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[Critique DVD] Portrait d’une enfant déchue

Par Gicquel

Portrait de femme en forme de puzzle. Mais pas le puzzle habituel, où les pièces tombent avec une logique scénaristique, évidente. Ici on est plutôt dans le désordre assumé, autour d’une construction narrative à tiroirs. La technique de l’interview est un procédé assez classique, dans le cinéma, pour raconter l’histoire d’une vie .Mais Jerry Schatzberg qui signait là son premier film, après une carrière de photographe de mode, innove en jouant sur la double détente. Elle se raconte, il lui parle, et leurs souvenirs prend maintenant toute la dimension de la maison du top-model, où se passe la rencontre, au point qu’à plusieurs reprises, je pensais que Faye Denaway racontait sa propre vie. Beauté fragile, elle y est formidable.

Mais non,  le réalisateur new-yorkais de Panique à Needle Park et de L’Épouvantail (Palme d’or en 1973) s’inspire ici de la vie tourmentée du top model Ann Saint Marie, qu’il a évidemment bien connu.

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C’était alors un mannequin très important qui au fil du temps s’est vu délaisser pour « des  mannequins plus jeunes, des nouveaux visages. Cela l’affecta énormément car elle était toujours jeune et n’avait même pas trente ans. Alors qu’elle traversait ces difficultés, je l’ai vue sombrer dans la dépression. J’ai toujours pensé qu’il y avait une histoire à raconter. Mais ce film est vraiment une métaphore pour de nombreux secteurs, pas seulement la mode. »

En associant  ses souvenirs personnels de photographe de mode ,en filmant la fabrication des images en même temps qu’il montre leur envers,(c’est remarquablement bien agencé), Schatzberg saisit le tournant des années 60-70 avec tout ce que l’époque comporte de fraicheur, d’excitation, mais aussi de vacuité.

[Critique DVD] Portrait d’une enfant déchue

 Un monde de dingue où les plus dingues ne sont  pas forcément ceux que l’on croit. Je pense à cette célèbre photographe, Pauline Galba, qui pilote son propre avion, alors que son entourage préfère prendre un vol régulier.Légèrement à côté de ses pompes…

Une fiction, plus vraie que nature, avec cette petite touche du documentaire qui sied parfaitement au récit. Des séances de pose, où l’on  ne parlait pas alors de maltraitance, d’autres plus rigolotes quand la starlette entraîne son partenaire dans sa loge, histoire de le décoincer. Une technique de coaching, comme une autre…

Quelques moments de légèreté, dans un monde de brut, où le réalisateur va puiser jusqu’au bout la détresse d’une femme brisée, aujourd’hui en quête d’absolu. «  Je veux vivre en état de grâce » confie-t-elle à la bande magnétique.

LES SUPPLEMENTS

Né dans le Bronx, Jerry Schatzberg devient  photographe à 26 ans. En 1958, le magazine Vogue lui passe une première commande, ce qui ouvrit la voie aux années 60 pendant lesquels il travaille intensément pour les magazines les plus prestigieux.

Il entame aussi une série de portraits d’artistes, le plus souvent au début de leur carrière à l’époque : Bob Dylan, Faye Dunaway, les Rolling Stones, Andy Warhol, Catherine Deneuve, Francis Ford Coppola, Roman Polanski…

  • Le film révélé, par Pierre Rissient. (13 mn)

 Alors que la critique américaine boude son plaisir, Pierre Rissient découvre ce film au cours d’une seance à laquelle il ne pensait rester que cinq minutes. Il s’en explique.

  •  Illusion et réalité, par Miche Ciment. ( 5O mn )Le réalisateur explique son parcours qui le conduira  à imaginer, ce film d’après une histoire très personnelle.L’apport de son expérience photographique dans la réalisation est évidemment un chapitre important. Il dit notamment que pour la lumière, le chef opérateur Adam Holender voulait retrouver l’éclairage typique des séances photos, et pas du cinéma. «  Je lui ai expliqué comment je procédais et il a réussi.En reprenant quasiment les plus grandes scènes du film, on suit pas  à pas les personnages et la manière dont il sont arrivés dans le scénario. En conclusion rappelle l’accueil très froid de la critique américaine. Il aura fallu la présence d’un frenchy  pour remettre les choses en ordre.

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