Magazine

L'Intranquille, autobiographie par Gérard Garouste

Publié le 25 janvier 2012 par Mpbernet

garousteJ’ai acheté ce court livre pour mieux comprendre Gérard Garouste, peintre aujourd’hui mondialement connu, particulièrement apprécié de mon gendre Nicolas. Je l’avais découvert grâce à lui, sans toujours saisir ce qui, dans cette peinture figurative et narrative à la manière de Dali, interpelle aussi violemment le spectateur d’un tableau bourré de références, pétri d’hallucinations, secoué de nuages inquiétants. mais le sous-titre de l'ouvrage est en lui-même éclairant : Autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou

Gérard Garouste brosse en effet de lui-même et de sa famille un portrait sans nuance, sans concession, sans indulgence. De son père, il dit à ses propres fils après sa mort : « La guerre a engendré des héros, des gens qui se débrouillaient et s’en foutaient, des tueurs, des grands et des petits salopards. Votre grand-père faisait partie des petits salopards. » De sa famille petite-bourgeoise, on préfère effacer les traces d'une grand-mère écuyère dans des cirques en l'affublant d'une légende d'inceste totalement inventée.

Gérard Garouste est né en 1946, comme moi. Son père exploitait un magasin de meubles prospère, d’autant plus que pendant la guerre il avait reçu en gérance des autorités de Vichy la direction des établissements Lévitan. Il était donc pétainiste et antisémite. Son fils unique et lui se haïssent, tout en s’aimant sans savoir se le dire. C’est à la campagne, en Bourgogne, que Gérard est heureux, chez sa tante un peu simplette et son mari italien qui a entièrement recouvert les murs et les objets de son atelier à la peinture métallisée minium.

garousteportrait
La jeunesse de Gérard sera rythmée par les renvois d’écoles en boîtes à Bac, dont une où il fera des rencontres décisives pour la suite de sa carrière : Jean-Michel Ribes, Philippe Stark, Patrick Modiano, François Rachline, des rencontres avec des hommes de la nuit comme Fabrice Emaer et son inénarrable Palace. Mais des allers et retours, il en fera aussi vers des hôpitaux psychiatriques : Sainte-Anne, Villejuif …

On comprend mieux le caractère « illuminé » de certaines toiles, ses allusions à la Thora puisque Garouste a fort bien compris que la haine proférée par son père à l’égard des juifs est en réalité un signe de sa crainte et de sa sourde admiration.  Parallèlement à une analyse (il se dit lui-même bipolaire), Garouste prend des cours d’hébreu, épouse Elizabeth, qui est juive…

Lisant ces lignes, on pourrait croire à un roman tout en ressentant toute la tristesse et la violence de la vérité. Vite, vite, se reporter sur un beau livre des peintures de Gérard Garouste : L’ânesse et la figue par exemple (merci à Nicolas de me l'avoir offert !), ou le livre édité par SKIRA.

L’Intranquille, autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou avec Judith Perrignon,  L’iconoclaste. Au livre de Poche, 156 p., 6€


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mpbernet 50874 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte