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Règlement de comptes à Octet Corral

Publié le 27 mars 2012 par Hongkongfoufou

Par Hong Kong Fou-Fou

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Ce n'est pas toujours facile d'aller à contre-courant. Tenez, comment vous parler des ordinateurs d'antan, quand l'article correspondant est écrit sur un ordinateur 1000 fois plus petit, 1000 fois plus léger mais 1000 fois plus puissant qu'eux ?

J'aime beaucoup mon Mac, remarquez. Je le surnomme "Pimp". J'aime beaucoup les romans d'Iceberg Slim, aussi.

Mais comme pour tout le reste, mon credo c'est "Avant, c'était mieux" - je fais bien attention à l'ordre des mots, je ne voudrais pas passer pour un fan de Cabrel -. Avant, les ordinateurs n'étaient pas dangereux. Il leur fallait l'après-midi pour additionner deux chiffres, le commun des mortels trouvait ça extraordinaire mais ne voyait vraiment pas à quoi ça pourrait bien servir. Il y en a quand même un, d'ordinateur, qui aurait dû nous mettre la puce (en silicium ?) à l'oreille : Hal, non pas Capone, mais 9000. Celui de "2001, l'odyssée de l'espace". Aujourd'hui, ses rejetons sont devenus surpuissants et omniprésents, ils nous fabriquent des réalités virtuelles dans lesquelles viennent se perdre les esprits les plus faibles. Forcément, qui n'aurait pas envie d'endosser l'armure étincelante de Zarton l'Invincible le soir en rentrant à la maison, après avoir subi toute la journée les brimades du chef de rayon ? Qui n'aurait pas envie, après avoir sans succès essayé pendant 6 mois de jouer "Jeux interdits" à la guitare, de devenir David Guetta en samplant la musique de la dernière pub de yaourt allégé ? Derrière un écran, on peut devenir ce que l'on désire : un séducteur irrésistible, un héros musclé, un génie du mal ou le rédac' chef d'un magazine électronique désuet. Mais j'ai peur qu'à la longue, cette accumulation de bits nous transforme en têtes de noeud.

Moi j'aime bien les ordinateurs qu'on voit dans les films d'espionnage des années 60. Après moult clignotements de diodes et cliquettements d'engrenages, ils livrent le nom du traître à la solde du communisme sur une carte perforée, devant une assistance fébrile généralement composée du savant en blouse blanche qui a conçu le calculateur (et qui n'est pas peu fier, le bougre), de sa jeune et charmante assistante (qui le bade, pleine d'admiration) et de l'agent à la mâchoire carrée (qui ne comprend rien à la technologie et qui attend patiemment de savoir qui il doit aller trucider en jetant des oeillades à ladite assistante).

Dans l'épisode du Prisonnier "Le Général", le N°6 confronte son esprit acéré à celui d'un ordinateur. Comme j'ai revu l'épisode hier, je vous livre un extrait d'un dialogue entre deux sacrés numéros, le N°6 et le N°2. Mais on pourrait aisément remplacer le N°2 par le patron de Google ou d'Apple.

N°2 : Voici l'oeuvre du Professeur ! C'est lui qui l'a mise au monde et il éprouve pour elle un amour passionné... Mais, probablement une haine encore plus grande... (...) Grâce à lui, plus de temps perdu à l'école. Plus de leçons fastidieuses à apprendre par coeur ! A la place, un cours brillamment conçu, transmis par un professeur de premier ordre, appris d'une façon subliminale, vérifié et corrigé par une autorité infaillible... Et qui nous donne quoi ?

N°6 : Un troupeau de bêtes !

N°2 : Oui, c'est exact. Mais des bêtes riches de connaissances.

N°6 : Mais quel genre de connaissances ?

N°2 : Jusqu'à présent l'histoire du passé... Mais nous allons sous peu faire la nôtre...

N°6 : Hitler aurait dû l'utiliser !

Le Prisonnier viendra à bout de l'ordinateur en lui posant une question à laquelle il ne peut répondre, "Quoi ?" La pauvre machine y laissera ses circuits. Parce qu'il ne faut pas l'oublier, un ordinateur restera à jamais un crétin qui sait compter vite et bien. Mais pour l'émotion et la réflexion, il repassera. Même les futurs ordinateurs quantiques, qui d'après les spécialistes atteindront des capacités de calcul phénoménales, et qui se baseront sur l'élément d'information élémentaire encore plus élémentaire que le bit, le qubit. Le qubit ? De rouge ou de rosé ? Ahah, voilà quelque chose que l'ordinateur ne nous enlèvera jamais : l'humour (même douteux). Désolé mais aux ordinateurs quantiques, je préfère les ordinateurs antiques.

Puisque que l'on parle d'antique et de quantique, savez-vous que l'origine du mot "ordinateur" est divine ? C'est un prof de la Sorbonne qui l'a suggéré aux pontes d'IBM France en 1955, et ça signifie en gros "Dieu qui met de l'ordre dans le monde". Terme tristement prémonitoire, puisque de nos jours on ne sait plus rien faire sans ordinateur. Y a qu'à voir la tête des collègues au boulot quand "ça plante" ou que "ça rame". Ils n'ont qu'à faire une partie de morpion sur un bout de papier, en attendant de retrouver leur Démineur.

Alors, avant qu'on se retrouve tous avec un microordinateur implanté dans l'avant-bras, je vous invite à un saut dans le temps de quelques décennies en arrière, à une époque où un ordinateur ne serait rentré dans votre salon que si vous aviez sacrifié le canapé, la table et le buffet. En fait, pour avoir un ordinateur chez soi, il fallait habiter dans l'ordinateur. Voici quelques photos prises dans les 60s et les 70s, témoins de la lente évolution de ces envahissantes mais incontournables machines. Après tout, la ROM ne s'est pas faite en un jour...

PS : Afin de rester en cohérence avec le thème de cet article, je vous serais reconnaissant de ne pas le lire sur un écran.

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Vous vous rappelez de 3615 Ulla ?

 

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Au bonheur des RAM

 

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Avant, les informaticiens portaient des lunettes, des fringues ringardes et avaient les cheveux filasses et/ou gras. Tiens, enfin quelque chose qui n'a pas changé...

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Ah mais avant, ils portaient aussi des rouflaquettes...

(Sur la photo du bas, ne vous méprenez pas : il s'agit bien d'un informaticien, et non du gars de la cantine qui range les assiettes sales dans le lave-vaisselle)


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