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L’écrivain face à l’art…(1)

Publié le 02 avril 2012 par Les Lettres Françaises

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Revue culturelle et littéraire les lettres françaises Utamaro

Utamaro, de-Chantal Kozyreff & Nathalie Vandeperre

Des philosophes, des historiens et surtout des écrivains ont joué un rôle essentiel dans l’aventure de la création artistique de leur temps. Ce fut le cas d’Edmond de Goncourt. Après avoir écrit, avec son frère Jules, les trois volumes sur l’Art du XVIIIe siècle (1859), de nombreux essais sur les artistes de leur temps, des Salons, sans parler des notes accumulées dans leur Journal sur les peintres et les sculpteurs de leur propre collection, il provoque, toujours avec son frère, un coup de tonnerre dans le monde de la création artistique avec la parution du roman Manette Salomon (1867). Après la mort de Jules survenue en 1870, Edmond continue à collectionner des estampes japonaises avec passion (ils avaient commencé à s’y intéresser neuf ans plus tôt) et écrit deux monographies essentielles : Utamaro en 1891 et Hokusaï en 1896. Il serait absurde d’affirmer que les Goncourt ont inventé le japonisme qui a aussi bien influencé Édouard Manet (il n’est que de voir le Portrait d’Émile Zola), Claude Monet qui a constitué une collection superbe à Giverny, la plupart des impressionnistes et Vincent Van Gogh. Mais ils en furent le fer de lance et les propagateurs grâce à l’érudition, mais surtout l’intelligence et la sensibilité des vues d’Edmond. Dans Utamaro, comme dans ses « biographies » des artistes français, il introduit des descriptions très poussées et très singulières d’oeuvres qui suffisent à faire comprendre leur génie. La publication des Maisons vertes chez Hazan permet de se faire une idée précise du style d’Utamaro, de ses sujets de prédilection et du caractère qu’il imprime à ses figures et à ses sujets. Et quand il se tourne vers Hokusaï, qui fait objet d’une publication remarquable de ses oeuvres chez Hazan, il montre de quelle façon il a renouvelé l’art de son pays et le récit de sa longue vie permet de découvrir ces planches qui, d’imitations somptueuses de ses maîtres, se changent en créations éblouissantes une fois passé le cap des cinquante ans. En les considérant comme de grands hommes et en regardant leurs productions comme de magnifiques exemples de l’art universel, Edmond de Goncourt a donné au japonisme ses fondements historiques et théoriques, tout en sachant retrouver sa verve de romancier.

 Gérard Georges Lemaire

Utamaro, de Chantal Kozyreff & Nathalie Vandeperre, Hazan, 160 pages, 38 euros. Hokusaï, de Matthi forrer, Hazan, 576 pages, 80 euros.


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