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Fin d'un eldorado pour les expositions-ventes de BD ?

Par Manuel Picaud
L'année 2011 est marquée par une croissance sans précédent des expositions-ventes d'originaux de bandes dessinées en France et en Belgique. Le mouvement est particulièrement constaté à Paris et à Bruxelles. L'excédent de l'offre est-elle compatible avec la demande, face à la progression parallèle des ventes d'originaux en salles de ventes aux enchères et dans un marasme économique qui s'annonce ? Constat et enjeux.
Fin d'un eldorado pour les expositions-ventes de BD ? Vernissage de la double exposition Patrick Prugne et Enrique Corominas
à la Galerie Daniel Maghen
© Manuel F. Picaud / Auracan.com
Ci-dessous photo de l'entrée du Village de la Bande Dessinée à Bruxelles
©DRVernissage de l'exposition Barracuda avec Jérémy, Philippe Xavier, Philippe Delaby
et Guillaume Lafon à la Galerie Napoléon ©
Manuel F. Picaud / Auracan.com
Fin d'un eldorado pour les expositions-ventes de BD ?Depuis quelques années, le marché des originaux se développe dans la BD franco-belge. Défriché par Daniel Maghen à ses débuts, il attire désormais encore plus d'intervenants avec des orientations professionnelles et commerciales très différentes. En 2011, plusieurs nouvelles galeries ont ouvertes à Paris et à Bruxelles. Après l'ouverture de Champaka à Bruxelles, Francis Slomka y a installé une galerie en juin 2010 et un lieu de vie, le Village de la BD (librairie, galerie et brasserie), place du Grand Sablon, en octobre dernier, délaissant d'ailleurs au passage toute activité à Paris. La capitale continue d'accueillir de nouveaux intervenants après l'arrivée récente des galeries Napoléon et Fin d'un eldorado pour les expositions-ventes de BD ?Petits Papiers. Ainsi, en mars 2011 était inaugurée la Galerie Oblique avec une exposition Jean-C. Denis. La galerie rassemble deux personnalités de la BD et de l'art contemporain. L'un d'eux, Pierre-Marie Jamet a longtemps collaboré à Christian Desbois, disparu quelques mois avant. En avril 2011, un ancien collaborateur de la Galerie 9e art a lancé sa galerie - dans un premier temps virtuelle puis itinérante : Julien Brugeas (julienbrugeas.com). L'ancien directeur du Festival International de Bande Dessinée d'Angoulême et commissaire d'expositions de BD et d'art contemporain, Jean-Marc Thévenet a installé sa galerie en juillet 2011 dans le 3e arrondissement près des Arts-et-Métiers. Ce sont donc 4 ouvertures au total dans les deux villes.
Fin d'un eldorado pour les expositions-ventes de BD ? Vernissage de l'exposition Enrico Marini à la Galerie 9e Art © Manuel F. Picaud / Auracan.com
ci-dessous : l'entrée fermée de LA Gallery Paris © Manuel F. Picaud / Auracan.com
Fin d'un eldorado pour les expositions-ventes de BD ?En contrepartie, le marché commence à sentir la saturation que nous craignions déjà en mai dernier (voir les articles - lien ci-dessous). Ainsi la Galerie des Arts Graphiques a décidé pour 2012 de passer à un mode itinérant et quitter le marché de la bande dessinée sur Paris, au profit de l'illustration et l'art contemporain. On l'a vu, la galerie Francis Slomka dont on a certes mal compris le fonctionnement et l'activité réelle n'a organisé en 2011 aucune exposition dans son local parisien préférant tenir un stand à la BRAFA (foire de l'art contemporain de Bruxelles) en janvier 2011. Le propriétaire est en fait chirurgien depuis 30 ans et cette activité n'est qu'accessoire. Mais plus grave, LA Gallery Montréal avait ouvert fin 2010 une antenne - indépendante juridiquement - à Paris. Quelques mois après, LA Gallery Paris déménageait pour s'installer en face de la Galerie Napoléon à une encablure de la Galerie Oblique. Après une association rapide et éphémère à Marseille, la galerie a finalement descendu définitivement son rideau en France en octobre dernier. L'affaire est particulière. Comme la Librairie Boulevard des Bulles quelques jours plus tôt, Laurent Imbert a fermé boutique sans prévenir personne, même pas les auteurs qui avaient confié leurs originaux. Et à ce jour, les auteurs n'ont pas tous récupéré la totalité de leurs créances et leurs planches ou dessins, officiellement exportés au Québec, sans leur autorisation...

Fin d'un eldorado pour les expositions-ventes de BD ? Concert rock au vernissage de l'exposition Hervé Bourhis
à la Galerie Oblique © Manuel F. Picaud / Auracan.com Des évolutions sont déjà visibles. Depuis le mois de juin dernier, certaines galeries redoublent d'efforts - jusqu'à des concerts - pour accueillir du monde et de bien les accueillir dans leurs locaux, souvent rénovés comme la Galerie 9e Art ou rafraichis comme la Galerie Daniel Maghen. La durée de vie des expositions varie d'un lieu à l'autre avec tout de même une accélération du rythme. Leur objet se diversifie aussi aux frontières de l'illustration comme la Galerie Petits Papiers qui a ouvert un local spécifique, ou l'art contemporain comme à la Galerie Jean-Marc Thévenet ou la Galerie Oblique. Malgré tout, il est tout de même rare d'avoir des vernissages noirs de monde et des expositions vendues dans la soirée.

Fin d'un eldorado pour les expositions-ventes de BD ? Vernissage de l'exposition Miles Hyman
à la Galerie des Arts Graphiques © Manuel F. Picaud / Auracan.com
Pour 2012, le marché va sans doute continuer à s'assainir. L'investissement dans l'art nécessite en effet un certain patrimoine, pas forcément extensible dans une période de turbulences boursières et plus généralement financières. Les mesures de protection du patrimoine ont sans doute été réalisées et expliquent l'essor rapide parallèlement aux chutes de marchés. Les collectionneurs ne pourront réinvestir que si les cotes des auteurs montent pour trouver de la liquidité, mais en même temps la profusion d'offre (5300 albums publiés en 2011) risque de rendre ce pari à la hausse audacieux en dehors de quelques auteurs particulièrement recherchés. Dans ce contexte, les auteurs qui font le développement de ce marché - en y mettant leurs œuvres - seraient bien inspirés de bien réfléchir à qui ils remettront leurs biens, et la manière de les mettre en valeur. Les stratégies de vente, mais aussi les modalités de financements sont très différentes selon les galeries existantes. Après les droits d'auteurs, cela pourrait être un nouveau champs d'investigation pour le SNAC, le Syndicat National des Auteurs-Compositeurs.
A relire :
Trop plein d'expositions-ventes BD à Paris (épisode 1)
Trop plein d'expositions-ventes BD à Paris (épisode 2)
Trop plein d'expositions-ventes BD à Paris (épisode 3)

Photos 2011 © Manuel F. Picaud / Auracan.com

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