Magazine Cinéma

JO POUR JONATHAN de Maxime Giroux (2011)

Par Celine_diane

[Critique] JO POUR JONATHAN de Maxime Giroux (2011)
D’emblée, le ton- sinistre- est donné : deux garçons et une fille sont dans une même pièce, le premier dit à l’autre de partir, le second fait mine de s’en aller mais espionne les ébats des deux autres, l’air envieux, patibulaire. Rapidement, on apprend qu’il s’agit de deux frères, l’un (Jean-Sébastien Courchesne) a tout ce que l’on peut posséder (au mieux) dans une banlieue aussi grise et un avenir aussi fermé : une belle voiture tuning, une belle "blonde", le permis de conduire et une passion pour les courses automobiles qui lui rapporte un peu de sous. L’autre (Raphaël Lacaille, impressionnant) lui, n’a rien d’autre qu’une admiration excessive pour son frangin, un amour teinté de jalousie qui remplit le vide de son quotidien. Lorsqu’à l’examen, il n’obtient pas son permis auto, sésame pour aller fouler les pistes sauvages, c’est le début d’une descente aux enfers irréversible (dont on taira les enjeux pour ne rien gâcher).
Maxime Giroux, pour son second long métrage, scinde son film en deux parties : d’un côté, on a une chronique sociale épurée dont les héros rappellent ceux de l’américain Larry Clark (le trash en moins), des ados paumés, parfois violent, qui errent entre drogue et désespoir ; de l’autre, on a un drame viscéral, intense et sensoriel, qui s’enferme, à l’instar du personnage principal, dans un profond mutisme. Transcrire en images, la rage sourde, la colère latente et le chagrin indescriptible, c’est le pari risqué entrepris par le cinéaste québécois, qui parvient à ne pas étouffer le spectateur, en ne parlant pourtant que du pire : la mort, la fatalité, le deuil, l’arrêt brutal de tous les possibles. La mise en scène épouse totalement un propos qui choisit le silence pour s’exprimer : travail sur le son, acteur principal habité, photographie étudiée. Jo pour Jonathan, prénom brutalement coupé en deux à l’image du protagoniste, rappelle, par instants, le Belle Epine de Rebecca Zlotowski qui évoquait des thématiques similaires, au milieu de courses illégales, et, au milieu d’un deuil, de toute façon impossible à faire.
[Critique] JO POUR JONATHAN de Maxime Giroux (2011)
Sortie France : inconnue.
DVD Dispo / Import Québec.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Celine_diane 512 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines