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[Critique cinéma] L’amour dure trois ans

Par Gicquel

Il ne faut jamais rater le générique de fin, je vous l’ai déjà dit. L’avertissement vaut  pour ce film, une fois encore, mais il vaut beaucoup plus. Le prologue ou générique d’ouverture, si vous préférez,  mérite aussi  cette fois toute votre attention.

Habillage souvent, sans conséquence, des frasques à venir, il est chez Frédéric Beigbeder , une véritable déclaration d’intention. Faiseur d’images, le cinéaste en use, et en abuse dès l’ouverture, pour nous dire en quelques saynètes rafraîchissantes, bien appuyées, le sujet dont il va nous entretenir. Le titre est éloquent, sa mise en forme , une évidence.

Après quoi, tout coule de source. On aime ou pas Beigbeder, reste que son essai cinématographique, est un bluff ingénieux. Une romance, comme on n’en fait plus, tout à fait moderne, donc, kitsch pour les apparences, malicieuse pour les situations, pétillantes pour les dialogues, à double, voire triple fonds.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Je ne dirai rien de ma voisine qui m’agaçait, de rire pour n’importe quel geste maladroit, d’une amoureuse éconduite, ou d’un bellâtre emberlificoté dans ses douleurs articulaires ( il y a aussi du De Funès pour intello, dans ce film ) .Face à de magnifiques répliques, elle est restée de marbre.

Il est vrai que la composition de Gaspard Proust , en alter-ego du cinéaste est à elle seule une performance. Totalement subjugué par son reflet, Marc Marronnier, écrivain, anonyme, mais célèbre, (  » le seul auteur vivant, à vouloir être connu à titre posthume! » ) tient à la fois de Pierre Richard et Roberto Benigni , ce qui provoque pas mal de quiproquos , et quelques entourloupes amoureuses bien senties.

Proust est séduisant (et Louise Bourgoin  aussi) parce que Beigbeder réussit le tour de force de nous faire le coup du branché parisien expliqué aux nuls de la province. Prix littéraire, édition, petits arrangements entre amis, les poncifs habituels sont ici des moments de bravoure,  d’humour et d’intelligence, distillée avec modération.

[Critique cinéma] L’amour dure trois ans

Nuit d'ivresse, pour oublier, la femme de son cousin, son grand amour !

Ca balance pas mal, et cette façon de se regarder le nombril : consterné, désabusé, amère. Rien de l’autoflagellation, rien que du charme . Il en appelle même à Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut pour une auto parodie salvatrice que le réalisateur doit un tantinet s’approprier. Pas folle la guêpe, qui prévient la piqure du bourdon.

« C’est peut-être contextuel » dit Marronnier, au sujet d’un documentaire qu’il tourne sur l’amour «  mais ce n’est pas chiant ». Désarmant, et le bourdon renonce : son film est tout , sauf chiant !


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