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Sarkozy et l'IGS: le scandale de trop ?

Publié le 13 janvier 2012 par Juan
Sarkozy et l'IGS: le scandale de trop ? Le récent scandale débusqué par Le Monde est édifiant. Documents à l'appui, le journal accuse l'IGS d'avoir truqué des preuves pour accuser puis sanctions cinq policiers de haut rang, en 2007, réputés proches du parti socialiste.
Cette affaire complète une liste trop longue de manipulations de la police depuis dix ans que Nicolas Sarkozy en a eu la responsabilité directe (en tant que ministre) ou indirecte (en tant que président de la République).
Une nouvelle affaire...
« l'Inspection générale des services (IGS), la "police des polices", a sciemment truqué, en 2007, une procédure portant sur un éventuel trafic de titres de séjour au service des affaires réservées ». L'accusation des deux journalistes auteurs de l'article, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, est grave et sans détour.
Cinq fonctionnaires de police ont été accusés, suspendus, brisés. En mai 2007, après une « enquête » démarrée en janvier, Yannick Blanc, directeur de la police générale, Bruno Triquenaux, son adjoint et chef du bureau des affaires réservées, et Christian Massard, un officier de sécurité de l'ex-ministre de l'intérieur Daniel Vaillant, étaient mis à pied et accusés de trafic de titres de séjour. Fin mai 2007, deux autres fonctionnaires, Mmes Zohra Medjkoune et Dominique Nicot, agents du Bureau des affaires réservées à la préfecture de police à Paris sont à leur tour placées en garde à vue puis mises en examen pour corruption et trafic d'influence.
 
L'IGS est formelle. Le Monde publie des extraits des notes de synthèses rédigées en juin puis juillet 2007,par le numéro 3 de l'IGS, Claude Bard et Michel Gaudin, préfet de police de Paris nommé par Nicolas Sarkozy. Ces derniers affirment avoir obtenu les aveux de Mme Medjkoune et de Mme Nicot. Ces dernières auraient attribué des titres de séjours « à des clients d'un individu (…) en contrepartie de cadeaux et de sommes d'argent ». Problème, ces synthèses ne correspondent pas aux déclarations, consignées sur PV lors des interrogatoires...
En 2007, à l'époque des faits, le patron de l'IGS s'appelle Eric Meillan. C'est un ancien collaborateur de Claude Guéant. 
En mai 2009, Daniel Vaillant porte plainte pour « faux en écritures publiques ». Le procureur  Jean-Claude Marin refuse toute enquête préliminaire. Vaillant alerte Michèle Alliot-Marie, Garde des Sceaux, qui s'en fiche.
En janvier 2011, la cour d'appel blanchit Nicot, Medjkoune, Massard et Triquenaux. Une instruction est confiée à un nouveau juge. Qui confirme l'impensable: les notes de synthèses, qui ont servi de base à la sanction des 5 fonctionnaires, étaient mensongères. 
« En toute discrétion, les magistrats, menant eux-mêmes les investigations, ont mis au jour de nombreuses irrégularités : plusieurs procès-verbaux ont été truqués, des retranscriptions d’écoutes téléphoniques caviardées, des déclarations déformées, sans parler des pressions sur des témoins… Jusqu’au patron de l’IGS, Claude Bard, qui ira tirer des chèques sur son compte personnel pour défrayer un "expert" venu de nulle part. Ils ont auditionné des témoins évoquant la "censure" à l’IGS, et la mainmise de la hiérarchie sur toutes les procédures. Au final, une incroyable série d’anomalies, d’autant plus choquantes qu’elles émanent du service censé contrôler la légalité des actes des policiers.»
Source: Le Monde
Les signataires des suspensions des fonctionnaires ont été interrogés par les juges en décembre dernier:  Michel Gaudin, préfet de police de Paris nommé par et proche de Nicolas Sarkozy; et Pascal Mailhos, autre préfet, ancien patron des renseignements généraux. 
Jeudi, le ministre de l'intérieur a dénoncé des « informations tronquées », une curieuse défense: «Une fois de plus l'approximation et l'amalgame servent de raisonnement. Vous mettez en cause le préfet de police au motif qu'il est proche du gouvernement ». Mais Guéant n'expliquait pas ce qu'il manquait aux révélations. Chiche ? Michel Gaudin s'est aussi livré à un droit de réponse dans les colonnes du Monde. Sa réponse est simple: (1) « aucune plainte n'a été déposée à mon encontre »; (2) aucun fonctionnaire de l'IGS n'a été mis en examen; et (3) il n'a « jamais eu connaissance d'éléments de procédure judiciaire pour proposer la suspension administrative » de l'un des accusés.  Quelle défense ! Et sur les caviardages, les trucages, les manipulations débusqués par les juges ? Ben... rien.
... qui s'ajoute à d'autres
Ce nouveau scandale s'ajoute à une liste déjà longue de manipulations plus ou moins graves. En vrac, les voici :

En novembre 2008, la DCRI interpelle une vingtaine de personnes rapidement portraiturés comme de dangereux terroristes de l'ultra-gauche. Neuf d'entre elles sont soupçonnées d'avoir tenté de saboter des TGV. La bande de Tarnac, comme on la surnomme alors, est incarcérée. Pour rien. Trois ans tard, on s'interroge si l'espionnage téléphonique n'était pas illégal. Et l'un des témoignages a été obtenu sous la contrainte, d’après l’intéressé, et même antidaté.
En février 2010, la DCRI enquête sur l'origine des rumeurs d'adultère au sein du couple Sarkozy, à la demande du président.
En juillet 2010 puis en septembre, la DCRI espionne deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Jacques Follorou, pour débusquer la source d'informations sur l'enquête Woerth/Bettencourt: des centaines de pages de relevés téléphoniques et des fichiers de personnes (fonctionnaires, STIC) ont été consultés. En octobre 2011, Bernard Squarcini a été mis en examen. Son patron, le directeur de la police nationale Frédéric Péchenard a également été interrogé. 
En septembre 2011, Bernard Squarcini est contraint à l'explication. Il dément, dans les colonnes de Marianne2, que la DCRI ait espionné Dominique Strauss-Kahn. Des journalistes (notamment du Monde) avaient témoigné avoir reçu une note blanche sur les moeurs de l'ancien directeur général du FMI.
En novembre 2011, deux fonctionnaires de la DCRI sont allés « conseiller » au juge Marc Trévidic en charge de l'instruction sur l'attentat de Karachi de reconsidérer la thèse d’Al Qaida.
En novembre 2011, l'affaire du Carlton de Lille éclate. On découvre le nom du patron local de la DCRI dans le carnet d'adresses du directeur des RP de l'hôtel, mis en examen pour « proxénétisme aggravé en bande organisée ».
En décembre 2011, dans l'affaire du cercle Wagram, un cercle de jeu qui a fait l'objet d'une instruction pour blanchiment et d'un putsch entre bandes rivales, Bernard Squarcini est cité comme le protecteur de l'une des barmaids (ce qu'il n'a pas nié).

Bernard Squarcini est toujours directeur de la DCRI.
Claude Guéant est toujours ministre de l'intérieur.
Nicolas Sarkozy est toujours leur président de la République.


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