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Le lanceur de couteaux de Steven MILLHAUSER

Par Lecturissime

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« A l’orée du merveilleux »

L’auteur :

Steven Millhauser est un nouvelliste et romancier américain. Son écriture poétique, explorant les frontières entre rêve et réalité, lui a valu à plusieurs reprises les louanges de la critique. Ainsi, il obtient le prix Médicis étranger en 1975 pour 'La Vie trop brève d'Edwin Mulhouse' et le Prix Pullitzer en 1997 pour 'Martin Dressler ou Le roman d'un rêveur américain'. Son univers merveilleux teinté de fantastique est souvent comparé à celui de Franz Kafka, Thomas Mann, Edgar Poe ou encore à celui d'Italo Calvino. Il vit aujourd'hui à Saratoga Springs (État de New York) et enseigne l'anglais au Skidmore College.

L’histoire :

Un lanceur de couteaux transgressant les limites de son art, un homme marié à une grenouille, un enfant virtuose du tapis volant…

Dans ces douze nouvelles mêlant la fable métaphysique et le récit d’aventure, l’auteur de Nuit enchantée entraîne le lecteur dans une visite fascinante et dérangeante de notre quotidien et de notre imaginaire. On retrouve ici ses thèmes favoris : l’artiste dévoré par son oeuvre pour avoir recherché la perfection ; l’enfance de plain-pied avec le surnaturel, le monde de la nuit et du songe ; le rêve américain, sa promesse du « tout est possible », ses échecs cruels ; l’irrésistible et dangereux attrait d’un envers du réel, un monde de ténèbres accessible aux seuls audacieux.


L’écriture est comme toujours magistrale : acérée, précise et poétique à la fois, d’une grande musicalité. Avec son univers très particulier où réalité et imaginaire s’interpénètrent et se confondent, Millhauser demeure un virtuose du rêve éveillé. (Présentation de l’éditeur)

Ce que j’ai aimé :

Steven Millhauser nous entraîne dans un univers nimbé d’une lumière oscillant entre chien et loup, à cette heure improbable où les limites se brouillent et où les esprits se perdent dans des limbes mystérieux. A ce moment-là, les femmes parfaites se transforment en grenouille, les enfants jouent sur des tapis volants, des nymphes apparaissent, des sociétés secrètes s’organisent, les contours entre vérité et illusion se brouillent pour laisser la place à un monde étrange et étranger. Les nouvelles sont comme en suspens dans l’air et dans la littérature, et doucement, elles mènent vers des réflexions fondamentales sur le monde réel qui nous inonde et nous empêche bien souvent de nous arrêter pour faire le point sur notre vision de l’univers.

« Je suggère que les filles se rassemblent la nuit non pas pour observer quelque rite banal et titillant, procéder clandestinement à un acte qu’il serait aisé de mettre au jour, mais dans le simple but de se retirer du monde et de jouir du silence. Les membres de cette société désirent être inaccessibles. Elles désirent éviter notre regard, se soustraire aux investigations – elles désirent, par-dessus-tout, qu’on ne sache pas qui elles sont. Dans un monde que la compréhension rend étouffant, où pèsent les explications, les intuitions et l’amour, les membres de cette société du silence ressentent une ardente envie d’échapper à toute définition, de demeurer mystérieuses et insaisissables. » (p. 72)

Servies par un style serti, ces nouvelles rompent avec les textes traditionnels et élèvent notre âme vers des régions insoupçonnées…

« Alors que nous pressons le pas sur le trottoir, nous éprouvons la sensation absurde d’avoir à l’instant même pénétré dans un autre rayon encore, composé d’un ingénieux simulacre de rues extrêmement ressemblantes, où jouent artistement les ombres et les reflets – que nous sommes en route pour un recoin lointain de ce même rayon – que nous sommes éternellement condamnés à traverser à la hâte ces halls artificiels, tout illuminés par cette lumière de fin d’après-midi, à la recherche d’une issue. » (p. 190)

Ce que j’ai moins aimé :

Les nouvelles descriptives sur le grand magasin ou le parc d’attractions.

Premières phrases :

« Lorsque nous apprîmes que Hensch, le lanceur de couteaux, s’arrêterait dans notre ville pour une unique représentation le samedi soir à huit heures, nous fûmes pris d’hésitation, incertains de nos sentiments. »

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 Sur les jantes de Thomas MCGUANE 

Merci aux Editions Albin Michel pour cette belle découverte.

Le lanceur de couteaux et autres nouvelles, Steven Millhauser, traduit de l’anglais (EU) par Marc Chénetier, Albin Michel, 2012, 304 p., 22 euros


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