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Crise de la tomate en Afrique de l'Ouest

Publié le 28 mai 2007 par Basile

Le prix de la tomate continue de flamber sur les marchés du Bénin alors qu’au Burkina-Faso, les producteurs crient à la mévente. Une situation qui révèle, encore une fois, les limites du commerce intra régional au sein de l’espace UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine). Sur tous les marchés de Cotonou et environs, le prix de la tomate connaît depuis quelques jours une flambée inimaginable. A moins de 350 FCfa début mai au marché Dantokpa, le kilo de tomate fraîche tutoie actuellement les 1000 Cfa, un record qui pèse lourd sur le panier de la ménagère.

Pénurie due à la sécheresse

La flambée de la tomate serait notamment liée à une pénurie occasionnée par un déficit de production au Bénin et un repli des importations en provenance de la sous-région.

Essentiellement dépendant de la sous-région, il y a encore quelques années, la production de la tomate au Bénin a connu un regain d’intérêt notamment dans la partie sud du pays, où la production de contre-saison est de plus en plus développée. Les tomates béninoises proviennent à 80% du sud du pays durant la saison pluvieuse. Les lieux de production les plus importants se situent dans la dépression de la Lama (département de l’Atlantique) et sur les plateaux du Mono/Couffo et dans la vallée de l’Ouémé (production de décrue).

Toutefois, la production estimée à près de 150 000 tonnes par an n’arrive pas toujours à combler la demande du marché. Le gap de la demande est essentiellement comblé à partir des importations nigérianes et burkinabè. Malheureusement la longue période de sécheresse qu’a traversé le pays aurait eu raison de la production qui aurait enregistré une chute sensible.

Le contraste avec la sous-région

Quand bien même la tomate béninoise aurait connu une chute de production, le niveau des prix sur les marchés ne s’explique pas. D’autant que dans la sous-région, il est constaté un surcoût de production. Parlant, de surproduction, les producteurs burkinabè vivent actuellement une mévente sans précédent. On parle même d’une crise de la tomate.

Lors d’une conférence de presse tenue, il y a quelques jours à Ouagadougou, la capitale burkinabé, la Confédération Paysanne du Faso a dénoncé le « suicide » collectif dans lequel sont plongés les producteurs de tomate burkinabè du fait de la mévente.

Chaque année, la production connaît une hausse oscillant entre 5 et 10 % du fait de la construction de nombreux barrages hydro-agricoles et la promotion de la petite irrigation. Mais il y a un manque de cohérence entre la politique de production et celle de transformation et de commercialisation. De cette incohérence souffre particulièrement les producteurs et leurs familles qui sont privés de revenus pour honorer des ordonnances médicales et pour assurer la scolarité de leurs enfants, relèvent les producteurs.

La libre circulation des biens serait en cause

Selon la CPF, en dehors du manque de jonction entre la production et la commercialisation, la tomate est surtout victime de l’ineffectivité de la libre circulation des personnes et des biens dans la sous région. Sinon, comment comprendre cette hausse vertigineuse du prix de la tomate à Cotonou dans les principales villes du Bénin alors que dans un pays limitrophe, ce produit est destiné à la poubelle?

Ce faisant, les difficultés du commerce intra-régional ne font que doper les importations des produits agro-alimentaires. Dans le cas de la tomate au Bénin, c’est désormais la course vers la consommation des conserves importées qui reviennent maintenant moins chères.

[Source: Gnona Afangbédji - Crédit photo (cc)°di+mars°]


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