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Putain 20 ans... Episode 1

Publié le 29 janvier 2012 par Pascal Boutreau

20anscanalplusCette semaine, j'ai fêté mes 20 ans de carte de presse (n°72157). Putain, 20 ans ! L'occasion de replonger un peu dans le passé, de retracer la route qui m'a amené jusqu'à aujourd'hui. Episode 1... 

Rien ne me prédisposait à devenir journaliste sportif. Matheux à la base, prépa HEC et puis une rencontre dans un compartiment du train qui me ramenait à mon internat du Lycée Henri Poincaré à Nancy, lors de cette année de Prépa où mon seul souvenir marquant aura été la victoire dans les tournois de volley et de hand inter prépa. Une discussion dans ce train du dimanche soir entre Châlons et Nancy avec une copine sur le thème "je ne sais pas ce que j'ai envie de faire... Et pourquoi pas journaliste...". Une idée comme ça, lancée en l'air, comme on dit pompier quand on est petit. Et cette dame inconnue qui se mêle de la conversation et me parle du CELSA. Je ne sais pas pourquoi, j'ai pris note, envoyé un dossier sans trop savoir ce que c'était que cette école qui avait surtout l'avantage de dépendre de la Sorbonne et donc d'avoir des droits universitaires dans les moyens de mes parents (fils d'ouvriers et fier de l'être). Et à la rentrée suivante, je découvrais en entrant dans l'amphi de la rue de Villiers, à Neuilly, que ce CELSA avait une sacrée réputation. Sans cette dame dans le compartiment, ou si j'avais été installé dans celui d'à-côté, peut-être serais-je aujourd'hui ingénieur (j'avais la possibilité d'aller en math sup à l'époque) ou je ne sais quoi. Le destin. 

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Deux ans au CELSA donc et l'obligation de faire un stage pour valider le DEUG. Une seule lettre envoyée et j'avais une réponse positive deux jours plus tard de Mondial Basket, mensuel de basket largement orienté vers les stars de la NBA qui s'appelaient alors Michael Jordan, Pat Ewing, Magic Johnson, Larry Bird, Karl Malone, Denis Rodman etc. The Dream Team ! L'unique. Une première conférence de rédaction le jour de mon premier jour de stage. Et le rédacteur en chef, André Ciccodicola qui me confie ma première mission : récupérer une interview du groupe de belge rap Benny B. ("Mais vous êtes fou, oh oui !"), sur le thème du basket. Et premier coup de pouce de ma bonne étoile. Deux trois coups de fil et le soir même, je me retrouve dans le hall de l'hôtel où logent les rappeurs, présents à Paris pour l'émission Sacrée Soirée de Jean-Pierre Foucault. Retour le lendemain à la rédaction, dans le XXe à l'époque, avec l'interview. Stupéfaction d'André qui pensait m'occuper pour plusieurs semaines avec cette mission. "Si les petits loups ne te mangent pas, tu iras loin", a-t-il lâché ce jour-là. Je n'ai jamais oublié cette phrase et depuis 20 ans, je guette les p'tit loups et veille toujours à les repousser. Au bout de mes deux mois de stage, on me propose donc de m'embaucher et de m'offrir un contrat de qualification. Dilemme : poursuivre les études ou attaquer la "vraie vie" ? Et pourquoi pas les deux. Je dis banco et continue accessoirement jusqu'en maîtrise à Assas, à l'Institut Français de Presse. C'est un peu pipeau mais ça me permet de garder le statut d'étudiant et donc de garder mon report pour l'Armée.

C'est donc parti pour le boulot à Mondial Basket en alternance avec une formation au CFPJ, rue du Louvre. Je vais devenir M. Playground. A ma charge, le "Journal des Playgrounds", cahier central de plusieurs pages où l'on relatait l'actu des playgrounds, ces terrains au pied des cités. L'autre mission, récolter des pétitions et aller peser dans les municipalités pour la construction de nouveaux terrains. Et ça marchait ! Dans ma petite chambre de bonne de 8,4m2 (j'y ai vécu 6 ans...), je recevais aussi chaque matin un fax de la NBA (oui oui un fax, vous savez cette vieille machine en voie de disparition...) avec tous les résultats de la nuit. Et à 6 heures du mat, j'enregistrais sur un serveur vocal un petit texte avec les résultats, les marqueurs etc... avec évidemment la consigne de faire durer quelques minutes pour que les sousous entrent dans la caisse... Et ça marchait aussi ! Je repense à mes voisins qui m'entendaient chaque matin hurler dans mon téléphone... Pendant cette période, j'étais aussi en charge de l'iconographie. Des milliers de photos, ou plutôt de diapos, à regarder, à trier, à sélectionner. André Ciccodicola, une de ces personnes à qui je dois beaucoup, m'a beaucoup appris sur l'art de bâtir un magazine à travers le choix des photos. Savoir alterner les actions, les portraits, les gros plans pour que chaque page raconte une histoire différente. Puis vint le temps du service militaire. Dix mois sur la Base Aérienne de Rochefort comme Aspirant au Centre pédagogique de l'Armée de l'Air.

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Retour en septembre 1994 dans le même groupe de presse (DVD Publications) où l'on a continué à me faire confiance (merci à Jean-Jacques Voisin, patron du groupe) mais cette fois à Jogging International, mensuel de course à pied (c'est à partir de là que je vais vraiment me mettre à courir...). Le début des grands reportages, d'abord comme rédacteur puis bientôt également comme photographe comme sur la Route 66 (Chicago - Los Angeles - la photo ci-contre), les Foulées de la Soie (Traversée de la Chine), de nombreux marathons couverts dans le monde entier et plein de courses à travers la France. Rédaction aussi des grands dossiers mensuels sur des thèmes variés comme la foulée du coureur, perdre du poids en courant, courir l'hiver, préparer un marathon etc. Je n'ai sans doute jamais autant pisser de copie qu'à cette époque où j'ai aussi participé au lancement de Roller Mag (à l'époque un p'tit jeune commençait à faire parler de lui... Taïg Khris) et collaboré de temps à autre à Planète Foot.       

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Sachant que des pigistes étaient régulièrement employés pour les grosses nocturnes de L'Equipe, j'envoie un CV à Richard Montaignac, responsable du "vivier" (le nom de la structure des pigistes à L'Equipe à cette époque). Connaissant un chef de l'époque avec qui je courais (Paris - La Plagne notamment), je me recommande de sa part. Raté, les deux hommes ne sont pas les meilleurs amis du monde et ça me ferme la porte plutôt que de l'ouvrir... Tant pis. Et puis, un an plus tard, un coup de téléphone de Rose-Marie, la secrétaire du vivier : "M. Montaignac souhaiterait vous rencontrer". Rebondissement. "Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui a deux bac et ça m'intrigue", me confie-t-il (j'ai un bac C et un bac A1 - S et L pour les plus jeunes...). Et voilà comment quelques jours plus tard, je me retrouve intégré à la famille du Vivier. Oui oui, c'était bien une famille avec un esprit bien particulier et une convivialité entretenue par Richard Montaignac, un de ceux qui ont marqué ma carrière. Pas évident d'entretenir cet esprit entre des jeunes journalistes dont l'ambition était pour beaucoup d'être titularisé. Et les places étant rares, une concurrence malsaine pouvait vite se mettre en place. Perso, je ne pensais pas une seconde pouvoir être embauché un jour. Contrairement à beaucoup d'autres bien installés dans une rubrique, je naviguais d'une rubrique à l'autre. Le dimanche, il m'arrivait de faire trois vacations en attaquant au basket le matin, en passant à France Foot l'après-midi et en finissant  par la nocturne de la rubrique foot pour remplir une fiche technique d'un match et relire le papier d'un envoyé spécial. 

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De cette période, je garde un formidable souvenir. A toutes les journées d'Euroligue de basket, avec Adeline, Jean-Julien, Cyril ou Estelle, le soir, nous appelions par exemple nos correspondants dans toutes journaux d'Europe pour récupérer les marqueurs d'un Partizan Belgrade - CSKA Moscou ou d'un Vilnius - Barcelone. Et en échange, on leur filait ceux des matches des clubs français. Des correspondants dont on ne connaissait pas les visages mais qui étaient devenus des familiers, presque des potes. L'Europe des pigistes ! Le dimanche matin, c'était la chasse aux marqueurs de pro B à la rubrique basket, des fiches techniques de National à la rubrique foot ou des résultats de cyclocross à la rubrique vélo. Pas d'internet encore pour nous offrir tout sur un plateau. Mais des contacts, des voix.

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Et puis j'ai eu la chance de vite être dans les "petits papiers" de Richard Montaignac le chef du Vivier. Très vite, j'ai eu l'opportunité d'aller sur le terrain pour des reportages. Beaucoup de hand à Pontaul-Combault, Ivry, Créteil, un peu de foot avec mon premier papier signé pour un match de Coupe de la Ligue entre le Red Star et Lorient (ci-dessus), du vélo aussi avec le Tour de France VTT (ci-contre avec un papier sur Cadel Evans en étant envoyé spécial de ... Craponne-sur-Arzon... ça pète, non ?) et même le Paris-Roubaix (unique pour un pigiste), du basket etc. Tout ça comme viviériste. Un privilège. Et voilà comment très vite, je fus convaincu par Richard de démissionner de Jogging pour me consacrer à plein temps au Vivier. Quitter un CDI avec plein de voyages all around the world, pour un statut précaire de pigiste, beaucoup m'ont pris pour un fou. Mais c'est comme ça que je sentais les choses. Et la suite me donna raison puisque six mois plus tard, en juin 1998, à l'occasion de la création de L'Equipe dimanche (avant 1998, il n'y avait pas L'Equipe le dimanche ... pour info, la première Une de L'Equipe dimanche fut consacrée à la disparition en mer d'Eric Tabarly), je fus titulariser à la rubrique foot de L'Equipe pour couvrir la Coupe du monde...

Episode 2 dans la prochaine news...    

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En vrac, quelques chiffres qui m'ont marqué cette semaine. 

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. 5100 - Il y a quelques jours, Anne Géry, de l'agence Infocîmes, chargée des relations presse de l'UTMB, l'Ultra Trail du Mont-Blanc (166km, 9500 D+), diffusait un communiqué qui révélait que l'épreuve phare du trail avait enregistré 5100 demandes (pour 2500 dossards). Sachant qu'il faut déjà être qualifié pour pouvoir s'inscrire (en ayant fait ses preuves sur des courses déjà corsées), cela révèle l'impact de l'épreuve que beaucoup rêvent d'afficher à leur palmarès. La CCC (98km, 5600 D+) a elle enregistré 3600 demandes, 1100 sur la TDS (109km, 7100 D+) et une PTL (300km, 22000 D+ par équipes) quasi pleine.

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La participation est également de plus en plus internationale, explique le communiqué avec 75 nations représentées et des coureurs "non-français" représentant désormais 44% des demandes (40% en 2011, 38% en 2010) (9% Espagnols, 8% Italiens, 5% d'Anglais et, presque à égalité : la Belgique, l'Allemagne, la Suisse et le Japon avec 3%. On constate une hausse sensible de la présence américaine avec 146 demandes et une hausse spectaculaire des demandes polonaises (115), portugaises (68) et argentines (50). Enfin, 8% des participants sur l'UTMB sont des femmes (13% sur la CCC) et l'âge moyen est de l'UTMB est de 43,2 ans... Suis donc encore un peu jeune... 

Idem pour le Grand Raid des Pyrénées, également programmé fin août et qui affiche déjà complet tant sur le 80km que sur le 160 ! Messieurs les sociologues, y a des trucs à exploiter sur cette folie de l'extrême...  

. 2000 - Même engouement pour l'Ironman de Nice, du 24 juin. Six mois avant l'épreuve, la course enregistre déjà 2000 inscrits sur un maximum de 2500... Les gens ont beau se plaindre sur les forums du prix de l'inscription fixée cette année à 450 euros (!), les organisateurs auraient bien tort de se priver puisque la course sera bien évidemment complète avant l'échéance. 

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. 5 - Le nombre de points d'avance du Stade de Reims sur le 4e de la Ligue 2. Avec encore une victoire samedi face à Angers (3-0), les Rémois vont sérieusement commencer à croire à la montée en Ligue 1... Pas sûr qu'on est les moyens d'y rester longtemps au cas où, mais bon, ce serait quand même sympa de revenir dans une élite que les Rouge et Blanc ont quitté en 1979... A ce rythme là, il va aussi falloir penser à rééditer et actualiser mon livre "Stade de Reims, une histoire sans fin"...

. 5 h 53 - C'est évidemment la durée de la finale de l'Open d'Australie entre Novak Djokovic et Rafael Nadal. Une finale un peu longue à démarrer, un niveau de jeu parfois irrégulier mais une intensité et une dramaturgie extrême. Bravo et respect à ces deux messieurs aux facultés physiques mais aussi mentales hors du commun. Dommage pour Rodgeur, mais bon, demi-finaliste, beaucoup en rêveraient... n'est-ce pas les Français...  

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28 h 32' - C'est le temps de course total de mon amie Cécile Bertin lors de l'Ultra India Race (195km en 5 étapes en autosuffisance alimentaire et avec pas mal de dénivelé). Troisième féminine (beau podium également chez les mecs de Karim Mosta que j'ai croisé la première fois lors de ma période Jogging International sur la Route 66 évoquée ci-dessus), Cécile est en préparation pour son défi des 4 déserts évoqué dans la news du 15 janvier. Bravo madame et hâte de lire ton récit sur www.courir-au-feminin.com ou http://cecilebertin.com. Hâte aussi de te voir au milieu des dunes du Marathon des Sables dans deux mois maintenant. 

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. 1,6 milliard d'euros - C'est le déficit cumulé des 734 clubs européens de première division de foot, en 2010 (contre 1,2 milliard en 2009). 56% des clubs ont enregistré des pertes. Du grand n'importe quoi avec  certes des recettes en hausse (12,8 milliards soir une progression de 6,6%) mais 14,4 milliards d'euros de dépenses dont 64% pour les salaires. Président de l'UEFA, Michel Platini essaie d'instaurer son concept du "fair-play financier" avec pour principale mesure de priver les clubs déficitaires de Coupe d'Europe dès la saison 2013-2014. Vu que ce sont les plus grands clubs qui sont les plus endettés comme le Real Madrid, Barcelone et la plupart des clubs anglais et italiens, je ne vois pas trop comment il compte faire... On verra bien. Mais tout cela met en valeur les propos du joueur sochalien Jérémie Bréchet dans L'Equipe de samedi, sous la plume de Yohann Hautbois. " On a vécu dans une bulle financière depuis 15 ans et tout l'argent investi a été mal utilisé. Toutes les politiques sportives sont basées sur l'argent, pas sur les joueurs. Or, la richesse d'un club, ce n'est pas la valeur des joueurs mais celle des hommes. Un peu comme le monde de la finance, le football part complètement en couilles ! L'argent a été dépensé n'importe comment ! Je suis un acteur du système, j'en profite. Je ne crache pas dans la soupe. Je gagne plus d'argent que je ne devrais en gagner, je le sais très bien. Seulement, quel football va-t-on laisser aux prochaines générations ?"  Mais pas question de tirer toujours sur les footeux. Le basketteur Nicolas Batum vient de refuser un contrat de Portland qui lui garantissait 500 000 euros par mois (son agent demande 40 millions de dollars sur 4 ans). Pas assez pour lui... 

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Opération "tout peut vite basculer..."

Lundi
Equitation : 1 heure

Mardi
Course : 1 heure footing

Natation : 3000 m
(2 x (200 - 100 4 nages - 100 (25 pap., 25 dos)) - 3 x 100 - 3 x 100 pull - 200 resp. 3, 5 tps - 100 plaq.-zoomer lent - 100 zoomer moyen - 100 plaq. zoomer lent - 100 zoomer vite - 200 planche-zoomer - 4 x 50 vite départ plongé - 200 - 400 pull souple)

Mercredi
Vélo : 1 heure home trainer

Jeudi
Moto : Cascade, la première en plus de 15 ans... Fallait bien que ça arrive un jour... Un peu tordu de partout (comme la moto), un peu courbatu mais bon, toujours sur mes deux pieds...  

Samedi
Vélo : 1 heure home trainer

Dimanche
Course : 1h20' footing  (pas forcément une bonne idée car ça couine un peu du côté du genou gauche et des côtes suite à la cascade moto... et ça pique aussi un peu quand la cage thoracique gonfle... en gros quand je prends une grande inspiration... mais bon, ça passera...) 

 


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