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Nucléaire : des sites pas tout à fait sûrs, des mesures pas tout à fait adaptées

Publié le 06 janvier 2012 par Greenpeacefrance

Le 3 janvier dernier, l’Autorité de sûreté nucléaire présentait au Premier ministre et rendait public ses conclusions concernant les évaluations complémentaires de sûreté réalisées par les exploitants (Areva, EDF, CEA), et aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant se rend sur le site de Chinon pour annoncer des mesures relatives à la sûreté.

Nucléaire : des sites pas tout à fait sûrs, des mesures pas tout à fait adaptées

Illustration de Xavier Gorce

Un périmètre d’étude restreint

L’ASN était chargée d’un audit de sécurité des 58 réacteurs nucléaires français commandé après la catastrophe de Fukushima au Japon, en mars 2011.

Pour rappel, le cahier des charges du travail de l’ASN fixé par le gouvernement, consistait à analyser la résistance des installations nucléaires françaises face à un séisme ou une inondation d’une importance supérieure à celle envisagée lors de leur conception. Mais ces facteurs naturels sont loin d’être les seuls risques menaçant les installations nucléaires. Intrusion humaine, chute d’avion, virus informatique : de nombreuses autres menaces rendent les sites nucléaires vulnérables. 

Greenpeace l’a encore prouvé le 5 décembre dernier en parvenant à s’introduire et à rester plusieurs heures sur les sites de deux centrales
.

L’ASN conclut que des travaux très onéreux sont nécessaires

L’ASN est formelle : sur le seul périmètre inondation / séisme pris en compte, plusieurs dizaines de milliards d’euros de travaux seront nécessaires pour que les installations nucléaires satisfassent ses exigences.

Ces travaux réclamés aujourd’hui par l’ASN impliqueront des investissements bien supérieurs à ce qu’EDF avait envisagé pour prolonger la durée de vie de son parc nucléaire. Les aménagements prescrits par l’ASN vont se traduire par “un investissement de dizaines de milliards d’euros” sur l’ensemble des installations, selon André-Claude Lacoste, son président. Inévitablement, ce coût devra être amorti et cela conduira à de nouvelles hausses des tarifs de l’électricité pour les ménages français, alors même qu’une hausse de 20 à 30 % est déjà attendue dans les années à venir.

Visite du ministre de l’Intérieur à Chinon : un cataplasme sur une jambe de bois

A la suite de l’intrusion de militants de Greenpeace dans des centrales, le Premier ministre a demandé un audit sur la sécurité des centrales aux ministres de tutelle de la filière.
Sans attendre les conclusions de cet audit, prévues d’ici le mois de mars, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant est aujourd’hui aux côtés d’Henri Proglio en visite à la centrale de Chinon, car comme il l’a déclaré au Parisien il a “souhaité mettre en route immédiatement des procédures pour améliorer les choses.

Ces mesures sont déjà connues : fourniture de caméras thermiques et de pistolets à impulsion électrique type Taser, et mise en place de nouvelles brigades cynophiles. Taser, qui, toujours selon l’interview du ministre de l’Intérieur seront spécifiquement destinés à UNE catégorie d’intrus : “les unités de gendarmerie seront par ailleurs toutes équipées de pistolets à impulsion électrique pour gérer les problèmes d’intrusion non terroriste sur un site nucléaire.”

Des mesures qui interviennent trop vite, trop tôt, purement évènementielles et communicationnelles… et déjà vues !

En 2007, suite à l’intrusion de Greenpeace dans la centrale de Belleville (Cher), le gouvernement de l’époque avait déjà pris de nouvelles mesures de sécurité dont la plus marquante reste la création d’une unité spécifique de gendarmes, le Peloton spécial de protection de la gendarmerie (PSPG), présente aujourd’hui sur toutes les centrales françaises. Les PSPG représentent au total 740 militaires.

Des mesures d’effet d’annonce… mais qui n’ont pas empêché les intrusions ultérieures.

Le gouvernement fait manifestement un choix, celui d’investir massivement dans une énergie dangereuse.
La France est en train de rater une opportunité industrielle et économique unique : la transition énergétique, créatrice de croissance et d’emplois. Et il appartiendra au prochain gouvernement de continuer dans cette voie sans issue, ou de saisir la chance qui s’offre à notre pays.


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