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Chasse en danger

Publié le 21 février 2012 par Scienceblog
I

l y a longtemps que je ne m’étais pas fait d’ennemis … Ce petit post me permettra d’en ajouter à mon tableau … de chasse. Comme souvent, je réagis à des idées quasi reçues des médias. Aujourd’hui, la chasse aux bêtes nuisibles retient mon attention : régulièrement apprend-t-on, des sangliers ou des biches rentrent dans nos agglomérations et nos villes, et les habitants effarés trouvent des renards, des sangliers dans les rues de leur ville. La SNCF recense quelque 100 collisions entre motrices et bêtes sauvages. Les villes, pour se prémunir, rémunèrent des chasseurs dument diplômés et rémunérés afin de réguler la population animale sauvage dans son territoire, ou la SNCF elle-même aussi parfois, ou des  terrains d’aviation.

On pourrait poser quelques hypothèses pour expliciter cette recrudescence. La première, ce serait que la population sauvage animale grandit. Et, de façon tout aussi intuitive, on se dit que, vu les mauvais humains pollueurs que nous sommes, ce n’est surement pas vrai ! La population des  animaux sauvages ne peut que diminuer, et les l sont pour certaines presque mortes, comme les abeilles, ou les gentils hamsters alsaciens … Nous reparlerons de ces hamsters plus tard, mais pour l’instant, exit la surpopulation animale.

Une autre hypothèse serait que, bien au contraire, ces pauvres animaux ont de moins en moins de place, ce que j’ai entendu ce midi même dans la bouche d’Ariel Wisman sur Canal Plus. La ville mange l’espace sur la campagne ; du coup, ce terrain autrefois occupé par le sauvage et aujourd’hui l’apprivoisé est le lieu de conflits entre ces deux factions. Cette assertion est un peu étonnante : nous parlons ici de la périphérie de grandes villes, et pas de zones périurbaines étendues, dans lesquelles les anciens citadins achètent à moindre cout des maisons presque préfabriquées. Les gens s’étonnent de voir quelques animaux sauvages en nature, mais ça reste normal. Que les animaux se rapprochent des villes, voilà qui est nouveau. Mais ce sont les villes qui se balkanisent et qui sont à la campagne ! Pas étonnant d’y trouver des bêtes.

Lors d’un voyage récent en TGV, j’ai pu observer (très rapidement) un chevreuil en bordure de bosquet, intéressé par le passage du train. Vision étonnante, mais je croyais que ces animaux étaient peureux ! Il aurait du partir depuis longtemps, mais non, la bête restait peinarde à regarder la longue cohorte sur rails. Nous étions loin d’une agglomération, pour ce que j’en savais bien sur, c’est difficile de juger en TGV. Bref, c’était la première fois que je voyais ça, et plusieurs voyageurs m’ont raconté les mêmes visions qu’ils n’avaient jamais eu auparavant.

Manifestement, la population peut augmenter facilement. Étant donné les ressources nutritives, champs et cultures intensives de mais ou de blé, ils permettent à ces bestioles de croitre sans problème. Imaginez : un sanglier gagne au cours de sa première année un kilo par semaine. Idem pour à peu près toutes les espèces. Ma nièce qui habite à la campagne voit de plus en plus de ces bestioles par sa fenêtre le matin, et place des barrières et des fils électriques pour que ces foutus animaux ne viennent pas grignoter les légumes du potager Donc, l’hypothèse d’une population qui croit est à peu près établie, et l’objet des villes et agglomérations est d’en réguler l’accroissement, voire de l’arrêter.

Ce qui nous amène à l’hypothèse numéro trois, surement la moins acceptable pour notre psychologie de citadins : et si ces populations grandissaient … parce qu’il y a moins de chasseurs ? Si on y regarde d’un peu plus près, les populations agricoles baissent, la désertification des campagnes avance, dont une partie de la population était justement portée sur … la chasse. De plus, le cout pour chasser est de plus en plus important : en Alsace, on doit payer de 1000 à 5000 euros par an pour avoir le droit de chasser dans un espace défini, plus la licence, plus les fusils. Là, on a un minimum de bêtes à tuer, et si on est en dessous de ce seuil, preuves à l’appui, on doit payer une amende élevée. Idem si on prélève trop.

Que la pêche et la chasse soient bien régulées, c’est plutôt une bonne nouvelle. Nul ne doute que l’animal humain, qui fait partie d’un écosystème, doit y trouver sa place et, comme toutes les espèces, régule son comportement. Mais cette régulation se fait à un moment spécial ou c’est l’homme qui change, passant de l’état de rural à celui de citadin, dépeuplant la nature pour se regrouper dans les villes. En même temps, les écosystèmes changent, quoi de plus naturel. Par contre, on pense la régulation des espèces comme étant une préoccupation citadine, et devant être assumée par les ruraux : de toute évidence, sur ce sujet, ces deux mondes ont du mal à se comprendre.

Bref, après des années de lutte contre, je suis pour la chasse !


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