Magazine France

La candidature Sarkozy: J+1 ou J+rien ?

Publié le 17 février 2012 par Juan
La candidature Sarkozy: J+1 ou J+rien ? Au lendemain de son annonce de candidature sur TF1, Nicolas Sarkozy est allé en Haute-Savoie. Il fallait montrer que la France du peuple l'attendait comme un nouveau Napoléon.
Les réactions à son intervention de la veille furent globalement négatives, dans l'opposition bien évidemment, mais aussi dans la presse française ou internationale.
L'effet de surprise n'a pas joué. Et quelques nouveaux couacs ont émaillé sa campagne.
Déceptions
Sur le Web, la critique fut féroce. Du Giscardisé au Président Poisson-Rouge, du Marquis de la Faillite au succès de la Riposte #SarkoCaSuffit sur Twitter le soir de son intervention, le Monarque et ses proches firent mine d'ignorer la chose. Ils pouvaient être heureux de deux récents désistements « spontanés ». Après Boutin mardi, Hervé Morin (Nouveau Centre) croyait faire la une du Figaro avec sa déclaration d'allégeance à Nicolas Sarkozy. Quel suspense !
Mais pour le reste, les commentaires médiatiques furent très sévères sur l'intervention de l'omni-candidat.
Et pour cause.
Nous avions été d-é-ç-u-s.
La seule nouveauté du discours sarkozyen réside dans la quasi-systématisation du référendum comme règle de gouvernance pour « surmonter les blocages ». La formule a fait long feu. Primo, elle n'est pas claire, voire franchement incompréhensible. Sur quels sujets Nicolas Sarkozy compte-t-il user du référendum ? Il a évoqué la formation des chômeurs. Mais il a semblé rétro-pédalé sur ses annonces au Figaro Magazine. Il n'a pas osé, mardi en Isère ou mercredi sur TF1, expliciter qu'il envisageait de supprimer les allocations chômage à un demandeur d'emploi qui refuserait une formation. Ouvrirait-il enfin la possibilité du référendum d'initiative populaire ?
Secundo, et c'est plus grave, cette idée est invalidée par les 5 dernières années de pratique sarkozyenne. Le Monarque commet la même erreur que Valéry Giscard d'Estaing en 1981 qui réclamait un « Président à la France » pour le second septennat qu'il n'a finalement pas eu: en voulant redonner la parole au peuple, Sarkozy confesse que ce dernier ne l'avait plus. La faute à qui ?
Arnaques
Depuis 5 ans, le Monarque s'est progressivement coupé du fameux peuple qu'il regrette tant. Sa première année fut Bling-Bling, yacht et Fouquet's. Sa première tournée des voeux, en janvier 2008, fut marquée par de telles  de protestation que la sécurité de ses déplacements fut ensuite considérablement renforcée. Depuis 3 ans, le Monarque se déplace escorté par des centaines de CRS, de préférence dans des petits villages à l'écart des grandes agglomérations. Les audiences sont soigneusement filtrées, choisies, parfois complétées par des figurants. La moindre manifestation est écartée ou réprimée.
Que dire enfin de ces réformes contestées ? Pourquoi n'y-a-t-il jamais eu de consultations ? Rappelez-vous le ras-le-bol de janvier 2009, qui força Nicolas Sarkozy à convoquer un sommet social (déjà) et à lâcher quelques aides et suppressions temporaires d'impôts. Rappelez-vous les émeutes de la Martinique et de la Guadeloupe en 2009 ? Rappelez-vous les manifestations monstres en 2010 contre la réforme des retraites ? Sur ces sujets, jamais Nicolas Sarkozy n'envisagea de référendum.
Mieux, l'une des rares avancées démocratiques de la réforme constitutionnelle de juillet 2008, le référendum d'initiative populaire, ne fut jamais mise en oeuvre faute de loi organique. Une tartufferie totale !
Figurants ou supporteurs
Les vraies surprises étaient pour jeudi.
Le candidat sortant avait filé en Haute-Savoie, débarquant sur place en Airbus. Des centaines de journalistes et autres personnels médiatiques l'entouraient.
Un journaliste de Mediapart parvint à se glisser dans l'un des commerces visités par le Monarque. L'échange fut bref (article payant). Sarkozy ne voulait pas parler de l'inculpation de son ancien trésorier Eric Woerth.
Mediapart: «Monsieur Sarkozy, pensez-vous, comme vous l’avez dit en 2010 à David Pujadas pour la presse, que des officines sont derrière les juges qui ont mis Eric Woerth en examen?»
NS: «Ecoutez...qu’est-ce que vous me parlez de ça...Je suis là...à Annecy, j’ai pas envie de parler de ça.» 
Mais le Monarque se réfugia dans un restaurant pré-sélectionné par les scénaristes élyséens de la journée. Il y inaugura un nouveau concept: la rencontre filmée mais sans journaliste ni micro avec « quelques » Français dans un restaurant.
Un peu plus tard, à une heure improbable, Nicolas Sarkozy était en micro-meeting, entre 2 et 3000 personnes à peine, à Annecy. L'assistance brandissait quelques drapeaux. Elle riait aux bons mots. C'était normal. Mais pourquoi un premier meeting de campagne, prétendument attendu, aussi riquiqui ? C'était la première surprise de cette première journée du candidat Sarkozy.
Sur l'estrade, le Monarque se lança dans une défense assez rapide de son programme. Le « J'ai changé » de 2007 avait été remplacé par « J'ai appris ». Il lâcha rapidement « J'ai commis des erreurs ». Ou encore: « Je me suis toujours efforcé d'être juste, d'être sincère, et de donner tout ce que je pouvais ».
Il répéta des arguments maintes fois entendus, chaque semaine depuis 2 ans, 52 semaines par an; combien il a réussi à réformer les régimes spéciaux, les retraites et les universités. « La France a souffert de la crise, mais la France a résisté. La France a fait face ». On réalisait qu'on avait déjà entendu la chose trop souvent. Sarkozy était devenu lassant.
Troisième surprise, Nicolas Sarkozy était finalement aussi grossier que certains de ses sbires de ces dernières semaines. Ce jeudi, il accusa, l'air grimaçant, François Hollande qui « ment matin et soir ».
Couacs
A Paris, quelques nouveaux couacs émaillèrent ce coming-out raté du candidat sortant.
L'épouse du Monarque livra un interview confondante. Elle confia qu'elle attendait que son mari lui indique où intervenir. Mais aussi et surtout: « Je ne m’y connais pas tellement mais franchement, je trouve qu’il a tout bien fait.» Nous étions gênés. Sur les référendums, Carla Bruni n'avait pas plus d'idées autre que son « mari » avait raison

Soutenez-vous ces propositions d’organiser des référendums?

Là encore, je ne m’y connais pas. Généralement, je trouve que ses idées sont fabuleuses.
Son affiche de campagne le montrait de trois quarts, regardant au loin, une mer calme en fonds d'image. Cette mer est en fait la mer Egée. Illustrer la « France Forte », un slogan emprunté à la campagne de VGE en 1981, avec un cliché d'une Grèce morte, quelle idée !
L'équipe Web du candidat sortant avait aussi mis en ligne le site de campagne, lafranceforte.fr, rapidement inaccessible. Plus tard, en page d'accueil, la video de la veille... polluée par un spot publicitaire en preroll.
Qui de son équipe de campagne ou de ses communicants Sarkozy devra-t-il virer ?
En coulisses, le ministre du Travail Xavier Bertrand a envoyé quelques consignes à des patrons amis ou soumis (PSA, Areva, FNAC, etc): reportez vos plans sociaux après le 1er tour de la présidentielle...
Une France de figurants...


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Juan 53884 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte