Magazine

La marquise d’O … (suite)

Publié le 11 mars 2008 par Frontere

La marquise d’O … (suite)Le lendemain, au lever du jour, le commandant en chef des troupes russes inspecte le fort et félicite l’officier d’avoir sauvé la fille du gouverneur. Mais il exige que les coupables soient fusillés, et malgré les atermoiements de l’officier qui tente de sauver ses hommes, ils sont passés par les armes ; en quelque sorte pour avoir voulu transporter au domaine de la conquête amoureuse les lois de la poliorcétique :

[…] cette façon, habituelle sans doute, d’emporter d’assaut le cœur des dames comme une forteresse »

Les troupes doivent alors, toutes affaires cessantes, évacuer la place, seule une petite garnison y demeure. Le jour même de son départ de la forteresse (il n’a pu revoir la marquise) le comte trouve la mort, touché par une balle en pleine poitrine.

Quelque temps après la marquise se plaint “de nausées”, “de vertiges”, “de défaillances”, autant de désagréments qui lui rappellent ses grossesses anciennes.

Puis rebondissement, le comte réapparaît subitement (1), il s’inquiète de l’état de santé de la marquise et lui demande sa main. Le gouverneur rappelle que sa fille a décidé de ne pas se remarier (fidélité post mortem à son mari) et demande un délai de réflexion (2). Le comte, qui doit repartir à Naples, se fait alors pressant, il veut une promesse de mariage avant son retour :

« Il avait quitté la pièce et la famille en était à se demander ce qu’il fallait penser d’un pareil geste. Dans l’esprit de la mère, il ne pouvait se faire qu’il renvoyât à Z … les dépêches dont il était porteur pour Naples uniquement parce qu’il n’avait pas réussi, en passant par M …, à obtenir un oui dans un entretien de cinq minutes avec une dame totalement inconnue de lui. Le maître des forêts observa qu’un acte d’une telle légèreté n’exposait à rien de moins qu’aux arrêts de forteresse … “Avec la cassation par-dessus le marché”, ajouta le gouverneur ».

Le comte renvoie pourtant les dépêches et devient l’hôte du gouverneur au risque donc d’être cassé. La marquise, pressée par sa mère, campe sur ses positions de refus d’un deuxième mariage : « Il me plaît sans me plaire ». Cependant elle prend l’engagement, à son corps défendant (en fait, sa mère décide pour elle), de ne pas nouer de nouvelle relation avec un autre homme ; on envisage néanmoins des fiançailles.

Plus tard la marquise éprouve des malaises et se croit malade. Un médecin est appelé pour qui elle est en parfaite santé … pour une jeune femme enceinte (ironie). Une sage-femme est alors requise au chevet de la marquise. Le diagnostic de grossesse est confirmé.

Sa mère l’injurie tandis que son père lui demande de quitter le domicile familial :

« […] l’époque où le comte F … devait revenir de Naples n’était pas encore révolue qu’elle s’était déjà toute familiarisée avec son destin, avec cette vie de retraite spirituelle et monacale. Le portier reçut l’ordre de n’admettre personne dans la maison. Seule, une pensée lui était intolérable : c’est que ce jeune être qu’elle avait conçu en toute innocence et en toute pureté et dont l’origine, à cause du mystère plus grand qui l’entourait, avait par cela même une sorte de caractère plus divin que celle des autres hommes, dût porter sur son front une flétrissure dans la société bourgeoise. »

A suivre

Notes

(1) nous sommes en pleine période romantique, d’où des rebondissements souvent inattendus, topiques du genre

(2) rappelons ici que la marquise est veuve


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Frontere 65 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog