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ATL : Enter the Zone 6

Publié le 02 avril 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Atlanta : son coca, son Martin Luther King, ses banlieues. Et plus particulièrement celle qui nous intéresse, la fameuse Zone 6. On va pas vous refaire le speech du rap US partagé entre East et West Coast, vous avez compris que tout ca c’est dépassé depuis Pac et Biggie. Maintenant c’est le Midwest et le Sale Sud qui runent le game. Fact.
D’Outkast à Soulja Boy, de Usher à Ludacris, c’est pleins de rappeurs dans pleins de styles qui sont issus de la capitale georgienne (no Tbilissi). Mais le rap à Atlanta, c’est d’abord un style crée et développé dans les rues les plus sales de la ville. Rassurez vous on ne parle pas du Crunk mais bien de la Trap Music, musique piège inspirée du verbe To Trap, Trap, Trappin, soit écouler de la marchandise, quelle qu’elle soit mais le plus souvent blanche et qui ressemble à de la neige.
Cette musique dérivée du Gangsta Rap est basée sur des instrus minimalistes et répétitifs sur lesquels sont scandés des paroles souvent menaçantes et  prend ses lettres de noblesses grâce à des artistes comme Young Jeezy (Let’s Get it : Thug Motivation 101) ou T.I. (Trap Muzik). Mais désormais, les actualités les plus chaudes de style n’émanent quasiment plus que de la Zone 6, un des quartiers les plus pourris d’ATL et lieu de naissance de pas mal de rappeurs/trappeurs (no Davy Crockett).
Tu le sais, WTFRU est toujours présent pour faire la lumière sur des genres méconnus du grand public. On revient donc sur trois des meilleures tapes de ce début d’année, toutes ayant le label Zone 6tatoué dans l’épiderme. Un avertissement cependant, on parle ici d’une musique primaire et brutale, faisant appel aux instincts les plus bas de l’être humain. Oreilles sensibles s’abstenir, puritains du peura, passez votre chemin. Les autres, posez votre cerveau et faites tourner ces merdes en boucle.

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.Gucci Mane – Trap Back

ATL : Enter the Zone 6

On commence avec un des patrons du style, un homme à la personnalité multiple, qu’il est difficile de présenter en quelques lignes. On l’aime ou on le déteste, mais ici on a choisi notre camp depuis longtemps. A genoux devant Mr Zone 6 aka Gucci Mane.
Après avoir régné sur le genre pendant plusieurs années, avec des cassettes de très très haut niveau (Chicken Talk, The BurrPrint, Mr Zone 6…), Gucci a connu une petite baisse de régime ces derniers temps. Ses tentatives d’immersion dans le rap commercial ont été infructueuses et c’est désormais son collègue Waka Flocka Flame qui fait péter les scores avec des singles que les DJ de clubs s’arrachent. Du coup, fini ces conneries radiophoniques, Gucci passe le plus gros de son année 2011 derrière les barreaux, trouve le temps de sortir quatre discs et de se faire tatouer un cornet de glace sur la joue (So Icy). C’est la fin de ses ambitions grand public et le début d’une renaissance.
Plus productif qu’un chinois, Gucci aborde 2012 sous les meilleurs hospices avec une tape dont le titre annonce clairement la couleur : TRAP BACK. Retour aux sources pour Guce, qui entame le disc en citant Big Meech et en posant sur la BO du Parrain. Le message est clair, le boss est de retour et il a mis de l’ordre dans ses affaires. Le début de la tape est un feu d’artifice. On retrouve la gouaille du MC prêt à en découdre, portée par des prods ultra efficaces, notamment d’un Mike Will au top depuis un petit moment. Et puis ce Get it back avec 2 Chainz (lui on attend son album pour mieux vous en parler). En mode TETRIS MUSIC, on retrouve le style décalé et cartoonesque de Gucci, la distance entre le personnage et son discours. Et c’est ca qu’on aime.
Tous les morceaux ne sont pas indispensables mais cette tape reste plus que prometteuse. Cerise sur le gâteau on a le droit comme souvent à une collaboration avec le producteur Drumma Boy, connexion maintes fois entendue et rarement décevante. L’alchimie est la, Thank You les mecs.
On attend la suite pour notre boy Gucci, qui ne devrait pas tarder à envoyer la nouvelle fournée. Ce Trap Back le met clairement sur de bons rails et on le voit mal se louper pour la suite.

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.Future – Astronaut Status

ATL : Enter the Zone 6

Si le statut de King of Zone 6 n’est plus si évident pour Gucci, c’est que la relève ne l’a pas attendu pour monter au charbon. En première ligne, le jeune Future. Tu l’as compris Future, c’est l’avenir (#Wordplay). Malin, Gucci qui n’a pas besoin d’un nouveau rival prend le jeune prodige sous son aile et ils sortent même un album ensemble. En plus, il est super bien !
Il faut dire qu’avec une entrée en matière comme celle de Future, il était dur de passer à côté de son potentiel. Ultra Banger à la gloire du cubain le plus célèbre du monde après Fidel. Voix de fonsdar et instru qui fout le bordel dans tes synapses. Violence.
http://www.youtube.com/watch?v=CNdySYdVe0E&ob=av2n
Cette année, c’est plus qu’une confirmation que nous offre Future. Son Astronaut Status est un OVNI, quelque chose de rare où le rappeur développe une nouvelle façon de poser, avec des refrains complètements barrés, à moitié chantés à moitié Vocodés, comme si le MC avait un couteau planté en permanence dans les entrailles et qui nous emmènent très loin à chaque fois. Oui ces mecs la sont torturés, et c’est aussi pour ca qu’on les kiffe.
Alors voila on va pas mentir, c’est assez compliqué d’expliquer pourquoi Future c’est de la balle et en quoi ce mec est si haut. Encore plus de faire aimer son style à des personnes réticentes à la base. Sans faire les élitistes à deux balles, soit on comprend et on adhère à son univers dés les premières écoutes, soit ça laisse complètement indifférent. Un univers à la fois planant, très perché, un peu comme du rap de l’espace. Ca, on le doit beaucoup aux producteurs, véritables architectes musicaux de cette galette avec en premier lieu Zaytoven, dont la patte est reconnaissable même sur les sons qu’il ne produit pas.
En deux mots, il faut écouter Future. Ne serait-ce que pour pouvoir flamber en soirée et pouvoir annoncer fièrement à ses potes « Les gars, je vais vous faire écouter du rap de 2040 ». Notre conseil : ce morceau.

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.Trouble – 431 Days

ATL : Enter the Zone 6

Dernière tape sur la table d’écoute, sortie tout récemment, 431 Days de Trouble. C’est toujours la Zone 6 mais encore une autre écurie. Ici on parle de Duct Tape Entertainment, la clique menée par Alley Boy, qui excelle dans un rap encore plus violent et terre à terre que celui de leurs camarades d’ATL. Les thèmes récurrents ? Vendre de la poudre, sauter des Bitchiz, tuer des gens. L’intro met d’ailleurs tout de suite dans l’ambiance. Le crew DTE, des types que t’as pas envie d’emmerder.
« I don’t worry, I’m a man who believes that I died 20 years ago, and I live like a man who’s dead already. I have no fear whatsoever of anyone or anything”
Le décor est planté. Trouble est une tête brulée qui ne craint personne, mais qui reste toujours étonnement calme lorsqu’il prend le micro. Mise à part le grand YUUUURD !, gimmick qu’il répète sans cesse, il est rare que Trouble hausse le ton dans ses morceaux. Chez lui la violence coule naturellement, pas besoin d’en rajouter, les lyrics, les accélérations fulgurantes du flow et surtout l’interprétation donnant parfois des frissons sont largement suffisantes pour installer un climat de pression permanente. Trouble, ca rappe grave.
Le résultat est donc très concluant, pour une tape dont on ne skip quasiment aucun morceau (à part peut-être la prod de DJ Toomp, bizarrement très R’N’B. Pourquoiii ?). GO ! et son bête d’instru avec flutiau en prime, Hustle & Ambition avec Gucci Mane, la connexion texane qu’on aime avec Bun B sur Never Understand…Pas grand-chose à jeter en effet. Si on doit faire sortir un morceau, on choisira quand même ATL avec Alley Boy. Parce que c’est un peu le sujet de l’article et aussi parce que le morceau est très bon. Instru fête foraine comme sur les premiers Jeezy ou T.I., rappeurs en forme, ATL 4 Life !

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