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4 variations graphiques autour de la lecture par Lacan du Wo es war…

Publié le 10 avril 2012 par Cdsonline

4 variations graphiques autour de la lecture par Lacan du Wo es war…"Cette distinction de fait est la même qui se retrouve de l’alpha de l’inconscient freudien en tant qu’il est séparé par un abîme des fonctions préconscientes, à l'omega du testament de Freud en la 31è de ses Neue VorlesungenWo Es war’ soll Ich werden.
Formule où la structuration signifiante montre assez sa prévalence.
Analysons-la. Contrairement à la forme que ne peut éviter la traduction anglaise : « Where the id was, there the ego shall be », Freud n’a pas dit : das Es, ni das Ich, comme il le fait habituellement pour désigner ces instances où il a ordonné alors depuis dix ans sa nouvelle topique, et ceci, vu la rigueur inflexible de son style, donne à leur emploi dans cette sentence un accent particulier. De toute façon, – sans même avoir à confirmer par la critique interne de l’œuvre de Freud qu’il a bien écrit das Ich und das Es pour maintenir cette distinction fondamentale entre le sujet véritable de l’inconscient et le moi comme constitué en son noyau par une série d’identifications aliénantes, – il apparaît ici que c’est au lieu : Wo, où Es, sujet dépourvu d’aucun das ou autre article objectivant, war, était, c’est d’un lieu d’être qu’il s’agit, et qu’en ce lieu : soll, c’est un devoir au sens moral qui là s’annonce, comme le confirme l’unique phrase qui succède à celle-ci pour clore le chapitre, Ich, je, là dois-je (comme on annonçait : ce suis-je, avant qu’on dise : c’est moi), werden, devenir, c’est-à-dire non pas survenir, ni même advenir, mais venir au jour de ce lieu même en tant qu’il est lieu d’être.
C’est ainsi que nous consentirions, contre les principes d’économie significative qui doivent dominer une traduction, à forcer un peu en français les formes du signifiant pour les aligner au poids que l’allemand reçoit mieux ici d’une signification encore rebelle, et pour cela de nous servir de l’homophonie du es allemand avec l’initiale du mot : sujet. Du même pas en viendrons-nous à une indulgence au moins momentanée pour la traduction première qui fut donnée du mot es par le soi, le ça qui lui fut préféré non sans motif ne nous paraissant pas beaucoup plus adéquat, puisque c’est au das allemand de : was ist das? qu’il répond dans das ist, c’est. Ainsi le c’ élidé qui va apparaître si nous nous en tenons à l’équivalence reçue, nous suggère-t-il la production d’un verbe : s’être, où s’exprimerait le mode de la subjectivité absolue, en tant que Freud l’a proprement découverte dans son excentricité radicale « Là où c’était, peut-on dire, là où s’était, voudrions-nous faire qu’on entendît, c’est mon devoir que je vienne à être. »
Jacques Lacan, Écrits, « La chose freudienne »


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