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CD Top 11 2011

Publié le 18 décembre 2011 par Cloudsleeper

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Top 11 2011 :

Retour sur la fin de l’année dernière où je découvre ce disque trop tard pour le mettre dans mon top 10. Une véritable révélation pour moi mais un groupe qui existe depuis plus de 15 ans. Originaire de la région de Tuva en Mongolie, les chants irréels de ce groupe sont tirés des traditions chamaniques ancestrales de même que d’influences plus modernes. Ils sont accompagnés avec une infinie délicatesse par l’un ou l’autres instruments locaux comparables à un violoncelle à deux cordes, au saz, à la flûte. Chaque titre est un souffle qui tournoie et vous enveloppe dans une expérience forte qui remue quelque chose au fond de soi, comme un appel ineffable à l’harmonie.

 

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Various

‘Dr Boogie Presents : Bear Traces’

Subrosa

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C’est toujours un régal d’écouter ses émissions et de découvrir ses nouvelles compilations, à Dr Boogie ! C’est quand même l’un des spécialistes les plus réputés du genre et il partage ici les trouvailles qu’il a effectuées dans ce qui reste de la fabuleuse collection de 78 tours de Bob Hite (dit the Bear vu sa corpulence), co-fondateur de Canned Heat. L’idée est cette fois de présenter des titres plus obscures voire exotiques (et non plus les grands noms de blues comme sur une de ses précédentes compilations). Du boogie, encore du boogie bien sûr, du vrai, du tout bon tel qu’on le jouait rude et nerveux à l’époque où l’on enregistrait en 78 tours… Quelques accords répétés obstinément au piano ou à l’orgue (Lenny Dee qui ouvre remarquablement le disque), des saxos époustouflants, un peu de guitare aussi (avec un jeune Lightnin’ Hopkins féroce et précurseur). Les quelques accents exotiques sont une des caractéristiques de cette compilation : un boogie arrangé à l’hawaïenne avec ‘Hupahula boogie’, un autre à l’orientale grâce à Preston Love, du latino avec une reprise du célébrissime ‘Tequila’, un ‘Why Don’t You Do Right’ qui cogne sur un blues/calypso délicieusement bancal, ou encore ‘Congo Mambo’ bourré de percussions. Puis en fin de disque, Taps Miller a immortalisé notre fierté nationale, le Manneken Pis, en un boogie furibard. Le son est d’époque bien sûr, du 78 tours, mais tout est bien conservé et nettoyé juste ce qu’il faut de sorte que quand un saxe commence à souffler, vous avez les oreilles qui chauffent… et puis tout le corps aussi : c’est ça le boogie ! C’est fait pour bouger, pour danser comme des fous, comme dans les juke joints de l’époque ! (jd)

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Various

‘The Lost Notebooks Of Hank Williams’

Sony Music

Lorsqu’il meurt à 29 ans, ce pionnier du country/folk à qui Bob Dylan doit beaucoup, laissait quelques « notebooks ». C’est là que Hank Williams notait ses idées de chansons qu’elles fussent abouties ou non. C’était en 1953. Perdus et retrouvés dans de rocambolesques situations, un de ces notebook présente des chansons suffisamment abouties pour pouvoir être interprétées par des musiciens du 21ème siècle. C’est Bob Dylan qui pilote le projet, lui-même ayant confié à des musiciens country et pop la délicate tâche de donner voix et mélodie à des chansons que seul Hank Williams avait en tête : la star du country Alan Jackson, aussi bien que Jack White (qui s’abstient d’en faire trop), Holly Williams (la petite fillotte), Levon Helm (l’autre pionnier des sixties) ou encore Norah Jones, sans oublier Bob lui-même ainsi que son fils. Chacun y va de son interprétation (il ne serait pas correct de parler de reprise) et tout ce beau monde arrive à donner merveilleusement vie à tous ces titres : tout y est d’une justesse absolue, sans fioriture et vous fera presque autant pleurer ou danser que si c’était Hank qui les chantait. Et pour nous, de souhaiter une belle vie à ces « nouvelles » chansons de Hank Williams, non sans oublier d’aller piocher dans le répertoire original de cette figure emblématique de la culture américaine ! (jd)

Wynton Marsalis & Eric Clapton

‘Play The Blues’

Drumlin Limited

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Les Marsalis sont une véritable dynastie dans le jazz de New Orleans. C’est à Wynton, le brillant trompettiste (aussi bien en jazz qu’en classique) de la famille que Clapton avait fait appel, presque incidemment, sur son dernier album. Celui-ci possédait déjà quelque accent de la Big Easy et voici une certaine prolongation de cette rencontre sous la forme d’un live at the Lincoln Center où il est simplement question de blues. Ça démarre à fond la caisse avec un classique de jazz trad très bien dans son style natal, ‘Ice Cream’. Puis on continue en mode blues. Alors que la filiation jazz/blues est on ne peut plus claire, ‘Fourty Four’ sonne pourtant un peu ampoulé. Het bootert niet comme on dit de l’autre côté de la frontière. D’autres titres suivent, aussi lents qu’une procession funéraire à la Crescent City, on même droit à une version du classique de Clapton, ‘Layla’ qu’il avait déjà retravaillé en jazzy sur ‘Unplugged’. La consanguinité avec la tradition jazz est intéressante mais cette version un quelque peu bizarre, un peu contreplaqué voire lourdaud. Et globalement c’est ce qui ressort de ce disque : Clapton a beau être un bleusman excellent et fascinant, il apparaît ici qu’il ne sait pas vraiment swinger ! Ses solos habituellement si précis et remplis d’émotions apparaissent ici presque filandreux comparé à l’agilité robuste du jazz made in New Orleans que nous joue Wynton et son orchestre. Disque plaisant et intéressant néanmoins, talking « all that jazz » beaucoup plus que « all that blues ». (jd)

Various

‘Gilles Peterson Presents : The New Cuban Underground’

Brownswood Records

Quelque peu déçu de sa prestation pour le moins très sage à Strictely Niceness mi-novembre, c’est avec un mélange de curiosité et de perplexité que je me plonge dans cette double compil de Gilles Peterson. Il a eu le temps de bien bosser son dossier et il nous sort des galettess effectivement assez passionnantes pour qui souhaite s’immerger dans le Cuba actuel, du moins celui d’une certaine catégorie sociale qui a zappé le reggaeton autant que Buena Vista. Le premier disque est constitué notamment de douze musiques de Gilles jouées par le groupe qu’il a lui-même constitué, le « Havana Cultura Band », dirigé par le pianiste Roberto Fonseca. D’une sonorité très fraîche et moderne, cette plaque a  profité de la participation d’artistes talentueux tels que Mayra Caridad Valdés, Ogguere ou Danay. Le second disque est une compilation de 16 titres, certains déjà sortis, d’autres non, mais tous composés par les plus grands noms de la musique cubaine : Los Aldéanos, Telmary, Yusa, Kelvis Ochoa, Doble Filo, Descemer Bueno, Gente de Zona, Harold Lopez Nussa, Kumar, Free Hole Negro, Cubanito 20.02, Wichy de Vedado, Tony Rodriguez ou encore le Creole Choir of Cuba qui donne une touche traditionnelle mais inédite. Au final on ne peut que se ranger à cette initiative qui vise à faire mieux connaître et exporter cette nouvelle musique cubaine qui atteste d’une créativité assez bouillonnante tout en étant ancrée dans une identité très forte !

Jimi Hendrix

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‘Live In The West’

Sony Music

En pêchant à la Médiathèque, parfois on a de la chance, parfois pas. Pas de bol de tomber sur l’album ‘Rock’n’Roll’ pour découvrir John Lennon à l’époque. Du bol de tomber sur ce ‘Live In The West’ et découvrir Hendrix sur son terrain de jeu favoris, la scène. Il triture ses propres compositions, il improvise et il se fend de reprises orgiaques. Telle ce pauvre ‘Johnny B Good’ dont il cannibalise chacune des notes possibles et imaginables avec un régal guitaristique inégalé : il dépèce la chaire crue des riffs et des solos avec un appétit d’ogre empruntant tout ce qu’il sait du blues, du rock et jetant au passage les bases de tout ce qui suivra, métal, psyché, punk… grand sourire béat en fin de morceaux et quelques gouttes de sang au bord des lèvres, absolument monstrueux ! Mais le reste est très haut vol également, tel ce ‘Blue Suede Shoes’ où il prend le contre pied au rock’n’roll, ce ‘Little Wing’ tout épuré, ‘Red House’ joué en blues de la dernière heure (mais pas la première fois qu’il joue cette version) et l’anecdotique reprise de ‘Sergent Pepper’s Lonely Heart Club Band’. Quelques inédits intéressants mais connus viennent augmenter cette réédition tels que ‘Fire’. Encore un des points culminants de la discographie live de Hendrix. (jd)

Anthony Joseph & The Spasm Band

‘Rubber Orchestras’

Naïve

L’écrivain originaire de Trinidad nous envoie sa troisième plaque de son London d’adoption. Premier constat est qu’il est moins percussif que son prédécesseur ‘Bird Head Son’. On retrouve par contre ces climats moites et tendus où les musiciens d’Anthony font toujours merveille afin de lui offrir un remarquable écrin musical où il pose ses textes et son slam incantatoire. Les musiciens s’orientent d’avantage vers l’afrobeat qui bien sûr est un terrain de jeu idéal pour Anthony et sont accompagnés cette fois par des choristes qui accentuent les racines africaines, comme le très bien nommé titre d’ouverture, ‘Griot’. Posant ses histoires avec toujours autant de facilité, Anthony signe de sa griffe un pure titre afrobeat à la basse galopante et aux cuivres lustrés par ces excellents un shoeshine boys. Soul, funk, afro, psyché toutes les influences black y passe, alors que le drummer boy de ‘Cobra’ vous emmène en plein milieu des folies d’une transe vaudou. On s’attendait juste à y trouver un peu plus de sons made in Trinidad comme il nous l’avait laissé entendre lors de l’interview à propos de ‘Bird Head Son’. Une très belle plaque néanmoins. (jd)


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