Magazine France

Les nouveaux monstres

Publié le 13 janvier 2012 par Malesherbes

Pendant longtemps, et peut-être encore de nos jours, la guerre était l’affaire de gens qui ne se connaissaient pas, mais qui se battaient, pour le compte de gens qui se connaissaient fort bien mais qui, eux, ne se battaient pas. Outre les infortunés combattants que je viens de citer, on a connu de tout temps, et aussi aujourd’hui, des mercenaires, qui eux se battent pour de l’argent. Mais je ne pensais pas qu’il y eût des soldats d’armées régulières se battant pour le plaisir. Des marines étatsuniens viennent de nous montrer, en Afghanistan, que cela existe. Et, grâce à l’Internet, accusé de tous les maux de la terre, nous l’avons su.


Devant la vidéo abominable que nous avons pu voir, le respect de la bienséance a conduit les médias à rapporter ce fait dans le langage châtié qui convient à des personnes bien élevées. Ce terme de châtié me rappelle un mot du chanteur québécois Gilles Vigneault qui disait : « votre langage n’est pas châtié, il est puni ! ». On nous a ainsi montré des soldats étatsuniens urinant sur des combattants afghans tués. En fait, nous n’urinons guère qu’à l’invitation d’un médecin ou d’une infirmière. Dans la vie de tous les jours, il peut nous arriver d’être saisi d’une furieuse envie de pisser, mais rarement d’uriner. Ce terme médical ne rend pas compte de l’abjection de ces brutes qui se sont amusées à pisser sur des cadavres.


Pour mesurer le degré d’ignominie de ces individus, souvenons-nous que, pendant des siècles, des générations de Grecs et de  Romains ont appris comment Achille, émus par les pleurs du vieux roi Priam, avait accepté de lui rendre la dépouille de son fils Hector. Il est vrai que ces héros antiques tenaient à se distinguer des Barbares.


Cet épisode horrible me fait songer à une scène d’un film vu il y a plusieurs lustres, c’était je pense, « La grande guerra » de Monicelli. À un certain moment, Vittorio Gassman et Alberto Sordi découvrent inopinément deux soldats allemands isolés en train de lever leur camp, occupés à leur toilette. Nos deux héros les mettent en joue et, après quelques instants, l’un dit à l’autre : « Qu’est-ce que tu attends pour tirer ? » et son camarade lui répond : « Je lui laisse finir son café ». Quelle dégringolade dans l’humanité depuis les âges paraît-il sauvages qui nous ont précédés !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Malesherbes 59 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte