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Poète et paysan, de Jean-Louis Fournier

Par Litterature_et_chocolat @HeleneChoco

 La vie à la campagne, c’est terriblement romantique! …Non?

Poète et paysan, de Jean-Louis FournierLe destin peut parfois vous jouer des tours. On se destine à une carrière prometteuse sous les projecteurs des studios de cinéma ou de télévision et on se retrouve, maculé de boue, à labourer un champ de blé en pleine nuit. Et tout cela par amour.  

La situation devient savoureuse quand le paysan en herbe relate ses déboires agricoles avec un humour décapant et une tendre autodérision. Car la fiancée, finaude, n’a pas abandonné ses études et passe ses semaines à Paris. C’est donc seul que son promis apprend à s’occuper d’une exploitation en compagnie de ses futurs beaux-parents, entre un beau-père taciturne qui exige que les sillons de son champ soient rectilignes – il en va de sa réputation – et une belle-mère affectueuse mais peu diserte. Et la vie à la campagne n’a plus rien de bucolique sous le regard  résigné et quelque peu interloqué de Jean-Louis Fournier. On est loin des moissons d’antan, couronnées par des festins campagnards: l’agriculture moderne se mène seul au volant d’un tracteur, dans les odeurs d’essence et au son de radio Luxembourg.

En quelques dizaines de chapitres courts et rythmés, le narrateur nous révèle quelques tranches de vie d’une époque qui a failli déboucher sur un changement de vocation. Reconnaissons que de cinéaste à agriculteur, il y a un gouffre que Jean-Louis Fournier semble avoir eu quelques difficultés à franchir malgré une bonne volonté indéniable. Mais l’amour réserve souvent des surprises. Quel sera le prochain métier du paysan défroqué?

Un livre à mettre entre les mains de tous les néo-soixante-huitards qui caressent le rêve d’un retour à la terre (dont j’étais. Jean-Louis Fournier, merci de m’avoir épargné de terribles déconvenues).

JE VOUS LE CONSEILLE SI…

… vous pensiez que l’émission “L’amour est dans le pré” reflète l’image enviable d’une vie simple, proche de la nature. Bizarrement, l’expérience de Jean-Louis Fournier semble avoir été moins romantique et plus salissante.

EXTRAITS :

Vu comme ça… on va prendre le temps de la réflexion avant de s’installer sur un lopin de terre!

Les intellectuels barbus partent dans le Larzac élever des chèvres et faire des fromages immangeables. Les chèvres en meurent de honte. Dans les Cévennes, ils vont engraisser des canards. Dans les bocaux de confits, il y a autant de mouches que de canard. Ailleurs, ils élèvent des chiens au régime macrobiotique, sans viande. Les chiens se portent très bien. Puis un jour, ils disparaissent. On les retrouve tous morts. Ils ont été tués par l’éleveur de faisans, il en a eu marre qu’ils viennent chez lui faire des razzias de volatiles.
Les paysans du dimanche sont retournés à la terre, mais ils sont vite rentrés déçus avec mal aux reins. Ils n’imaginaient pas la terre aussi basse.



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