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Pas facile d’être jeune à Louxor

Publié le 14 janvier 2012 par Davpeu
J’ai rencontré Abdallah sur la corniche le long du Nil. Il fait partie de ces nombreux jeunes rabatteurs de rue qui achalandent lourdement le touriste pour proposer des services en tout genre : ballade en felouque, visite de la rive Ouest, vol en montgolfière… Le petit homme en jellabiya (la longue robe traditionnelle) m’a poursuivi pendant un bon quart d’heure pour me persuader de son professionnalisme en tant que guide. Lassé, je prends quand même sa carte de visite avant de lui lancer un « maybe later ». Il m’a quand même fait bonne impression et je l’appelle le lendemain pour une visite de la rive Ouest. On ne s’est plus quitté jusqu’à mon départ de Louxor.

Pas facile d’être jeune à Louxor

Abdallah, guide local à Louxor


Les commissions pour survivre
Abdallah gagne essentiellement sa vie avec le système des commissions sur les ventes aux touristes qu’il génère chez les commerçants de la ville. Excursions, achats de souvenirs, taxis, cigarettes, restaurants, boissons… tout y passe. Drôle de métier pour survivre. Il y met pourtant du cœur - « je n’ai pas le choix » me confie-t-il. Louxor vit essentiellement du tourisme et très peu d’alternatives s'offrent aux jeunes, même pour ceux qui ont fini la High School comme lui. Certains mois Abdallah réussit à gagner jusqu’à 1000 LE (120 euros) - un record quand on sait qu’un employé d’hôtel en gagne 400 (50 euros) pour la même période. Mais les temps sont difficiles en ce moment, le niveau du business d’avant la révolution ne reviendra pas de sitôt. Il aimerait bien changer de travail et fonde beaucoup d’espoirs sur le nouveau gouvernement égyptien pour s’en sortir : pouvoir acheter son propre taxi - « un rêve » - ou obtenir un emploi dans la sécurité des temples, « un bon job » dit-il.
Fonder une famille, c’est ce qui rend soucieux AbdaIlah en ce moment. Pour se marier, il faut pouvoir accueillir la future mariée dans un logement décent et acheter la parure de bijoux, une tradition qui coûte cher ; il n’en a pas les moyens pour l’instant.
L’humour, "ça rend la vie plus facile"
Une vie difficile qui n’empêche pas le guide d’être plein d’humour, « ça rend la vie plus facile » dit-il en souriant. On s’assoit souvent à la terrasse d’un café populaire dans le village de Gezira pour discuter de la vie et regarder le temps qui passe. Il aime le côté friendly des Français - bien qu’ils « discutent souvent les prix » - mais n’apprécie pas trop les Américains, qui se croient « best quality » dit-il avec son sourire infatigable. La confiance s’installe progressivement et il me fait découvrir les restaurants qu’il s’offre « quand le business est bon » – des cantines sans touriste qui ne payent pas de mine mais où la cuisine est excellente. Et pour « essayer d’autres expériences » dit-il, on voyage en mini bus avec la population locale (1 LE le trajet) ; c’est convivial, mais le fonctionnement de ce mode de transport n’est pas facile à comprendre…
Un voyage à Louxor sans côtoyer la population locale serait vraiment dommage, car les Egyptiens m’ont fait la preuve d’une hospitalité admirable.
Abdallah se promène toujours fièrement avec son petit carnet « livre d’or » signé par des touristes du monde entier qui ont fait appel à ses services. Je l’ai signé avec un grand plaisir pour le recommander vivement !

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