Magazine High tech

Comment ralentir le déclin de l’imprimerie ?

Publié le 25 mars 2012 par Ydeternay @YdeTernay

Chaque industrie connaît un modèle de cycle de vie qui commence par une phase d’émergence, suivie d’une phase de croissance puis de maturité avant de finir ou de « mourir » après une phase de déclin plus ou moins longue (Figure 1). L’industrie graphique n’échappe pas à ce modèle.  

Diapositive1

Figure 1

Aujourd’hui, le consensus général est de positionner ce secteur plutôt dans la phase de déclin même si certains segments et niches spécifiques à l’imprimerie connaissent encore une phase de croissance. L’indication sur les années et le positionnement de chacune des périodes présentées sur la figure 2 sont bien entendu discutables, mais beaucoup s’accorde à dire que l’imprimerie a quitté sa phase de maturité dans les années 2000 pour aborder à présent ses premiers signes de déclin :

  • Le nombre d’imprimeries françaises ne cesse de baisser. Environ 6 000 imprimeries de labeur durant l’année 2000, elles ne sont plus qu’aujourd’hui 4 000 entreprises soit une baisse d’environ 34% depuis le début de ces années 2000.
  • Une baisse significative également des volumes imprimés, un volume estimé à 3 250 000 tonnes en 2000, aujourd’hui il se situe autour de 2 250 000 tonnes soit une baisse d’environ 30%[1].

Diapositive2

Figure 2

La diminution du rythme de l’activité a été, cela s’entend, plus ou moins importante en fonction des années, moins flagrante  durant les « bonnes » années économiques, rapide lors des années de récession comme celles des dernières années 2007-2009 qui ont entrainé une augmentation des liquidations et des faillites – peut être à son plus haut niveau depuis les années 90.

Qu’est ce qui caractérise une phase de déclin ?

Une intensité concurrentielle extrême, en particulier lorsque des barrières à la sortie élevées poussent les derniers acteurs vers une lutte sans merci pour attirer les derniers clients. L’évolution de l’indice de prix à la production pour le marché français corrobore cette  caractéristique, fixé à 100 pour l’année 2005, l’indice de prix est évalué à 90,2 en 2010 (Source INSEE). Cette baisse est d’autant plus sévère que le coût des matières premières et des consommables (papiers, encres, etc.) augmente, ce qui a pour effet de fragiliser davantage ce secteur où les marges se réduisent et la trésorerie se retrouve très souvent sous tension.

Une concurrence accrue entre les imprimeurs de différentes tailles et de différents pays. On observe par exemple qu’en France depuis 2000, les exportations de produits imprimés français ne cessent de diminuer alors que les importations sont en constante augmentation.

Diapositive3

Figure 3

Perturbations dans la fabrication, la commercialisation et la distribution des impressions

D’autres signes indicateurs sur la maturité puis le déclin d’une industrie sont les éventuelles perturbations qui se produisent au sein de la logistique et/ou la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise du secteur concerné. Concernant l’imprimerie, elle a connu et connaît certainement sa part de perturbations (Figure 3) :

  • Déplacement de la technologie offset vers la technologie numérique, toner puis jet d'encre.
  • Migration de l’activité principale d’imprimer vers d’autres offres de services : numérisation, structuration de contenu, logistique, …
  • Disparition de produits imprimés en faveur de diffusion dématérialisée via Internet, iPad, etc.
  • Retards dans les pratiques de management, dans l’élaboration de nouveaux indicateurs, dans l’offre de nouvelles formations, …
  • Difficultés à inventer de nouveaux produits, services, ….

Diapositive4

Figure 4

Le cycle de vie des produits imprimés

Un autre point vue sur les cycles de vie est celui donné sur les produits fabriqués par l’industrie étudiée. Concernant les produits « imprimés », classés par catégories, nous trouvons des produits qui connaissent toujours une phase de croissance comme les produits d’emballage, les étiquettes, d’autres une stabilité par exemple le direct mail, d’autres qui aborde une descente comme le livre, les périodiques et les catalogues pour finir par la disparition de produits imprimés comme des titres de journaux ou les annuaires remplacés par des versions en ligne  (Figure 4).

Les pistes d'action

Attention, un modèle du cycle de vie n’est cependant pas systématique et en aucun cas prédictif : il est impossible de prédire combien de temps durera chacune des phases, en l’occurrence la phase de déclin que connaît actuellement le secteur de l’imprimerie : 5 ans, 10 ans, 100 ans, personne ne le sait. C’est pourquoi il n’est pas inutile voir absurde de vouloir ralentir la pente de ce déclin très souvent annoncé dans la presse.

Le cabinet Ernst & Young propose par exemple plusieurs lignes d’actions suite aux résultats de son étude[2] sur la compétitivité des industries graphiques françaises et européennes parmi elles, on retiendra :

  • le développement de centres de services partagés pour les imprimeurs afin de mutualiser certaines fonctions support et réduire les coûts,
  • la mise en œuvre de groupements d’achats et de regroupement d’imprimeurs, exploitant des technologies différentes (à l’image des réseaux d’imprimeurs comme ImpriFrance ou ImpriClub),
  • l’accompagnement des professionnels dans une démarche marketing,
  • la formation des imprimeurs aux solutions multi-canal,
  • l’investissement dans des compétences et outils numériques complémentaires de leurs savoir-faire traditionnels,

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ydeternay 35149 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog