sur le bras ; mon père m’aperçut et me réprimanda sévèrement. Il rougissait, me disait-il, de me voir ainsi profaner le jour du Seigneur. » W.G.

La mère en plus d’être de petite culture était une femme extrêmement pieuse.

Voici ce que Godwin écrivit sur sa mère qui eut quelque influence sur son fils :
« Tant que son mari vécut, ma mère s’occupa d’atténuer, de modérer ses austérités. Quelques paysans furent assez impertinents pour l’accuser de porter des parures trop brillantes. Elle était facétieuse, avait la prétention de savoir conter une anecdote et de décocher une repartie piquante. C’était une épouse obligeante, soumise et fidèle, habile à régler les détails du ménage. II n’y eut peut-être jamais deux personnes que la calomnie fût aussi impuissante à attaquer que mon père et ma mère. Je parle ici du caractère de ma mère, du vivant de mon père. Après sa mort, en effet, ce caractère subit un changement notable : elle s’abandonna aux espoirs visionnaires, aux terribles frayeurs des méthodistes et elle régla ses dépenses ordinaires avec une parcimonie ennuyeuse. » W.G

Pour parfaire son éducation, il eut droit à des instructrices âgées et dévotes, dont une parente éloignée octogénaire. C’est donc naturellement que le petit William à partir de cinq dut lire et relire la Bible.
Entre-temps, la famille déménagea à plusieurs reprises.
On rapporte qu’à l’âge de 8 ans il fit des prêches si éloquents dans la description des enfers qu’il fit peur à ces camarades. En particulier un de ses camarades Nommé Steel. « Je lui parlais de péchés, de la damnation, et lui arrachais des larmes ». W.G

En 1767, à onze ans, il fut confié à un vrai maître, le révérend Samuel Newton, de Norwich, pasteur de la secte des indépendants et disciple de Sandeman le terrible apôtre du Nord.
Sandeman était l’un des sectaires les plus fanatiques du protestantisme anglais au XVIIIe siècle, et dont Godwin  pour caractériser le pessimisme et la dureté a dit : « Si Calvin a damné quatre-vingt-dix-neuf pour cent des hommes, Sandeman a imaginé le moyen de damner quatre-vingt-dix-neuf pour cent des calvinistes. »

Newton trouvait en Godwin l’enfant idéal qui étudiait sans relâche et sans rechigner.

« Tous mes plaisirs étaient sédentaires, a t’il dit. De mon propre mouvement, j’aurais passé des semaines entières sans aller dans la rue. » W.G

Son père décéda alors qu’il était âgé de 16 ans. On dit que le jeune William reçut la nouvelle avec une indifférence extérieure. On peut légitimement penser qu’il en fut profondément marqué, mais ne laissa rien transparaitre.
« Mon père n’était certainement pas, comme mon grand-père paternel, un savant ; il était plus que cela : c’était un cœur généreux et pur. Ardent en amitié, toujours prêt à consoler autrui dans les circonstances pénibles »
Formation de pasteur calviniste.
Il entra finalement au collège pour suivre la trace de son père et grand-père : il deviendra à son tour pasteur calviniste.
Il va se monter très fervent dans les études théologiques ne se ménageant point, travaillant même en été plusieurs heures par jours. Ce qui ne manquera pas de le marquer sévèrement sur le plan psychologique.
« Pendant tout un été, je me levai à 5 heures et me couchai à minuit, pour m’occuper de théologie et de métaphysique. » W.G
Finalement en 1778 il est pasteur à Ware. Il a tout juste 23 ans et il aura passé toute cette partie de sa vie à étudier la Bible, la rhétorique, la théologie.  Il n’a presque jamais connu le divertissement.
Et il partageait les idées de Sandeman.

Rencontres décisives.  
Quatre hommes eurent une influence décisive sur Godwin selon ses propres dires :
Joseph Fawcet, Thomas Holcroft, Georges Dyson et Samuel Taylor Goleridge
Rencontre avec Joseph Fawcet:
Il était du même âge que lui. Ils avaient un commun amour des discussions philosophiques. Joseph Fawcet était doué d’une éloquence d’une rare et saisissante nature. Son goût de l’indépendance touchait à l’anarchisme. Il prêchait surtout la destruction de tous les sentiments de famille.
Godwin qui à l’époque n’avait pas encore développé un esprit critique fut subjugué par les idées révolutionnaires de son ami qui remettait en question les ordres établis surtout celle concernant la famille.
Rencontre avec Frédéric Norman:
Norman était passionné et adepte des philosophes français. Il prêta quelque livre à Godwin qui découvrira : Rousseau, Helvétius, Mably. La lecture de ces philosophes produisit sur le jeune prêtre un choc si immense, qu’il en perdit sa foi chrétienne pour se rapprocher comme Voltaire du Déisme.
Il abandonnera quelque temps après définitivement ses fonctions de pasteur pour se consacrer à la littérature.

William Godwin et Mary Wollstonecraft.

Mary Wollstonecraft

À l’époque où elle allait connaitre Godwin, Mary était gouvernante et sortait d’une déception amoureuse avec un citoyen américain. Elle avait une fille qui se prénommait Fanny.
Mary était une femme de lettres qui a écrit un livre pour enfant, une histoire de la Révolution française.
Mais c’est surtout dans la défense de la femme qu’elle va se distinguer avec son ouvrage féministe : Défense des droits de la femme.
Le mariage secret entre William Godwin et Mary Wollstonecraft est une énigme :
Ces eux êtres se différencient totalement. Autant Mary est sensible, autant William est pure raison
En se mariant, Godwin se mettait en contradiction avec les principes énoncés dans l’enquête sur la Justice. Partiellement du moins, car ils ne cohabitèrent pas, se contentant de relation par l’intermédiaire de billets:  Invitation à diner ou à se promener, etc.
Cependant, il y avait une réelle affection entre les deux  époux qui ont du cohabiter ne serait ce que des instants courts puisqu’ils  eurent une enfant. Mary qui deviendra très célèbre par la suite en écrivant le célèbre Frankenstein.
« Ne trouvez-vous pas la solitude infiniment préférable à la société d’un mari ? »  lui écrivit William Godwin.
Et Mary envoie la réponse attendue et provoquée :
« Je n’ai pas pris de plaisir à mon repas solitaire, un mari est un meuble agréable dans une maison »

On peut penser que Mary Wollstonecraft se soit lassée de ce genre de relation. En effet à l’une des lettres de Godwin elle répondit ceci :
« L’un des plaisirs, me dites-vous, que vous vous promettiez de votre voyage était l’effet que votre absence pourrait produire sur moi. Certainement, au début, mon affection s’est accrue, ou plutôt elle a été plus vivante. Mais maintenant, c’est tout le contraire ! Vos dernières lettres pourraient avoir été adressées à n’importe qui. Elles ne ressemblent à rien moins qu’à des mémentos d’affection. Tout ce que vous aviez emporté de tendresse semble s’être évaporé dans le voyage ; de nouveaux spectacles et les hommages d’esprits vulgaires vous ont rétabli dans votre philosophie glaciale. »
Mary Wollstonecraft mourut en couche. William en fut très affecté.
Par la suite Godwin tenta sa chance avec Harriet LEE qu’il assaillit de lettres vantant le mérite du mariage : « Le célibat rétrécit et paralyse l’esprit, et le prive des plus précieux sujets d’expérience ».
Grande contraction donc avec les affirmations de « l’enquête sur la Justice ».

Puis avec une jeune veuve Mme Revelly.
Ces tentatives de liaisons révèlent comme il a déjà été dit, un Godwin en totale contradiction avec ces idées sur le mariage et la cohabitation.
Il va finalement se marier et cohabiter avec Mme Clairment, une parfaite mégère si loin de la douce et cultivée Mary Wollstonecraft.
Une fin de vie pauvre et anonyme.
Godwin devait ensuite connaitre l’anonymat et la misère. Il n’arrivera jamais à renouveler le succès de « L’enquête sur la Justice Politique”
Il mourut le 7 avril 1836. Aucune des notices nécrologiques que certaines revues lui consacrèrent ne comporta l’étendue et les termes dus à l’importance du penseur disparu



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