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Maigret et le corps sans tête

Par Noirdepolars

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  • Poche: 190 pages
  • Editeur : Le Livre de Poche (15 octobre 2002)
  • Collection : Policier / Thriller
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2253142387
  • ISBN-13: 978-2253142386

Une femme d'une espèce à sang mort...

Résumé de l’éditeur

L'un après l'autre, les morceaux d'un cadavre, découverts par des mariniers, sortent des eaux du canal Saint-Martin, au-dessus de l'écluse des Récollets. Seule la tête demeure introuvable. C'est dans un bistro voisin, sur le quai de Valmy, que Maigret va entreprendre de humer les mystères du quartier. Le patron du café, Omer Callas, est absent : au dire de sa femme Aline, il s'approvisionne en vins dans la région de Poitiers. Le policier a tôt fait de repérer les amants - l'un régulier, l'autre occasionnel - de cette femme évasive et sèche, adonnée à la boisson. Peu à peu l'étau se resserre autour d'elle. Mais quel intérêt pouvait-elle avoir à faire disparaître un mari aussi peu gênant ? La vérité surgira, étonnante, liée à ces paradoxes du cœur humain, à ces énigmes de la personnalité et du destin que Georges Simenon excelle à débusquer dans les existences les plus ordinaires.

Les élucubrations du bertrand

L’écluse des Récollets, canal Saint-Martin, là même ou Louis Jouvet voulut changer d’atmosphère au grand dam d’Arletty, juste à côté de l’écluse dite des morts, lieu magique de la grande faux parisienne, scène fameuse du boulevard du crime qui n’est pas si loin à l’époque où le roman est publié en 1955.

Non loin de là, un café, un pauvre troquet tenu par un couple. Bien assorti ce couple ? Comment le savoir, puisque l’homme y manque, et que les restes humains en voie de putréfaction retrouvés dans l’eau du canal pourraient bien lui appartenir ?

Bizarre, la bistrotière, cette Aline Calas. Comme absente… Alcolo-dépendante, ça ne fait aucun doute, mais pour le reste, pas facile à deviner. Est-elle belle ? Plus vraiment. L’a-t-elle été plus jeune ? Sans doute. Le commissaire subit-il en quelque sorte son charme revêche ? Oui, on peut le croire..

Et c’est de là que tout part, que tout s’enchaine. Cette femme-là ne peut être ce personnage-ci. Son apparence trompe son monde. Maigret, en psychologue averti, la cerne, pénètre le secret de son âme.

Grand duel à la Simenon entre Maigret le placide, le finaud, le ruminant, et une femme qui a choisi de ne pas suivre le chemin qui lui était tracé, qui a opté pour le pire, qui s’est tricoté sa vie à elle. Cherchez la femme ! Adage policier fameux que Maigret applique presque toujours, et souvent avec succès.

Et Simenon, ce qui chagrinera nos pétroleuses et on les comprend, peint souvent la femme en noir. Quelques exceptions cependant : madame Maigret, serviable et très comme il faut ; la jeune semi-pute de l’Ombre chinoise pour laquelle il a de la tendresse ; la Grande perche, autre professionnelle qu’il apprécie. Mais, il faut bien l’avouer, les femmes pour Simenon ce sont souvent des monstres.

Pas Aline Calas. Ce n’est pas un monstre, c’est une espèce à sang mort à part dans un monde mi-construit., mi-subi. Encore une fois, le charme de l’ambiance « Canal Saint-Martin » opère à plein, et si Maigret apparait passif dans cette enquête, c’est sans doute la puissance de sa réflexion qui force les évènements.

Hôtel Du Nord (1938) - "Atmosphère" scene with Arletty


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