Magazine Cinéma

[Critique] ALBERT NOBBS de Rodrigo Garcia

Par Celine_diane
[Critique] ALBERT NOBBS de Rodrigo Garcia
[AVANT-PREMIERE]
Filmer le destin d’une figure pathétique avec dignité est un sacré challenge. Et si Rodrigo Garcia ne signe pas, en bout de ligne, un film exempté de défauts, il fait preuve d’une subtilité remarquable. Entre travestissement social nécessaire (une Irlande du 19ème siècle éminemment patriarcale) et homosexualité inexprimée (raison de son incapacité à exprimer sa féminité), voici Albert Nobbs. Le majordome d’un hôtel pour riches, qui économise sagement depuis des années pour lancer son propre commerce. Derrière les apparences délicates, mais masculines, d’Albert, se cache en fait… une femme. Et une actrice : Glenn Close, qui depuis 82 où elle interpréta le personnage sur les planches, n’a cessé de se battre pour voir naître cette histoire sur grand écran. Chargé de cette mission hautement casse-gueule, un habitué du genre (le portrait de femmes), Rodrigo Garcia, qui après Ce que je sais d’elle d’un simple regard, Mother & Child et Nine Lives, se lance dans un challenge difficile puisque l’on se trouve ici à la fois dans le littéraire (c’est une adaptation d’une nouvelle de George Moore), et dans la théâtralité (pièce signée Simone Benmussa). Hélas, cela se ressent à l’écran : le microcosme bourgeois- filmé dans un lieu unique- reste figé et ne prend jamais vie ; l’émotion, elle, ne passe pas, et ce malgré l’intense composition de Glenn Close.
Toutefois, les thématiques sous-jacentes se révèlent suffisamment puissantes et intéressantes pour masquer les faiblesses d’une mise en scène aussi invisible que l’est Albert au reste du monde. De cet être fragile et asexué, Garcia tire beaucoup de belles pistes de réflexions. Le plus souvent paradoxales d’ailleurs puisque, si l’on a des femmes/hommes fortes et déterminées, les hommes (Jonathan Rhys Mayer et Aaron Johnson), eux, voient leur virilité écorchée. En effet, le trio qui compose le film dévoile des hommes tour à tour infidèles, lâches, stupides. La force d’Albert Nobbs (et de Garcia), enfin, c’est d’avoir trouvé le parfait dosage entre fantasmes (symbolisés par Mia Wasikowska) et cruauté, drôlerie et férocité. Souvent, on rit des quiproquos, sous-entendus et autres non-dits, mais jamais on ne rit aux dépens de. Et ça, c’est un bel exercice de finesse.
[Critique] ALBERT NOBBS de Rodrigo Garcia
Sortie: le 22 février 2012.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Celine_diane 512 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines