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Le silence intérieur

Publié le 14 mars 2008 par Fr. Adrien

« Qu’est-ce que faire silence en soi ? Je ne sais pas… » Cette question de Jo, suite au précédent billet, me trotte dans la tête depuis vingt-quatre heures. Plusieurs d’entre vous ont répondu, qui plus spirituellement, qui plus pratiquement. Un peu tard, j’ajoute mon grain de sel.

Pour que Dieu puisse parler, il faut se taire. Vous avez raison de le rappeler, Jo. Bien sûr, il n’est pas interdit de lui parler, au contraire ! Mais il y a un temps pour tout ; et sans un temps pour écouter, le dialogue risque vite de tourner au monologue. Mais, comme dans un dialogue, on ne craint rien tant qu’un silence gêné : alors on meuble. Et comme, avec Dieu, le risque du silence complet paraît encore plus grand qu’avec la voisine dans l’ascenseur, on meuble parfois frénétiquement. Dans la prière, le saut vers le silence angoisse (moi le premier), et c’est normal ; mais il faut faire le saut, car c’est justement le saut de la foi : je crois que, si je laisse à Dieu un espace, il le saisira ; que si je l’écoute, il me parlera ; et d’ailleurs que, même quand je ne l’écoute pas, il ne cesse de me parler, et qu’il ne tient qu’à moi de tendre l’oreille.

Mais c’est là que tout se complique. « Il suffit de se taire pour que les pensées nous assaillent », témoigne justement Edith : toutes sortes de distractions intérieures, depuis la bribe de souvenir jusqu’au menu du dîner à préparer, viennent montrer que notre silence extérieur ressemble, à l’intérieur, à un joyeux tintamarre. Beaucoup le découvrent avec surprise quand, pour la première fois, ils cherchent une forme de silence intérieur.

Pour parvenir à calmer toute cette agitation, j’indique quelques pistes simples – qui ne résoudront hélas pas tout. D’abord, quel que soit le temps qu’on veuille offrir à cette prière silencieuse, être au clair : ce temps est pour Dieu, et c’est tout. Quand les choses à faire, les oublis urgents à réparer par exemple, se présenteront, il faudra les inviter tranquillement à revenir plus tard. Trouver une position sans tension (pourquoi pas bien assis sur une chaise, après tout?) est important. Puis dire quelque chose à Dieu, une phrase qui lui indique notre disponibilité, aide à commencer. On disait autrefois : « se mettre en présence de Dieu. »

Mais malgré tout, l’esprit vagabonde. La pensée que Dieu est présent ne suffit pas à l’en empêcher. On peut alors fixer son attention par quelque chose : un verset de la Bible, ou mieux encore un simple mot, un nom de Dieu (« Jésus », « Seigneur », que sais-je ?), que l’on répètera au rythme de la respiration. Un mot, toujours le même, auquel on donnera d’exprimer sa présence à Dieu. Cela n’empêchera sans doute pas les distractions de revenir ; mais, quand on s’en est aperçu, inutile de s’attarder sur ces distractions, de chercher d’où elles viennent, d’en demander pardon à Dieu… car c’est encore de la distraction ! Il ne faut que revenir doucement à son point d'attention, sans plus se soucier de sa distraction, pour retrouver sans peine le silence intérieur que l’on recherche.

Ce billet est, pour le sujet, trop long ou trop bref ; et surtout, je vois bien qu’il est assez personnel. Il ne prétend pas indiquer le seul chemin pour parvenir au silence intérieur ! C’est, très résumé, celui que j’essaie d’emprunter, mais il en est bien d’autres… Heureusement !


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