Connaitre les bases pour bien débuter en photographie numérique, ou s’y perfectionner (pour ceux qui n’ont jamais vraiment chercher à comprendre le fonctionnement de leur appareil), tel est l’objectif de ces premiers billets techniques. Je vais donc vous présenter les techniques fondamentales à la bonne prise en main de votre appareil photos et donc à la bonne réussite de vos clichés.
Aujourd’hui nous allons découvrir ensemble le principe de l’exposition…
1. Théorie de l’exposition
Par définition, l’exposition est la quantité totale de lumière atteignant le capteur. Dans l’appareil photo elle est déterminée par la taille de l’ouverture et la vitesse d’obturation. Concrètement, l’appuie sur le déclencheur ouvre l’obturateur (sorte de rideau métallique) et laisse ainsi rentrer la lumière qui vient se « déposer » sur le capteur. On dit qu’elle « expose » le capteur.
Les trois photos suivantes illustrent cette règle : « Plus il y a de lumière à rentrer dans l’objectif, et plus l’image sera claire. A contrario, moins il y a de lumière et plus l’image sera foncée. »
Un reflex laisse le choix d’agir sur l’exposition de trois manières :
- La vitesse = le temps pendant lequel l’obturateur reste ouvert ;
- L’ouverture = le diamètre plus ou moins grand du diaphragme ;
- La sensibilité = la capacité du capteur à enregistrer plus ou moins de lumière à la fois.
2. Pratique
Il faut savoir que différents réglages, différentes configurations (vitesse, ouverture, sensibilité) permettent d’obtenir la même exposition. Le tableau ci-dessous est un exemple simple, prenant en compte les deux variables les plus significatives (le couple vitesse / ouverture).
Sensibilité ISO 100 ISO 100 ISO 100 ISO 100 ISO 100
Ouverture f/16 f/8 f/5.6 f/4 f/2 .8
Vitesse 1/15s 1/30s 1/60s 1/125s 1/250s
Il est également important de préciser que deux photos, exposées de la même façon, peuvent avoir des rendus différents. Par exemple, un sujet en mouvement exposé avec une vitesse de 1/250s et une ouverture de f/2.8 sera net (l’action est figée), alors que le même sujet exposé avec une vitesse de 1/15s et une ouverture de f/16, sera flou (l’action n’est pas figée).
En effet, la vitesse d’obturation et l’ouverture du diaphragme influence, chacun, d’autres paramètres que la seule exposition…
2.1. La vitesse d’obturation
La vitesse d’obturation détermine donc la durée d’exposition du capteur. Elle s’exprime en fraction de secondes. Outre le fait de jouer sur la quantité de lumière à rentrer sur le capteur et rendre la photo plus ou moins claire / sombre, la vitesse permet de contrôler le rendu du mouvement des sujets (le figer ou non).
Avantages Inconvénients Utilisation
Vitesse rapide :1/125s, 1/250s, 1/350s, 1/500s, 1/1000s, 1/2000s, 1/4000s En extérieur et par temps clair, vous aurez des photos nettes dans presque toutes les circonstances. Vous aurez des sujets nets, même si ceux-ci sont en mouvement. Dans un environnement sombre, si vous n’utilisez pas de flash, vous risquez d’avoir des photos sous-exposées. Plus vous choisirez une vitesse rapide, plus vous devrez fermer votre diaphragme pour obtenir une exposition correcte. Photo de sport, portrait, architecture, paysages par temps clair, feux d’artifices, éclairs, et toutes les scènes ou objets que vous voulez figer.
Vitesse lente :Pose B, Pose T, 30 sec, 15s, …, 1 sec, 1/2s, 1/4s, 1/8s, 1/15s, 1/30s, 1/60s Idéal pour réaliser des photos bien exposées même dans l’obscurité. Vous pourrez également construire des images dans lesquelles viendront s’imprimer le mouvement. Il faudra utiliser un trépied. Sans quoi en dessous de 1/15s vos photos seront à 95% floues. En plein jour, si vous souhaitez une grande profondeur de champ, vous ne pourrez pas utiliser des vitesses de plus d’une seconde. Scènes de nuit, feux d’artifices, orages, macrophotographie, filés, flou artistiques et sélectifs, explozoom photo de danse avec mouvement, et toutes les scènes pour lesquels vous souhaitez enregistrer le mouvement.
Vous l’aurez compris, le choix de la vitesse d’obturation est primordial et vous permettra de réaliser tous les types de photos que vous désirez, ainsi que de laisser libre cours à votre imagination.
2.2. Le diaphragme
L’ouverture, nous l’avons vu, est simplement la taille du diamètre du diaphragme qui s’ouvre pour laisser passer la lumière au travers de l’objectif. Mais l’ouverture du diaphragme a aussi une forte incidence sur un autre paramètre important : la profondeur de champs. Pour faire simple, il s’agit de la zone de netteté de l’image. Au-delà de cette zone, l’image devient plus ou moins floue.
Il est important de noter que plus l’ouverture est grande, plus la valeur du « f/ » est petite, plus la lumière à rentrer est importante, et plus la profondeur de champ est réduite, donc la zone de netteté moins importante et plus concentrer sur le point de mise au point. Et vice et versa. C’est une petite mécanique à intégrer, mais qui s’acquière très rapidement.
Avantages Inconvénients Utilisation
Petite ouverture :f5.6, f/6.7, f/8, f/11, f/16, f/22 Vous aurez des photos plus ou moins nettes du premier au dernier plan. Dans un environnement sombre, vous devrez utiliser une vitesse lente pour que l’image soit bien exposée. Pensez au trépied ! Paysages, prise de vue aérienne, photo astronomique, architecture, temps clair, photos de nuit avec trépied, feux d’artifices, éclairs…
Grande ouverture :f1.4, f/1 .8, f/2.8, f/3.5, f4.5 Vous pourrez construire des images avec un arrière-plan flou, même dans un environnement sombre. Seuls les éléments se trouvant sur le même plan de netteté seront nets, tout le reste de l’image sera plus ou moins flou. Portrait, macrophotographie, scènes faiblement éclairées, temps nuageux, scène d’intérieur sans flash.
Je vous propose de jeter un œil attentif sur les tableaux d’indice des expositions suivant. Une cartographie indispensable à la réalisation de photographies parfaitement exposées, que j’ai recueilli dans le livre (que je recommande) « Paysage : photographie numérique avancée » de Carl Heilman II. Cliquez sur les images pour les agrandir !
3. Sur le terrain
3.1. Choisir sa priorité
Ce que vous voulez faire La priorité à choisir Démarche à suivre
Vous souhaitez jouer sur le mouvement Manuel (M) ou Vitesse (S ou TV) - Choisir la vitesse souhaitée- Choisir l’ouverture qui vous permet d’avoir une exposition correcte (uniquement en mode Manuel) – jusqu’à ce que le curseur de la barre d’exposition de votre viseur soit sur zéro.
Vous souhaitez agir sur la profondeur de champs Manuel (M) ou ouverture (A ou AV) - Choisir l’ouverture souhaitée en vous reportant à la règle ci-dessus- Choisir la vitesse vous permettant d’avoir une exposition correcte (uniquement en mode Manuel) – jusqu’à ce que le curseur de la barre d’exposition de votre viseur soit sur zéro.
Si vous vous retrouvez bloqué dans vos réglages, c’est-à-dire si vous ne pouvez plus descendre votre vitesse au risque d’obtenir un flou de bougé, ni ouvrir trop votre diaphragme au risque de perdre en profondeur de champ, pensez au triangle et à la sensibilité. En passant de 100 à 200 iso, vous gagnez déjà 1 stop et de 1/60s, vous pouvez passer à 1/125s. La sensibilité sera l’objet d’un prochain billet détaillé.
3.2. La mesure de la lumière
Pour doser la lumière, il faut d’abord pouvoir la quantifier. C’est ici qu’intervient le posemètre intégré de votre reflex qui offre plusieurs systèmes permettant de mesurer la lumière avec une grande précision. Alors, quel mode choisir ? Mesure matricielle, pondérée ou spot ?
Définition En pratique
Mesure matricielle Mode de mesure mixte, elle évalue un nombre de lectures de différentes parties de l’image. Elle les compare aux valeurs tonales d’une base de données intégrées pour déterminer l’exposition idéale. Simple d’utilisation et confortable au quotidien, elle est efficace pour les scènes éclairées de façon relativement homogène, comme un paysage ou plus généralement, les scènes en extérieur ne présentant pas de grosses variations lumineuses.
Mesure pondérée Elle compare des informations en provenance du cercle central du viseur avec des lectures prises hors de ce dernier. La priorité est donnée à ce cercle, basée sur le fait que le sujet principal s’y trouve, mais équilibré par les lectures faites sur le reste de la scène. Ce mode permet d’obtenir un bon contrôle de l’exposition mais avec un peu de pratique, on s’habitue à prendre la lumière en tenant compte de ce diamètre virtuel prédominant au centre de l’image. Cette mesure peut être utilisée dans une multitude de situation, et notamment le portrait. Elle atteint cependant ses limites en cas de fort contraste entre le sujet et son environnement.
Mesure spot La manière la plus précise de lire la zone isolée d’une image est donné par le spotmètre ou mesure sélective. Ce mode détermine l’exposition d’une zone spécifique au centre du cadre, un moyen efficace d’obtenir l’exposition du monde sauvage à la fourrure clair ou sombre, d’un objet de couleur neutre dans une scène diurne incluant le soleil, ou bien une zone brillamment éclairé la nuit. Beaucoup plus épique, puisqu’une erreur peut vite entrainer une forte sur ou sous-exposition, ce mode présente l’avantage de limiter l’intervention de l’électronique au minimum et de faire appel à votre jugement (dès lors qu’on le maîtrise). Ce mode s’avère particulièrement efficace en cas de contre-jour, pour toutes vos macrophotographies et globalement pour toutes les scènes présentant un contraste élevé.
Focus sur les fonctions AE-L et AF-L : Ces fonctions, disponibles sur un grand nombre d’appareils, permettent de figer la mise au point et la mesure de la lumière. Ainsi, en maintenant le déclencheur à mis course, vous avez la possibilité de mémorisé la mesure de la lumière en maintenant ce bouton enfoncé, et de recadrer la photo comme bon vous semble avant de capturer la scène. En portrait, le couplage de cette fonction avec le mode de mesure « pondérée » ou « spot » est particulièrement imparable.
3.3. Utiliser la fonction « correction d’exposition » de votre appareil
Vous devez savoir que le posemètre de votre appareil photos quel que soit le mode de mesure choisi, calcul toujours l’exposition en fonction d’un gris moyen et plus précisément d’un gris à 18%. Ceci se traduit souvent par des tas de problèmes lorsque le sujet sur lequel vous voulez exposer votre image s’éloigne un peu trop de ce fameux gris moyen. Le premier d’entre eux est, c’est que si vous photographier un mur blanc ou le chat noir de votre voisine en suivant les réglages de votre posemètre intégré, vous courrez le risque de vous retrouver avec un mur gris ou un chat noir. Pour obtenir le bon rendu vous devrez donc surexposer ou sous-exposer l’exposition de votre posemètre. La meilleure solution est de jouer avec la fonction « correction d’exposition » de votre appareil, en montant le curseur, par exemple à +1, (cas du mur) pour rajouter de la lumière et surexposer, ou en baissant le curseur, par exemple à -1, (cas du chat) pour enlever de la lumière et sous-exposer.
Comme vous l’avez constaté, il n’existe pas une exposition mais plusieurs expositions possibles pour chaque scène, à vous de trouver celle qui vous paraît la plus créative…
Le prochain billet technique de la série des fondamentaux traitera de la mise au point. En attendant, si vous avez des questions ?
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble