Magazine Focus Emploi

CV bidonné, crash assuré !

Publié le 16 février 2012 par Claire Romanet

Il y a ceux qui trichent sur leurs diplômes, prétendant avoir obtenu tel ou tel Master alors qu’ils n’ont pas passé les examens finaux (à l’instar de Rachida Dati et son soi-disant diplôme d’HEC). Soit. Il y a ceux qui embellissent leur parcours, s’attribuant sans complexe des tâches en réalité effectuées par un collègue. Si vous leur posez la question, ils vous rétorqueront qu’ils ont assisté au projet de sa conception à son déploiement, c’est donc comme s’ils s’en étaient chargés personnellement. Bon à la limite, passe encore. Et puis il y a des gens comme Philippe Gaillard, qui n’hésitent pas à s’inventer une vie « parfaite » (diplômes, carrière, engagements militaires et associatifs…) pour prétendre en toute modestie au poste de… directeur général de l’aéroport international de Limoges ! Rien que ça.

L’affaire a largement fait parler d’elle ces derniers jours, tant les faits sont aberrants. L’histoire d’un affabulateur talentueux, qui réécrit sa vie à travers un CV qui a de quoi faire rêver : ingénieur, diplômé de l’Ecole Nationale de l’Aviation Civile, couronné d’un brevet de pilote de chasse et de récompenses de guerre (Liban, ex-Yougoslavie ou guerre du Golfe).  Il a 44 ans, un casier judiciaire vide, et le poste de dirigeant d’aéroport ne semble attendre que lui. Sauf qu’au bout de 3 mois, le subterfuge est dénoncé et les informations se recoupent, faisant ressurgir un passé pas si immaculé qu’il n’en a l’air. Philippe est remercié mais aucune plainte n’est déposée par la CCI. La raison ? « Il a exercé un boulot formidable, il a même été d’une compétence qui laisse pantois ! » raconte un employé de l’aéroport. Car comble de l’ironie, le filou était adulé de ses employés !

Cette histoire poussée à l’extrême est l’occasion pour nous, recruteurs, de rappeler qu’aujourd’hui en France, plus de 70% des CV sont bidonnés (selon les statistiques de l’Apec) et qu’un tiers des diplômes présents sur un CV sont faux. Des chiffres énormes qui en disent long sur les réalités du marché : aujourd’hui pour plaire à un employeur, il faut être parfait. Un stagiaire se dit employé, un employé se dit cadre, un cadre s’attribue plus de responsabilités, et ainsi de suite.

Sauf que quand l’employeur se rend compte de la supercherie (si tant est qu’il s’en rende compte un jour : 71% des dirigeants en 2011 reconnaissent ne faire aucun contrôle lors d’une embauche), un cas de conscience se pose. Si ledit salarié est un employé modèle, qui remplit parfaitement ses missions mais qui a enjolivé son profil pour obtenir un poste, il est impossible de le mettre dehors sous peine qu’il se retourne contre l’employeur pour licenciement abusif. En revanche, si l’employé qui a triché ne répond pas aux exigences du poste, l’employeur peut le licencier pour faute grave ou déclarer son contrat caduc.

Alors maquiller son CV pour embellir ses expériences, pourquoi pas, mais attention à ne pas trop en faire, car comme le dit le proverbe : «c’est au pied du mur qu’on voit le maçon» !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Claire Romanet 5426 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte