Nouvelle catégorie: la bibliothèque! De quoi se divertir avec de jolis ouvrages, mais aussi sur petit et grand écrans. Pour la première, on file tout droit au Mexique avec un roman qui sent bon l’eau de rose et des épices venant d’ailleurs. Olé !
Résumé de l’éditeur | Roman-feuilleton où l’on trouvera des recettes, des histoires d’amour et des remèdes de bonne femme. Dans le Mexique du début du siècle, en pleine tempête révolutionnaire, Tita, éperdument éprise de Pedro, brave les interdits pour vivre une impossible passion. A cette intrigue empruntée à la littérature sentimentale, Laura Esquivel mêle des recettes de cuisine. Car Tita possède d’étranges talents culinaires : ses cailles aux pétales de roses ont un effet aphrodisiaque, ses gâteaux, un pouvoir destructeur.
Avis sur le roman | ☆ A l’image d’une telenovela, Chocolat Amer saura plaire aux plus fleurs bleues d’entre nous. L’intrigue plantée dès les premières pages – l’amour défendu entre Tita et Pedro – laissera place à un suspens latent qui ne se dissipera qu’à la toute fin.
Si au premier abord, l’histoire peut sembler un peu mièvre, L. Esquivel étonne dans sa manière d’écrire. Toutes les pages s’articulent autour de la déferlante de sentiments vécus par chaque protagoniste, sur fond de cuisine. Les chapitres correspondent à chaque mois d’une année, et commencent toutes par une recette de plats mexicains. Une idée assez originale, qui nous fait découvrir des mots chatoyants et des saveurs nouvelles au gré de notre lecture. La frustration des amants va d’ailleurs passer à travers la cuisine, avec d’étonnantes scènes « culino-sensuels ».
Chocolat amer aborde également des sujets plus grave dissimulés entre les lignes. La cruauté et la violence de la révolution mexicaine, période à laquelle se déroule l’histoire mais aussi celle de Mama Elena envers Tita. Une grande place est également accordée aux valeurs liées à la tradition. La dualité entre Mama Elena et Tita reflète, sous certains aspects, la situation à laquelle était confrontée la population mexicaine avec d’un côté ceux qui avaient le pouvoir (représenté par la mère), et de l’autre les oppressés, sans liberté de parole (représenté par la fille cadette). Roman sentimental, mais pas que. Il pourrait également être classé dans l’univers fantastique puisque magie et envoûtement flottent dans les airs…
Chocolat Amer s’est vendu à des milliers d’exemplaires à travers le monde. Vous vous doutez bien que ce n’est pas sans raison. Passé outre le côté nian-nian et mélodramatique de certains passages, j’ai aimé ce mélange à mi-chemin entre roman et bouquin de cuisine. Le livre est accessible et se lit très facilement. Il m’aura fallu 3 petites nuits pour le terminer. Préférez la version originale (en espagnol) qui est nettement meilleure, les mots chantent au creux de l’oreille. Par contre, j’ai été déçu par la version française: un peu comme une chanson anglaise qui est traduite, ce n’est plus pareil… Le soufflé retombe immédiatement et le roman perd de son charme.
Avis sur le film | Le roman de L. Esquivel a également fait l’objet d’une adaptation cinématographique par Alfonso Arau en 1992. Le film reste fidèle à l’oeuvre originale puisque celui-ci a été réalisé par le mari de l’auteur, et sous la direction de cette dernière. Sur certaines scènes, les dialogues sont au mot près ceux du livre. Si vous aimez les telenovelas et les images vieillottes, vous passerez sans doute un bon moment. Pour les autres vous pouvez vous abstenir: le film a mal vieilli et est loin d’être mémorable, le roman se suffit à lui-même.
Extrait du roman | »Elle courut chercher l’énorme couvre-lit tissé pendant ses nuits de solitude et d’insomnie et le tira sur elle (…). Elle prit la boîte d’allumettes offerte par John dans le tiroir de sa table de nuit. Son corps avait besoin de phosphore. Elle commença à manger les allumettes une par une. Tout en mastiquant, elle fermait ses yeux très fort et s’efforçait de retrouver ses souvenirs les plus émouvants avec Pedro. Le premier regard échangé, le premier frôlement de leurs mains, le premier bouquet de roses, le premier baiser, la première caresse, la première relation intime. Et elle parvint à sa fins. Lorsque le phosphore entrant en contact, dans sa bouche, avec cette image lumineuse, il prenait feu. »
Chocolat amer, Laura Esquivel - 247 pages, Folio 4866.
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