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Discours de Jean-Luc Mélenchon à la Bastille

Publié le 19 mars 2012 par Forrestgump54
http://www.dailymotion.com/video/xpj12s

Jean-Luc Mélenchon, toujours à la hausse dans les sondages, a réussi son pari de remplir la place de la Bastille dimanche après-midi avec sa grande journée pour la VIe République, façon de montrer la force populaire du Front de Gauche à cinq semaines du premier tour.
Tous les éditorialistes ou presque de la presse française commentent ce lundi 19 mars cette "prise de la Bastille" du leader du Front de Gauche. Revue de presse.
► Le Figaro (Paul-Henri du Limbert) : "À gauche, celui qui monte, c'est Jean-Luc Mélenchon, celui qui s'effrite, c'est François Hollande. Jean-Luc Mélenchon n'est pas Georges Marchais, mais il faut bien lui reconnaître un grand talent dans l'outrance. Il sait être tout à la fois Maximilien Robespierre, Lénine, Mao Tsé-toung et Hugo Chavez. Bref, il a des références, assez folles, sans doute, mais il en a. Face à lui, il y a François Hollande, dont chacun a reconnu, et surtout à gauche, que sa vision générale des choses est un peu floue…Jean-Luc Mélenchon exige de François Hollande qu'il soit à gauche, et plutôt plus que moins."
► L'Humanité (Patrick Apel-Muller)  : "Quelque chose nous dépasse dans cette foule immense arpentant le pavé de Paris, brandissant des drapeaux rouges, enlacée et rieuse, émerveillée de son nombre, de cette mosaïque de colères et d'espérances. Se retrouvent celui qui n'y croyait plus et celui qui y croyait encore ; ceux qui ont connu de grandes vagues populaires et ces jeunes qui rêvent de déferlantes citoyennes…(Le) peuple commence à prendre le pouvoir…Le Front de gauche n'est plus la seule addition de ses partis fondateurs. Il n'est plus un noyau entouré d'un halo de sympathie. Il est devenu un mouvement populaire…Les sondages qui grimpent en faveur de Jean-Luc Mélenchon n'ont pas atteint leur sommet. Chaque point gagnépousse Nicolas Sarkozy vers la reconversion professionnelle qu'il a annoncée, déjoue l'opération qui entendait livrer les couches populaires à Marine Le Pen et exige de François Hollande qu'il entende les revendications populaires, dès aujourd'hui et pour demain."P
► Le Progrès (Pascal Jalabert) : "C'est une révolution ? +Non, sire une indignation+ répondrait le Duc de Liancourt s'il conseillait Sarkozy, Hollande ou Bayrou, après avoir vu cette place de la Bastille, noire de monde et

rouge de colère. La mobilisation réussie derrière un Jean-Luc Mélenchon étreint par l'émotion et galvanisé au sondage à deux chiffres, fait écho au succès d'édition du livret +Indignez-vous+ de Stéphane Hessel. Cette insurrection civique se nourrit de la crise, des mesures d'austérité du moment et puise ses racines dans le non à la Constitution européenne de 2005 que nos dirigeants ont contourné par des traités alambiqués pour remettre l'Europe sur son rail libéral. Ce cri du peuple monte pour dénoncer les inégalités qui à force de se creuser sont devenues des injustices. Mélenchon fédère cette indignation et la gauche de la gauche. Son ascension complique le deuxième tour de Nicolas Sarkozy qui ne dispose pas dans son camp d'une réserve aussi forte et fiable…Aucun candidat ne peut commettre une méprise sur la Bastille. C'est bel et bien Mélenchon qui secoue la campagne". 

► La République du Centre (Jacques Camus)  : "C'est peu dire que Jean-Luc Mélenchon a connu hier son jour de gloire, même s'il réfute avec véhémence, et une certaine coquetterie, tout culte de la personnalité…Il a réussi hier, dans son appel au peuple, à transformer la place de la Bastille en place rouge tapissée d'oriflammes…La question, en tout cas, a de quoi inquiéter au PS où, à force de parler de +vraie gauche+, Mélenchon discrédite la gauche gestionnaire de François Hollande. Au risque de l'affaiblir dans les sondages. Ce dernier n'ose pas encore s'en plaindre, afin de ne pas insulter l'avenir, mais il appelle prudemment les Français à lui donner un maximum de voix au premier tour. Car si Mélenchon a réussi sa prise de la Bastille, elle est plus dure à avaler pour Hollande."
Le Journal de la Haute-Marne (Patrice Chabanet) : "Assurément, Jean-Luc Mélenchon a réussi son coup. Ils étaient hier plusieurs dizaines de milliers à l'écouter place de la Bastille. Une ferveur populaire en phase avec la progression régulière du candidat du Front de gauche dans les sondages. Même si, officiellement, François Hollande feint d'ignorer cette épine dans le pied, elle ne peut qu'inquiéter le PS et réjouir l'UMP. Au premier tour, elle pourrait favoriser le président sortant en le plaçant en tête. Au second tour, cela pourrait également se compliquer pour le candidat socialiste. Certes, sur le papier, la quasi totalité des voix qui se seront portées sur Jean-Luc Mélenchon iront vers François Hollande. Mais si le Front de gauche engrange plus de 12 ou 13% des voix au premier tour, elles pèseront forcément lourd au second tour et contraindront le représentant du PS à gauchir son discours. L'angle d'attaque rêvé par Nicolas Sarkozy pour remonter le lourd handicap que lui donnent les sondages dans la finale présidentielle. L'intérêt croissant suscité par Jean-Luc Mélenchon ne doit pas être envisagé à la seule aune du prochain scrutin. Il marque aussi une défiance certaine dans l'électorat vis-à-vis de ce que l'on appelle le +système+."
Le Télégramme (Christine Clerc) : (Mélenchon) "a réussi un triple coup : une opération médiatique qui lui permet d'apparaître, le temps d'un dimanche, comme un redoutable adversaire pour un président sortant +candidat du peuple+; un ancrage symbolique dans l'histoire de la Révolution; et enfin la préemption de l'héritage mitterrandien. Dur, pour François Hollande: le candidat socialiste issu, lui, de la +deuxième gauche+ – celle de Jacques Delors et Michel Rocard – n'avait-il pas fait beaucoup d'efforts pour imiter Mitterrand au point de susciter les railleries et pour se placer dans le sillage du candidat de la +France Unie+ (1988) en jouant, face à Sarkozy, l'as des retournements spectaculaires, la +cohérence+, le +calme+ et le +rassemblement+ ? Mais soudain, le temps n'est plus aux pères de famille tranquilles portant cravate bleue…Doit-il (Hollande ndrl) se féliciter du succès de Mélenchon ? Oui, car celui-ci parvient à galvaniser non seulement des militants communistes orphelins, mais des jeunes qui n'iraient pas voter sans lui. C'est un atout si l'homme à la cravate rouge, soucieux de faire oublier sa méchante plaisanterie sur le +capitaine de pédalo+, les amène à voter Hollande au second tour, comme il l'a juré à Marine Le Pen…Mais cela n'empêche pas l'inquiétude qui amène le candidat socialiste à appeler au +vote utile+ et qui pourrait le pousser à +gauchir+ ses propositions… au risque de laisser un espace au centre à Sarkozy. Entre les deux options, Hollande va devoir jouer finement. Il est assez habile pour cela."
► Sud-Ouest (Bruno Dive) : "Jean-Luc Mélenchon a réussi son pari, qui n'était pas sans culot. Réinventer la manifestation de rue en guise de meeting de campagne, il fallait oser ! Déplacer plusieurs dizaines de milliers de personnes sous la pluie, autant, voire plus, que dans les halls abrités de Villepinte il y a huit jours, il fallait le faire ! Le ci-devant sénateur reconverti en tribun du peuple confirme ainsi qu'il est en train de bousculer la campagne. Il est le seul à avoir régulièrement progressé depuis plusieurs semaines…Après Chevènement en 2002, puis Bayrou en 2007, Mélenchon s'impose comme le chamboule-tout de 2012. Les communistes n'en reviennent pas de revivre leurs heures glorieuses à travers un autre ; les socialistes commencent à s'inquiéter. Et Marine Le Pen a perdu face à lui un peu de son bagout et beaucoup de sa superbe. La question est moins de savoir qui cette ascension de Mélenchon gêne le plus que ce qu'elle signifie. Sans doute embarrasse- t-elle François Hollande au premier tour en le privant de son avance sur Nicolas Sarkozy. Mais elle ne change rien pour le second tour puisque les électeurs du Front de gauche se reporteront sur le candidat socialiste. Elle pourrait en revanche bouleverser la donne pour la suite car elle créera, si elle se confirme, un nouveau rapport de forces dans une majorité de gauche. Elle rendra plus difficile un hypothétique ralliement de François Bayrou, obligera François Hollande à nommer un(e) Premier ministre plus marqué(e) à gauche et imposera après les législatives la présence de ministres communistes. Ce n'est pas (encore) la révolution, mais c'est déjà une révolte que traduit cette ascension de Jean-Luc Mélenchon. Révolte d'une grande partie de la population face aux inégalités croissantes, face aux plans d'austérité et aux plans sociaux. Révolte face aux dérives du capitalisme financier, qui ont provoqué une crise sans précédent dont les responsables n'ont tiré aucune leçon. Révolte, pour l'heure pacifique, dont Nicolas Sarkozy comme François Hollande feraient bien de tenir le plus grand compte."
La Nouvelle République du Centre ouest (Hervé Cannet) : "Enterré Villepinte, dépassé le Bourget ! Avec, disons 100.000 personnes envahissant la place de la Bastille, Jean-Luc Mélenchon a fait mieux, beaucoup mieux que gagner son pari. Outre que dans ses bagages de tribun, il apporte au Parti communiste un regain inattendu de virginité, il s'installe allégrement dans le rôle d'un empêcheur de gagner en rond.  Discours très court, mais discours radical dont on aurait dit – dans l'Ancien Régime ? – qu'il était destiné à effrayer le bourgeois. S'il s'agit d'une mise en scène stratégique destinée à peser sur le rapport futur entre gauche de gouvernement et ultra-gauche, elle a manifestement dépassé les espoirs de ses organisateurs. Jean-Luc Mélenchon se retrouve désormais comptable d'une énergie populaire puissante qu'il pourra, le moment venu, monnayer au prix fort."
► L'Alsace (André Schlecht)  : "Force est de constater la réussite de cette mobilisation pour la +reprise+ de la Bastille…En s'adressant au +Génie de la Bastille qui culmines sur cette place+, le candidat du Front de gauche a coulé un soupçon de mystère dans la clarté des Lumières. Esprit de laïcité, es-tu là ? Il y avait d'ailleurs des formes cultuelles dans la manifestation, dont les bannières écarlates et les poings levés s'efforçaient de perpétuer ou ressusciter les formes des mouvements révolutionnaires du siècle passé. Ce qui est tradition pour les uns, est qualifié de ringardisme par d'autres. Mais si le rassemblement du Front de gauche a réussi, au moins arithmétiquement – ou saura dans 34 jours s'il a été politiquement fructueux – c'est aussi parce que, dans le peuple, beaucoup se sentent exclus. Ni révolution, ni même révolte, la marée humaine autour de la Colonne de Juillet n'a pas été non plus la reprise d'une place forte, mais celle de la parole. Nicolas Sarkozy lui-même a estimé récemment qu'il fallait +rendre+ la parole au peuple. C'est donc que quelqu'un la lui a ravie au cours de son quinquennat".

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