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Visite de l'usine ECOVER

Publié le 19 janvier 2012 par Pmontier @ecocompare

En tant que fondateur d'Ecocompare qui référence et note déjà quelques produits d'Ecover j'étais récement invité à visiter l'usine Francaise de Boulogne sur Mer, 2ème usine construite par Ecover après celle de Malle en Belgique. J'ai été ravi de cette visite car elle m'a permis de mieux comprendre le processus de fabrication de produits d'entretien écologiques, les choix effectués pour les matières premières, les optimisations, les contraintes sanitaires, le mode de distribution, les déchets générés, ...

Cette usine, certifiée ISO 14001 a été construite dans un parc également certifié 14001. Son activité consiste à fabriquer le liquide vaisselle citron, le liquide vaisselle camomille, les assouplissants textiles, le gel WC et la lessive pour laine labellisée woolmark. D'aspect moderne, elle est plutôt bien intégrée dans l'environnement (peu haute, couleur des murs extérieurs très neutre) et les abords extérieurs sont très propres pour un lieu industriel (pas de sacs plastiques, bacs, piles de cartons, ...). Ecover a pris soin de séparer et d’identifier par code couleur la collecte des trois flux d'eau que l'on retrouve sur ce type de site ; les eaux pluviales, les eaux usées et les rejets industriels, ceux ci étant stockés dans des réservoirs et régulièrement analysés avant de les envoyer à la station d'épuration.

Visite de l'usine ECOVER


A l'intérieur

Quand on rentre dans l'usine, la première chose que l'on remarque c'est la superficie (10 000 m²) et l'énorme charpente en bois en lamellé collé. Bien que non labellisé HQE (haute qualité environnemental), on s'aperçoit que le bâtiment a bénéficié d'une eco-conception pour minimiser son impact environnemental : puits de lumière aux endroits stratégiques, mur en béton cellulaire isolants  (ce jour la le chauffage ne marchait pas et il ne faisait pas froid), récupérateur d'eau de pluie pour alimenter les WC et même toit végétalisé. En effet sur toute la surface du toit on a planté du sedum, plante très résistante,  ce qui permet de réaliser une isolation thermique naturelle été comme hiver. Des alvéoles permettent sous la fine couche de substrat, de stocker l'eau de pluie pour la restituer aux plantes.


Visite de l'usine ECOVER

4 parties distinctes

A l'intérieur on retrouve une organisation en 4 secteurs distincts (2500 m²) pour assurer la chaine de fabrication : stockage des matières premières, fabrication des différentes formules de produits et mise en bouteille,  zone de palettisation et enfin la zone de stockage pour les produits  finis.


Les matières premières

La plupart sont livrées sur des palettes en bois qui sont consignées, seules les palettes qui sont en trop mauvais états sont données à un partenaire local. Les cartons navettes qui contiennent les flacons sont réutilisés et repartent dans les camions fournisseur (au lieu que ceux ci repartent à vide).
Concernant les optimisations réalisées pour minimiser les dépenses inutiles, l'eau qui est chauffée pour la fabrication des produits est ensuite réinjectée dans le circuit d'eau de chauffage de l'usine.


Les flacons
Ecover est un des premiers fabricants de produits d'entretien à utiliser des flacons en bio plastique (canne à sucre) qui sont autant recyclables que les bouteille en polyéthylène (issues du pétrole).
Les avantages de ce bio plastique sont qu'il est renouvelable, contrairement aux bouteilles classiques à base de pétrole et qu'il stocke le CO2 accumulé pendant la  croissance de la canne à sucre.

J'émets cependant deux  réserves concernant ce bio plastique, le premier c'est que cette matière provient du Brésil et donc il faudrait comparer le bilan carbone positif lié à la pousse de la canne à sucre et celui de son exploitation et de son transport (à priori pris en compte par l’entreprise). Par ailleurs, même si la  canne à sucre n'est pas une matière première directement comestible comme le maïs,  on retrouve le même problème  que celui des agrocarburants de première génération pour lesquels on réserve des surfaces agricoles pour faire pousser des plantes qui serviront à fabriquer des bouteilles, ce qui peut l’être au détriment de surfaces utilisées  pour des plantes alimentaires qui serviraient à nourrir les hommes. L'idéal serait d'utiliser les déchets organiques (dit de 2éme génération) pour fabriquer ces flacons mais avant d'en arriver à ce stade il faut bien passer par le stade de la première génération et c'est tout à l'honneur d'Ecover de s'engager dans cette voie.

 
La fabrication

Comme pour une recette de cuisine, Ecover utilise des matières premières et des fiches de préparation, différentes selon le produit qui doit être fabriqué. Les quantités sont par contre bien différentes : les matières premières communes sont stockées dans de grands réservoirs gérés électroniquement (approvisionnement, débit des électrovannes, pesée automatique, …). Selon le type de produit à fabriquer un ordinateur et des automates gèrent le dosage nécessaire vers la cuve de préparation correspondante..


Visite de l'usine ECOVER

Pourquoi pas de produits 100% naturels ?

Même si la grande partie des matières utilisées proviennent de plantes ou de produits alimentaires, pour des raisons sanitaires tous les fabricants de produits d'entretien doivent quand même ajouter des conservateurs (exemple le bronopol qui est un agent de conservation puissant pour les produits ménagers en  phase aqueuse). Ces substances permettent d’éviter des proliférations bactériologiques ou que le produit «tourne», ce qui pourrait générer un problème visuel (dépôt blanchâtre en surface du produit, virage de la couleur) ou plus grave des allergies ou intoxications. Le dosage est finement étudié pour minimiser leur emploi et le service recherche et développement cherche des molécules de substitution afin de remplacer ces substances par d'autres  moins chimiques.


Quelle différence avec des produits d'entretien classique et pourquoi sont ils plus chers ?

Un fabricant issu de grands groupes industriels va chercher à trouver les matières premières les moins chères et viser l'efficacité du produit au détriment de l'impact sur l’environnement (seules les règles environnementales en vigueur sont respectées par exemple en biodégradation). Les substances utilisées seront souvent nombreuses et à base de chimie pétrolière ainsi que des parfums de synthèse ou encore des colorants pour donner une belle couleur au produit (souvent verte..) ou l’utilisation d’ azhurants optiques (lave plus blanc que blanc)
Chez Ecover, on va plutôt utiliser de la chimie « verte », qui ne provient pas du pétrole mais de plantes, ajouter des produits compatibles alimentaires (j'ai gouté l'acide citrique utilisé pour le gel WC !) ou utilisés par l'industrie de la cosmétique (donc très contrôlés).
Les parfums d'origine naturelle seront privilégiés (les adoucissants ou gels WC doivent dégager une odeur « qui sent bon le propre » et  identifiable  pour qu'ils puissent se vendre et les substances inutiles retirées. On comprend mieux pourquoi les produits sont au final plus cher que ceux de l'industrie du pétrole mais vont bien au-delà des normes environnementales imposées par la loi.

 
Gestion des déchets

Les principaux déchets rejetés par l'usine concernent les eaux de  lavage. En effet, il est nécessaire  de laver les machines, cuves ou tuyauteries pour l'entretien ou lorsque l'on change de ligne de produit (Liquide vaisselle puis gel WC). Un laboratoire interne analyse en permanence les eaux de lavage stockées dont notamment leur degré d’acidité ou demande biologique en oxygène (DBO). Des contrôles extérieurs vérifient avant chaque rejet dans la station d'épuration que les seuils règlementaires ne sont pas dépassés. Le laboratoire d’Ecover analyse aussi les matières premières, les produits finis et semi-finis.


En conclusion
La fabrication d'un produit d'entretien qui doit limiter son impact sur l'environnement est complexe car on doit :
 

  • prendre en compte les attentes des consommateurs (efficacité, odeur, texture) car en exagérant, un produit 
       détergent  100% écologique qui ne sentirait pas bon ne se vendrait pas
  • évaluer les problèmes d'ordre sanitaire (éviter que le produit présente un risque bactériologique ou un défaut
       visuel)
  • évaluer la toxicité et biodégradabilité des matières utilisées, trouver les seuils minimaux acceptables

   utiliser un emballage le plus recyclable possible

  • optimiser les processus internes pour limiter la demande en énergie, matières premières ou transport
  • limiter l'impact environnemental du site lui même pour rester cohérent avec la démarche

Personnellement j'ai beaucoup apprécié l’accueil et la patience de l’équipe ainsi que la cohérence environnementale ressentie tout au long de la visite : le site, les processus, les optimisations apportées, matières premières, ....et apprécié de la part de la direction la complète transparence qu'on m'a apporté, même pour les questions qui pourraient passer pour dérangeantes.

Ce qu’on réalise lors de cette visite c’est que l’utilisation de produits moins polluants pour nos rivières (shampoings, lessives, liquides vaisselle, gels wc, …), multiplié par le nombre d’utilisateurs représente un gain énorme pour l’environnement.

La prochaine fois que vous choisirez un produit d'entretien dans un rayon, je vous invite à choisir celui qui sera plus écologique car même si il est un peu plus cher,  votre impact environnemental sera beaucoup plus limité et vous favoriserez  la croissance d'entreprises plus vertueuses dont la planète à urgemment besoin.


Patrick Montier – Fondateur ecocompare
http://www.ecocompare.com


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